C’est un début d’année 2020 mouvementé auquel assiste l’humanité. Perçu comme une véritable onde de choc, le Covid-19, virus apparu à Wuhan en décembre dernier, a semé un vent de panique sur les cinq continents. Avec plus de 127 000 personnes touchées dans 110 pays du monde, le coronavirus est aujourd’hui sur toutes les lèvres. Reposant sur l’idée d’un enchaînement de crises à l’échelle mondiale, la collapsologie étudie l’effondrement des sociétés et civilisations actuelles. Difficile alors de ne pas voir un parallèle entre les conséquences de cette pandémie et les théories des collapsologues.
La théorie du domino
Selon Anne Rumin, membre de l’Institut Momentum, cette pandémie relève d’une logique d’effondrement. "C’est notamment dans la gouvernance liée à l’épidémie qu’il y a des indices d’un possible effondrement", explique-t-elle. Si l’économie pâtit de cette crise sanitaire, la théorie de l’effondrement regroupe un éventail d’autres crises potentielles, aussi bien climatiques qu’environnementales ou politiques. "Il y a un vent de panique, l’accès aux ressources devient de plus en plus compliqué. C’est d’ailleurs dans cette inégalité d’accès aux ressources qu’il y a une part de l’effondrement qui se joue aussi", ajoute la collapsologue.
Nous avons à la fois un ralentissement des transports, le commerce mondial est bien ralenti, les gens ne voyagent plus, on supprime les vols. Évidemment, cela impacte les prix du pétrole et l’activité économique.
Chute importante de la Bourse, baisse draconienne du prix du pétrole… Bien que, pour la collapsologie, ce scénario s’apparente tout bonnement aux prémices d’un effondrement, pour d’autres, la raison se trouve ailleurs. Pour l'économiste Emmanuelle Auriol, cette crise liée au coronavirus s'explique par des éléments factuels qui n'ont pas de lien avec la théorie de l'effondrement. "Nous avons à la fois un ralentissement des transports, le commerce mondial est bien ralenti, les gens ne voyagent plus, on supprime les vols. Évidemment, cela impacte les prix du pétrole et l’activité économique, les salariés ne peuvent plus se rendre à l’usine et l’économie ne tourne plus", analyse-t-elle.
Même son de cloche pour l’économiste Jean-Paul Betbeze, qui définit la finance comme une "prophétie réalisatrice". Selon lui, la logique financière est totalement antagonique à celle d'une logique d’épidémie. "Puisque vous avez peur du virus, vous restez chez vous. Si tout le monde fait ça, le virus s’arrête, mais l’économie aussi. Lorsque la finance se montre craintive, comme elle l’a fait ses jours-ci, et que les valeurs de bourse chutent, c’est tout un engrenage qui est impacté". L’économie tourne au ralenti donc, mais à l’échelle du monde tout entier. Un phénomène s’expliquant en partie par une globalisation du système de production, entraînant une dépendance des pays entre eux. "On a sous-traité à la Chine une partie des matières premières pour faire des médicaments. Seulement, la Chine est à l’arrêt. Il y a donc des médicaments qui viennent à manquer dans une période où on en aurait grandement besoin", ajoute Emannuelle Auriol.
Une peur viscérale
En attendant, devenu obsessionnel pour une part importante de la population mondiale, le coronavirus effraie, il fait peur. Un phénomène qui s’explique notamment par le fait que, peu importe son origine et sa situation géographique, l’être humain fait face au caractère potentiellement mortel du virus. "Maintenant que cette maladie peut toucher l'ensemble de l'espèce humaine, le sentiment de peur avec les résonances individuelles et collectives qu’il engendre est massif […] Il s'agit d'une menace invisible à l'œil nu, ce qui majore notre impossibilité d’action et la représentation logique qui s’ensuit, celle qu'on ne peut rien y faire, que nous sommes impuissants", explique Flora Gapin, psychologue-clinicienne à Paris.
Une seule idée pour l’Homme à présent : se sentir actif face à l’impuissance, anticiper la catastrophe. Un comportement logique, qui explique notamment que les rayons de supermarchés soient peu à peu dévalisés. Gel hydroalcoolique, papier toilettes, paquets de pâtes… Chacun fait ses provisions en attendant que l’orage passe. "Toute information colore un climat anxiogène pour l’Homme. Différentes réactions émotionnelles s’en dégagent et il n'y a rien de plus terrifiant pour l'être humain que le sentiment de ne pas avoir le contrôle sur une situation", explique Flora Gapin. Les médias sont d’ailleurs susceptibles d’augmenter la psychose collective et les angoisses de chacun, précise-t-elle, préconisant d’opter pour des médias "garants d’une information certifiée, honnête et équilibrée", afin de lutter contre toutes formes d’intox.
Nous essayons de sortir de la crise pour que tout revienne à la normale. Nous n'essayons pas du tout d’adopter des trajectoires différentes. Nous sommes face à une gestion très classique de la chose.
Une pandémie aux vertus positives ?
Bien qu’elle présente un caractère anxiogène, la pandémie présenterait plusieurs vertus positives, selon l’économiste Emmanuelle Auriol. "Il y a une action coordonnée pour ralentir l’épidémie de façon à ce qu’on puisse trouver un vaccin et un traitement. Ce qu’on voit aussi, c’est que tous les gouvernements du monde ont privilégié la santé plutôt que la croissance. Ce que je trouve plutôt rassurant. Nous avons quand même l’impression qu’il y a un capitaine à bord, et qu’en plus, ce capitaine est mondial."
Si pour l’économiste, l’être humain peut ressortir grandi de cet exercice à grande échelle, le discours est tout autre pour Anne Rumin, membre de l’Institut Momentum. Difficile selon elle d’affirmer qu’en traversant le coronavirus, l’Homme trouvera des solutions pour être plus résilient aux situations "d’effondrement". "D’abord, parce qu’on gère ce phénomène comme une crise. Nous essayons de sortir de la crise pour que tout revienne à la normale. Nous n'essayons pas du tout d’adopter des trajectoires différentes. Nous sommes face à une gestion très classique de la chose."
"D'un point de vue purement collapsologique, les solutions pour lutter contre l'effondrement n'existent pas", analyse-t-elle. À défaut de trouver des solutions, l’Homme pourra toujours réfléchir à ce qu’il sait faire de mieux : s’adapter.
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