Carole Delga (PS) a été largement réélue en Occitanie.
©LIONEL BONAVENTURE/AFP
Politique

Régionales : abstention, échec du RN et "plafond vert" à gauche

Au lendemain du second tour des régionales, marqué par une large abstention des électeurs, la carte de France des présidents de régions reste presque inchangée. La droite sort victorieuse, le Rassemblement National est tenu en échec tout comme la majorité présidentielle et côté gauche, l'union des différents partis n'a pas profité aux Verts, qui peine à faire le poids face à l'ancrage du PS. 

Le second tour des régionales a confirmé dimanche une abstention massive et la prime donnée par les électeurs aux sortants LR et PS, mais marque aussi l'échec du RN à emporter une région, y compris Paca, sa meilleure chance à dix mois de la présidentielle. En effet, malgré les appels au vote répétés de la classe politique, deux électeurs sur trois ont encore boudé les urnes pour une abstention record, autour de 66 %, un chiffre quasi identique au premier tour.

Un "plafond vert" pour l'union PS et écologistes

A gauche, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a estimé qu'"un plafond vert" existait quand le PS et les écologistes se rassemblent. Pour lui, "les socialistes sont plus crédibles pour conduire ces rassemblements" : "La réalité c'est que quand l'accord se réalise, il y a un plafond de verre, ou même un plafond vert", a jugé Olivier Faure au vu des résultats de dimanche soir. Exemple, quand les socialistes "conduisent les listes de rassemblement, en Centre-Val de Loire, et en Bourgogne-Franche Comté, on monte, on crée une dynamique". Contrairement à celles tenues par les Verts, "malheureusement, ça ne performe pas". Même si le rassemblement est "nécessaire", EELV fait face à "une addition de forces qui ne suffit pas à l'emporter". "Les écologistes qui ont voulu faire des régionales une primaire de la gauche doivent se rendre à l'évidence" : le PS est "incontestablement la force qui a le plus grand maillage territorial", a insisté le premier secrétaire du parti. 

A EELV de se ranger derrière les socialistes ?

Au PS donc, la "responsabilité de rassembler l'ensemble de la gauche et des écologistes" pour 2022. Un avis que ne partage pas le député européen EELV, David Cormand. "En France comme ailleurs la matrice sociale démocrate s'est effondrée ou s'effondre, c'est pas cette matrice là qui refera retourner les gens aux urnes", a-t-il affirmé sur France Inter. "J'ai toujours défendu l'affirmation de l'écologie (...) c'est ça la force propulsive quand on n'est pas de droite au XXIe siècle". Pour lui, "le PS a perdu en centralité sur le fond, et (...) en centralité politique, en capacité de rassembler". 

Pour preuve, les bons résultats des écolos lors des municipales l'an passé : "C'est un rôle qui désormais nous incombe, car quand les écologistes étaient devant, ils ont quasiment dans toutes les situations su rassembler", assure-t-il, fustigeant "l'attitude du parti socialiste qui s'est montré très inamical dans les régions où il était sortant", refusant "de fusionner avec nous dans plusieurs régions". Il rappelle également qu'en 2015, "la gauche s'est pris une tatane" et "avait perdu beaucoup de régions. Donc le fait de ne pas en reconquérir, ce coup-ci, c'est compliqué de qualifier ça de victoire". 

Mais dans la lignée du premier tour, la gauche sort requinquée de ce scrutin. Alain Rousset (PS), président de région depuis 1998, a décroché un cinquième mandat en Nouvelle-Aquitaine, sans s’allier avec EELV. En Occitanie, la socialiste Carole Delga a également été très confortablement reconduite par les électeurs, tout comme François Bonneau en Centre-Val de Loire, et Marie-Guite Dufay en Bourgogne-Franche-Comté, au terme d’une campagne qui s’annonçait pourtant difficile. En Bretagne, région emblématique pour la majorité qui y avait obtenu parmi ses meilleurs scores à la présidentielle, le président socialiste sortant Loïg Chesnais-Girard vire en tête. Mais, après avoir fait cavalier seul en refusant tout accord avec EELV comme LREM, il n'aura qu'une majorité relative. La gauche peut aussi se targuer de voir une région basculer dans son escarcelle : à La Réunion, Huguette Bello, à la tête d'une liste d'union, a revendiqué sa victoire face au sortant Didier Robert (DVD). 

Prime aux sortants, droite victorieuse, RN et LREM tenus en échec

Hors abstention, le scrutin a donc été marqué par une prime aux sortants parfaitement respectée puisque tous les présidents de régions, à gauche comme à droite, ont ainsi été réélus en métropole. Le parti présidentiel LREM boit, lui, la tasse et le RN de Marine Le Pen échoue cette fois encore à remporter la première région de son histoire. Cette dernière a cependant donné "rendez-vous aux Français, dès demain, pour construire tous ensemble l'alternance dont la France a besoin". 

La prime aux sortants profite à plein à la droite classique, qui retrouve de l'élan en vue de 2022 alors qu'elle semblait prise en étau entre le RN et LREM. 

Quant à la majorité présidentielle, elle confirme ses faibles étiages du premier tour là où elle a pu concourir pour ce second. De quoi faire de ces régionales "un coup de semonce très important pour la majorité", dixit le patron du MoDem François Bayrou, alors qu'un remaniement limité pourrait avoir lieu. Mais Emmanuel Macron, qui s'est offert un bain de foule dimanche en marge de son vote au Touquet, semble résolu à vite tourner la page de ce scrutin pour se projeter dans la campagne de 2022.

Enfin, dans l'ombre de ces élections régionales, les départementales ont été logiquement marquées par une abstention massive équivalente au premier tour. Là aussi, prime aux sortants, avec un léger avantage à la droite qui renforce encore son implantation. Les ministres Sébastien Lecornu (Eure), Gérald Darmanin (Nord) et Brigitte Bourguignon (Pas-de-Calais) l'ont emporté largement, tout comme Marine Le Pen dans son canton de Hénin-Beaumont. Mais le RN a échoué à percer dans les Pyrénées-Orientales, département conservé par la gauche. Événement enfin dans le Val-de-Marne où le Parti communiste a perdu le dernier département qu'il dirigeait encore, et ce depuis 1976, au profit de la droite. 

Avec AFP. 

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