Si les produits bio arborent de plus en plus fièrement leur attirail vert pimpant dans nos magasins, ils peuvent parfois rebuter les consommateurs en raison de leur coût. Sans compter que le bio ne fait pas tout ! Depuis 2004, l’association "Demain la Terre" réunit des producteurs et des transformateurs de fruits et légumes frais autour d’une promesse commune : celle de respecter une charte d’exigences qui vont bien au-delà de la réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires, comme l’indique Marc De Nale.
Comment est née l’association "Demain La Terre" ?
Nous sommes une association loi de 1901 créée en 2004 par des producteurs et transformés de fruits et légumes. Au départ, il s’agissait d’un club entre producteurs qui visait à échanger sur les problématiques de développement durable en production de fruits et légumes. À l’époque, les questions de développement durable étaient principalement abordées sous l’angle environnemental. Ensemble, nous avons décidé d’élaborer un véritable cahier des charges avec des exigences contrôlées par un organisme indépendant, avec pour objectif de communiquer sur les engagements. Cette idée a émergé dans les années 2006-2007 et a nécessité trois années de travail pour formaliser le tout, l’idée étant d’inscrire la démarche dans une logique d’amélioration continue. La période allant de 2010 à 2014 a connu beaucoup d’évolutions au niveau du cahier des charges parce qu’à la fois, nous intégrions de nouveaux producteurs et nous avions des retours terrain des audits effectués par des organismes indépendants, qui sans cesse remontaient des situations n’ayant pas été prises en compte au départ, des ajustements de critères… En 2014, le cahier des charges a été intégralement refondu pour mieux équilibrer les critères sur l’environnement, le social/sociétal et l’économique, pour prendre en compte les trois piliers du développement durable de manière à peu près équitable.
Depuis l’origine, l’objectif clé de la démarche est l’émergence d’un modèle de production responsable avec une approche complète, la troisième voie de l’agriculture.
Combien avez-vous d’adhérents ? Qui sont-ils ?
Les entreprises fondatrices étaient cinq au départ. Aujourd’hui, nous sommes à 18 adhérents ("Perle du Nord", "Fruits Rouges & Co.", "Le Jardin de Rabelais", "Planète Végétal", etc.) : cela représente entre 350 et 400 producteurs situés partout en France et même en dehors. Nous travaillons avec tous les circuits de distribution, que ce soit la distribution classique, les réseaux spécialisés… Nous travaillons aussi beaucoup avec le réseau des primeurs, avec qui nous avons signé une convention de partenariat national l’an dernier, et avec des réseaux de grossistes et de restauration collective. En 2019, nous avons certifié environ 200 000 tonnes de produits mis en marché sur l’ensemble des circuits de distribution. Des produits directement accessibles dans le rayon fruits et légumes, des produits transformés de type purées, coulis, des produits cuits comme la betterave rouge mise sous vide, des jus, pomme poire, etc.
Ces producteurs sont-ils bio ?
Certains le sont, mais nos producteurs veulent aborder les sujets de manière beaucoup plus large que ce que peuvent faire les autres signes officiels de qualité. Nous avons sans cesse des adaptations, le cahier des charges est évolutif. À la fois du fait des évolutions réglementaires, des connaissances techniques et des nouvelles technologies qui peuvent apparaître, mais également en raison des problématiques sociétales qui émergent et qu’il faut anticiper. Dans le cahier des charges de "Demain la Terre", vous allez donc trouver des obligations de moyens et de résultats que l’on ne retrouve pas dans d’autres labels. Nous prenons en compte les déchets, les emballages, l’énergie, l’ancrage local… Nous couvrons l’ensemble des attentes des consommateurs en matière de consommation durable.
Comment résumeriez-vous votre démarche ?
Des fruits et légumes responsables, plus sains, plus sûrs et accessibles à tous. Le terme "responsable" tient à la responsabilité des entreprises. Celle-ci est à la fois environnementale, sociale, sociétale, et économique. Le mode de production des fruits et légumes certifiés "Demain la Terre" est doux, à la fois par rapport au respect du sol, de l’eau, par rapport à la quantité de produits qui est apportée sur les fruits et légumes… Nous travaillons également sur la sécurité environnementale, en veillant notamment à la biodiversité et aux pollinisateurs. Sans oublier la sécurité des personnes : le producteur, ses salariés… Et bien sûr la sécurité alimentaire pour le consommateur.
Comment sont effectués les contrôles ?
Ils sont effectués tous les ans, deux organismes de contrôle sont référencés par l’association, chaque entreprise fait passer un des deux organismes a minima. Et il peut y avoir des contrôles inopinés.
Est-ce évident aujourd’hui selon vous pour le consommateur de s’y retrouver entre les différents labels et démarches ?
Il est certain que le consommateur n’est pas aujourd’hui en mesure de faire le tri entre des démarches de fond comme les nôtres et des démarches plutôt orientées "greenwashing". Car malheureusement, certaines démarches qui émergent le sont en partie. Cela fait 15 ans que nous travaillons sur ces sujets, nous nous sommes associés avec trois associations dans trois autres filières agricoles : "Bleu Blanc Cœur" en filière animale, "Vignerons Engagés" en viticulture, et "Filière CRC ®" en céréales et meunerie. L’idée étant de faire émerger un peu plus clairement la notion d’agriculture responsable, de décloisonner les filières pour montrer que nous travaillons tous de la même manière, mais surtout pour essayer de donner un cadre un peu plus clair sur ces notions d’agriculture alternative et vertueuse, plutôt que cela parte dans tous les sens et qu’il y ait des allégations non-cadrées. Nous sommes en relation avec les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique et solidaire pour instaurer une grille de lecture, d’analyse, un système de référencement des démarches. Il nous semble vraiment important d’apporter plus de garanties aux consommateurs.
En 2019, environ 200 000 tonnes de produits (fruits, légumes, compotes, purées, produits sous vide) ont été certifiés "Demain la Terre" : les consommateurs peuvent aussi bien les retrouver dans la distribution classique que dans les réseaux spécialisés (primeurs…) ou encore en restauration.
En partenariat avec Demain La Terre. Plus d’informations sur demainlaterre.org. (Twitter : @DemainlaTerre, Facebook : www.facebook.com/agriculturedemainlaterre, YouTube ici et Instagram : @demainlaterre).
Les différents thèmes de la Charte "Demain la Terre"
Réduire l’usage des produits phytosanitaires, faire disparaître toute trace de résidu de produit, préserver la qualité et les ressources en eau, éviter toute pollution de l’eau, préserver la qualité et la vie dans les sols, éviter toute pollution des sols, favoriser la biodiversité et protéger les insectes pollinisateurs, contrôler et diminuer la consommation énergétique et les émissions de gaz à effet de serre, gérer la valorisation des déchets et leur réduction, favoriser une relation économique durable avec les parties prenantes, garantir un respect des thématiques sociales.
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