Nicolas Hulot.
©PHILIPPE LOPEZ / AFP
Politique

Nicolas Hulot et Laurent Berger, une alliance qui vise à "peser" sur le monde d'après

C'est l'alliance du syndicaliste et de la figure écolo: déçus par la première partie du quinquennat, Laurent Berger et Nicolas Hulot enchaînent clins d'oeil et initiatives communes pour "peser" après le coronavirus, mais leur relation ambiguë à la Macronie leur vaut l'hostilité d'une partie de la gauche.

Entre le patron de la CFDT et l'ancien animateur télé, "il y a de la confiance et du respect", raconte Matthieu Orphelin, député ex-LREM et proche de Nicolas Hulot, qui met en avant leur "savoir faire" pour "rechercher le compromis sans rien lâcher sur l'exigence". S'ils se connaissent depuis le quinquennat de François Hollande, les deux hommes ont vraiment uni leurs forces autour du "pacte du pouvoir de vivre" lancé en mars 2019 pour faire "converger écologie et social".

Ce "pacte" revendique aujourd'hui "55 organisations" signataires et porte 15 propositions "urgentes" de l'après confinement comme revaloriser le RSA et l'élargir aux 18-25 ans ou renoncer à la réforme de l'assurance chômage....

"Tactiquement, ils pensent que les lignes vont bouger à l'aune de cette crise. Mais ils ont intérêt à faire des propositions immédiates et applicables, sinon ils risquent d'apparaître comme une nouvelle forme de think tank (cercle de réflexion) éploré", souligne le politologue Stéphane Rozès.

"Jamais écoutés"

Ces dernières semaines, leurs équipes échangent environ "tous les deux jours", dit Samuel Leré, de la Fondation Hulot, et plaident pour "une grande conférence avant l'été avec tous les corps intermédiaires".

Avec le constat commun que pendant trois ans, "on a beaucoup été consultés mais jamais écoutés" et que les décisions se prennent toujours "entre Bercy, Matignon et l'Elysée". "Il y a une difficulté à trouver un mode opératoire de cette deuxième partie de mandat plus collaborative, plus ouverte", complète Frédéric Sève, secrétaire national de la CFDT.

Complexe, la relation de la majorité à ces deux figures illustre les divergences chez LREM. Des marcheurs de l'aile gauche ont toujours mis en avant leur proximité avec la CFDT, quitte à organiser des conciliabules avec Laurent Berger dans un café près de l'Assemblée nationale, mi-décembre, en plein mouvement social sur les retraites, quand le leader syndical était devenu l'élément clé pour tenter de trouver une issue.

D'autres, "plus libéraux", les jugent encombrants et ont pu être "vexés" par le départ fracassant de l'ex-ministre Nicolas Hulot, reconnaît Matthieu Orphelin. "Le pacte du pouvoir de vivre, ça a été mal vécu par la Macronie. Cela a été perçu comme un objet politique plus que sociétal", assure aussi un proche de la CFDT.

Symbole de ces clivages: les spéculations sur la possible constitution d'un 9e groupe parlementaire à l'Assemblée "Ecologie, démocratie, solidarité", dissident de LREM et proche idéologiquement des deux hommes.

A l'inverse, pour une partie de la gauche ou de la sphère syndicale, "et pas seulement à la CGT" ni à LFI, ils suscitent de l'hostilité voire de la "détestation" pour "leur compatibilité avec l'ordre existant", estime le sondeur Jérôme Sainte-Marie (PollingVox).

"New Age" 

"Ils incarnent une forme de christianisme social, avec le même idéal de concorde et de charité. Pour Berger, c'est lié aux origines de la CFDT avec la CFTC, et pour Hulot, c'est son côté New Age, bienveillant, sagement décroissant", pointe-t-il.

La semaine dernière, l'initiative de Nicolas Hulot "Le temps est venu" et ses cent maximes "pour un nouveau monde" comme "le temps est venu pour une nouvelle façon de penser" lui ont valu une série de moqueries. "La critique est facile mais l'art est difficile", l'a soutenu Laurent Berger mercredi.

Pour Hulot, reviennent aussi à intervalle régulier les questionnements sur ses ambitions politiques contrariées. Un retour ? "Je ne pense pas. Peser oui, mais pas en revenant en politique", estime Matthieu Orphelin. Quant à Laurent Berger, "il n'a surtout pas envie de confondre les choses", insiste Frédéric Sève.

Mais "de fait, ils occupent un terrain politique", sourit Jérôme Sainte-Marie. "Leurs 15 propositions, c'est une forme de programme. Des candidats se sont présentés à la présidentielle avec moins que ça".

Avec AFP.

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