Plus de 13 %. C’est la rentabilité annuelle moyenne du private equity en France entre 2014 et 2023, selon une étude de France Invest, l’Association des investisseurs pour la croissance, parue en juin dernier. Sur la même période, la performance annuelle du CAC 40 s’élève à 10,5 %. Un écart qui s’est réduit en 2023 mais qui, selon le rapport, "reste réel" et, surtout, "persiste dans la durée".
Le private equity, ou capital-investissement en Français, est un mode d’investissement qui consiste à participer au capital de sociétés non cotées en Bourse. Avec pour objectif, selon Bpifrance, la Banque Publique pour l’Investissement, "la réalisation de plus-values substantielles dans un délai relativement court, généralement compris entre 4 et 7 ans". Il peut intervenir à tous les stades de la vie d’une entreprise, de sa création à sa cession, et s’applique, selon le fonds Altaroc, à "un large éventail de sociétés, quels que soient leurs typologies, tailles, secteurs ou zones géographiques".
Un investissement direct ou indirect
Les particuliers peuvent investir directement dans une société non cotée en y achetant des parts. Selon la fintech Mon Petit Placement, "cela peut impliquer une participation active dans la gestion de l’entreprise". Et, surtout, cela "ne se fait qu’avec des gros montants, il faut donc avoir les moyens d’investir plus de 100 000 €".
L’investissement peut aussi être effectué de manière indirecte via des sociétés ou des fonds dédiés, gérés par des professionnels. Par exemple, une société de capital-risque (SCR) ou des fonds communs de placement comme le FCPR (Fonds communs de placements à risques), le FCPI (Fonds communs de placement dans l’innovation) ou le FIP (Fonds d'Investissement de proximité) pour les projets locaux. Ils jouent un rôle d’intermédiaire : "ces fonds rassemblent des capitaux auprès de divers investisseurs pour les réinvestir dans un portefeuille équilibré d'entreprises privées, couvrant un large éventail de secteurs et de stades de développement", détaille Mon Petit Placement. L’investissement dans ces fonds peut être réalisé directement ou via des compte-titres (PEA, PEA-PME) éligibles, et le ticket d’entrée est variable.
Il est également possible d’investir dans une société non cotée via une plateforme de crowdfunding (ou financement participatif) : on parle dans ce cas de crowdequity, et le ticket d’entrée est généralement bien moins élevé. Ou via un contrat d’assurance-vie, dans des fonds éligibles. D’autant que, comme l’explique Boursorama, depuis octobre 2024 "les assureurs [ont] l’obligation d'introduire une part minimum d'actifs non cotés […] dans les profils de gestion proposés sur leurs contrats d'assurance vie".
Pour choisir la meilleure option, le futur investisseur doit prendre en compte son profil d’investissement et sa tolérance au risque. Comme le rappelle Mon Petit Placement, "le private equity est un investissement à long terme qui nécessite une certaine stabilité financière". En cas de doute, il peut être judicieux de faire appel à un conseiller en gestion de patrimoine.
Des investissements à chaque stade de la vie de l’entreprise
Il existe différents types d’investissements en fonction du stade de vie de l’entreprise :
- Le capital-risque, qui consiste à investir dans de très jeunes entreprises innovantes et à fort potentiel de croissance, avant leur démarrage réel (capital-amorçage) ou juste après (capital-création). C’est un investissement risqué car la réussite de ces jeunes projets est incertaine.
- Le capital-développement, pour accompagner une nouvelle phase de croissance dans une entreprise mature, comme le développement de nouveaux produits. Cet investissement est moins risqué car l’entreprise est déjà solide.
- Le capital-transmission, ou leveraged buy-out (LBO), qui consiste à investir au moment de la cession de l’entreprise. Selon le gestionnaire de fortune et de patrimoine Indosuez, il s’agit d’un "montage financier qui permet d’acquérir une entreprise en finançant l’acquisition en partie par la dette".
- Le capital-retournement, pour les entreprises en difficulté ayant besoin de financement pour se restructurer. "Cela représente un défi significatif et un niveau de risque élevé, mais le succès de la restructuration peut conduire à une récompense tout aussi importante", explique Mon Petit Placement.
Un investissement risqué, mais au rendement potentiel important
Comme tout investissement, le private equity comporte des risques de perte en capital : "les investissements en private equity, que ce soit au travers de véhicules d’investissement utilisant des stratégies d’investissement de private equity ou qu’il s’agisse d’investissements et co-investissements directs dans des véhicules d’investissements privés, ne sont pas garantis et l’investisseur peut perdre tout ou partie du capital investi", détaille Indosuez. La raison est simple : les jeunes entreprises, même à fort potentiel, n’ont aucune garantie de succès. Il en va de même pour les entreprises en restructuration qui, malgré les investissements, peuvent ne pas surmonter leurs difficultés.
Il faut également prendre en compte le fait que le private equity est un investissement peu liquide, comme l’explique Boursorama : "les fonds ont des périodes de blocage pouvant aller jusqu'à 12 ans car les entreprises mettent souvent du temps pour se développer. Cela implique donc de ne pas avoir besoin d'utiliser les sommes investies pendant une longue période".
Mais qui dit risque élevé, dit possibilité de rendement important. Une jeune entreprise à fort potentiel peut voir sa demande exploser en peu de temps, "ce qui entraîne une croissance des revenus et des bénéfices à un rythme supérieur à celui des entreprises établies" selon le cabinet de gestion de patrimoine Leduc & Associés. Ainsi, des entreprises comme Facebook ou AirBnB ont bénéficié de ce type d’investissement à leurs débuts et sont, désormais, de grandes multinationales.
Pour aller plus loin : "L'ISR sur les principales classes d'actifs"
Enfin, le secteur du private equity intègre de plus en plus les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans ses pratiques. Et la France fait partie des leaders : selon la 4e édition du rapport sur le private equity et l'investissement socialement responsable du cabinet PwC, 95 % des sociétés de gestion de capital-investissement françaises déclarent avoir une politique d’investissement responsable et d’intégration des critères ESG en place ou en cours d’élaboration. Soit 4 points de plus que la moyenne mondiale.