L’urgence climatique fait désormais l’unanimité dans les quatre coins du monde. Aujourd’hui, gouvernements, organisations et grand public sont parfaitement conscients de la nécessité d’en faire une priorité absolue. A titre d’exemple, en France, la question environnementale occupe une grande place de l’agenda gouvernemental 2023, et souligne l’importance de l’implication du secteur privé dans la lutte contre le réchauffement climatique. Des articles continuent d’alimenter la loi Energie-Climat qui vise la neutralité carbone d’ici à 2050, alors que, plus récemment (Lors de la COP27) le regroupement de plusieurs grandes multinationales appelé, "We Mean Business Coalition" a appelé les états à respecter leurs engagements.
Si la durabilité en entreprise occupe tous les esprits, certaines industries se préoccupent davantage de l’impact de leurs opérations sur la planète que d’autres. Le secteur financier n’est pas en reste. Traditionnellement, il n’est pas considéré comme un candidat naturel de la transition écologique. Cependant, les efforts déployés ces dernières années en matière d’innovation marquent une véritable rupture technologique des services financiers et le propulsent vers une position favorable pour promouvoir l’action écologique.
Mais comment la finance peut-elle tirer profit de son plein potentiel dans la lutte contre le réchauffement planétaire ?
Une transition écologique plus que possible malgré le doute qui plane
Lorsqu’il s’agit de conduire le changement, les organisations de services financiers se sont toujours placées en avant-gardistes. Si le terme Fintech est arrivé en 2008 pour répondre à une crise financière sans précédent, il est aujourd’hui porteur de démocratisation du secteur et d’une plus grande ouverture de ses solutions. Cette ouverture permet des opérations plus efficaces et promeut une culture de réduction de l’impact environnemental collectif.
Pour accompagner ces mutations opérationnelles qui visent une transition écologique réussie, certaines étapes sont à suivre. En premier lieu, effectuer une évaluation des processus internes, des initiatives, des pratiques d’adoption des technologies et infrastructures existantes. En découle ensuite une des questions les plus actuelles et qui répond en partie aux critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance) : la migration des données. En effet, les data centers sont au cœur des débats puisqu’ils sont, en grande partie, responsables de l’emprunte carbone numérique des entreprises. Le cloud intervient donc ici comme une des solutions salvatrices pour une meilleure durabilité.
Des entreprises pionnières comme Microsoft, Amazon Web Services (AWS) et Google ont investi massivement dans le cloud afin d’optimiser l’efficacité de leur data centers. Grâce à cette approche, l'infrastructure cloud de Microsoft est jusqu'à 93 % plus écoénergétique comparé aux serveurs sur site. Si l’on ajoute à cela le fait que 78 % de ses serveurs de cloud public Azure sont alimentés par des énergies renouvelables et que les émissions des 22 % restants sont compensées, il est certain qu’une adoption accrue du cloud est essentielle dans le secteur financier pour réduire les émissions et atteindre les objectifs démission zéro nette.
Les services bancaires : une révolution verte en marche
Si les entreprises du secteur sont capables de remettre leurs processus en question pour réduire l’impact de leurs émissions carbone sur le long terme, il existe également une opportunité formidable pour le secteur de conduire et financer largement cette transition. Selon l’ONU, l’alliance bancaire Net-Zéro qui compte à elle seule 40 % des actifs bancaires mondiaux, s'est engagée à mettre en conformité les portefeuilles de prêts et d’investissements de manière à atteindre les objectifs d’émissions nulles d’ici à 2050.
Il est cependant important de noter que le principal défi pour y parvenir, sera la mise en place de solutions réalistes et réalisables. Parmi elles, proposer des capitaux plus abordables pour les entreprises ayant obtenu des résultats respectueux de l’environnement. Une approche rendue possible grâce à la finance dite "verte" qui opère au travers des plateformes de "banking-as-a-service" (BaaS) pilotée par APIs.
Les entreprises peuvent ainsi intégrer des options de financement vert dans leurs offres accessibles à grande échelle et permettant l’accès au crédit même pour ceux ayant un profil financier moins favorable.
Prenons l’exemple d’installation de panneaux solaires. Les entreprises proposant ces solutions peuvent exploiter des données diverses pour éclairer la viabilité financière et environnementale d’un prêt. En s’appuyant, d’un côté sur des données géospatiales, météorologiques, satellite -du domaine public- et de l’autre sur la situation financière du client final (partagée avec l’accord de sa banque), l’installateur peut déterminer le rendement énergétique potentiel de ces panneaux set pourra proposer des options de financement optimales.
En plus d’offrir des alternatives moins chères et plus écologiques, ces données facilite l’accès aux financements. A ce propos, si un client présente une mauvaise cote de solvabilité (historique de crédits), mais qu’il a toujours payé ses factures d’énergie à temps, la banque peut lui accorder un crédit pour financer ses panneaux solaires, ainsi que l’installation par une entreprise agréée.
Par ailleurs, les clients ayant installé des panneaux solaires, peuvent réduire le coût et la durée de leurs prêt en renvoyant l’excédent d’énergie vers le réseau national, lorsqu’elle n’est pas utilisée. Les banquent deviennent ainsi des acteurs de l’économie circulaire puisqu’elles se placent comme facilitatrices de l’accès au financement et à des solutions environnementales durables.
Dans cette transition accélérée du secteur, les plateformes BaaS apparaissent comme le moyen le plus efficace pour accompagner la finance intégrée vers une transformation plus verte. Créant ainsi une occasion unique pour fédérer toutes les parties prenantes autour d’un même objectif : des prêts et des financements plus responsables pour un impact plus positif sur la planète.
Par Jay Mukhey, Directeur Général de ESG Purpose & Impact, Finastra.