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Finance durable

Mesurer l'impact social et environnemental d'un investissement, un casse-tête

Comment mesurer l'impact environnemental et social d'un investissement ? La tâche est loin d'être facile et les acteurs engagés dans la finance durable cherchent les meilleurs outils pour pouvoir choisir de manière éclairée.

Jean-Yves Wilmotte et Virginie Wauquiez, respectivement responsable du développement d'une méthodologie d'analyse du cabinet de conseil Carbone 4 et directrice générale de Carbon4 Finance, qui conseille les financiers, expliquent dans un entretien à l'AFP leur méthode: il s'agit d'une part d'étudier les critères retenus par la société de gestion; d'autre part, d'analyser les émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre des entreprises cibles.

Dans la profession de gestion d'actifs, un investissement "à impact" doit comporter trois piliers : une volonté de générer un bénéfice social ou environnemental, un engagement de l'investisseur pour concrétiser cette intention, et des outils pour évaluer l'impact.

Par où commencer pour mesurer l'impact d'un investissement ?

Virginie Wauquiez : "On va décortiquer tous les rapports qu'une société publie, afin de calculer les émissions de CO2 actuelles et celles qu'elle peut faire économiser. On est capable de rentrer dans le détail et de mesurer sa performance à la fois passée, actuelle et future."

Jean-Yves Wilmotte : "On va aussi calculer (...) les émissions évitées. Quantifier par exemple (le fait) qu'en mettant des matériaux isolants chez leurs clients, l'entreprise va réduire les émissions de CO2. Les émissions évitées sont aussi une trace de l'impact positif."

Virginie Wauquiez: "Autre exemple: celui d'un constructeur de vélos électriques. Si les vélos sont vendus pour remplacer des voitures thermiques, c'est une action très positive sur l'économie."

On aide les fonds à impact dans leurs choix d'investissement sur différents supports. On construit une note de 1 à 15, la note générale Carbon impact analytics, qui va permettre au gérant d'actifs de choisir de façon éclairée.

Quels outils pour les financiers ?

Virginie Wauquiez: "On aide les fonds à impact dans leurs choix d'investissement sur différents supports. On construit une note de 1 à 15, la note générale Carbon impact analytics (analyse de l'impact carbone CIA, NDLR), qui va permettre au gérant d'actifs de choisir de façon éclairée. Quand on dit 'impact' ce n'est pas seulement fournir un thermomètre à quelqu'un, c'est aussi l'accompagner pour savoir comment lire et comprendre le résultat du thermomètre et en tirer les bonnes décisions. Les gérants souhaitent avoir des instruments de mesure précis pour pouvoir (pousser) l'entreprise, pour l'inciter à aller plus loin. Les choix d’investissement envoient un message aux marchés."

Jean-Yves Wilmotte: "Pour l'investisseur, cela permet de voir qu’une entreprise est compatible avec sa stratégie d’investissement. Il faut que l'acteur financier s'empare de son rôle et qu'il aide, soit une entreprise verte à se développer, soit une entreprise plutôt brune (fortement émettrice de gaz à effet de serre, NDLR) à changer d'activité."

Qu’est-ce qui différencie un investissement traditionnel d'un investissement à impact ?

Virginie Wauquiez: "Beaucoup de labels se sont déjà développés pour essayer de répondre à cette question. Ces labels avaient au départ une bonne intention, qui était de clarifier ce qu’on attendait d’un investissement à impact, mais ils ont été décriés parce qu'ils pouvaient manquer de précision.

Ce qui est important, c’est la façon dont le gérant fait ses choix d'investissement et la façon dont il suit ses investissements et mesure leurs impacts. Pour moi l'investissement à impact suppose une grande transparence dans les choix, les méthodologies et la stratégie définie par l’investisseur."

Avec AFP.