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Finance durable

Climat: en 2024, une nouvelle montagne de données se dresse devant les entreprises

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Un "lourd fardeau" mais "pas une pyramide d'Egypte". A partir du 1er janvier, les grandes entreprises européennes vont devoir commencer à récolter une montagne de données concernant leur impact sur l'environnement et les risques climatiques auxquels elles sont exposées.

Pilier de la stratégie de finance durable de l'Union européenne et petite révolution dans les cercles économiques, la nouvelle directive européenne sur la publication d'informations extra-financières (CSRD) a pour but de crédibiliser les données environnementales, sociétales et de gouvernance (ESG) des entreprises, mais s'y conformer ne sera pas une mince affaire.

Le groupe technologique allemand Heraeus parle même auprès de l'AFP de "lourd fardeau". Mais cette évolution permet une "meilleure transparence", souligne son responsable du développement durable Arthur Charlet.

Quantité de gaz à effet de serre émise, volumes d'eau consommés, espaces naturels dégradés, impact sur les communautés locales feront partie des nouveaux indicateurs que les grandes sociétés européennes cotées devront publier en 2025 dans leurs rapports annuels.

S'ajoutent aussi les impacts du changement climatique sur l'entreprise, comme l'exposition aux feux de forêts, à la montée des eaux, la possible perte de bénéfice avec l'arrêt des centrales à charbon.

L'objectif affiché est de "transformer la façon dont on évalue la performance d'une entreprise" et de "faire de la donnée extra-financière le pendant de la donnée financière", souligne Sylvain Lambert, associé responsable de l'activité développement durable chez PwC France et Maghreb.

Et le tout dans un cadre bien défini qui permettra de comparer toutes les entreprises européennes entre elles, d'éviter l'écoblanchiment (greenwashing) et ainsi de mieux diriger les flux financiers.

Plus de 1 000 points de données

Une "ambition forte", qui ne constitue "pas une pyramide d'Egypte à gravir mais c'est du travail", prévient Sylvain Lambert. Au total, une société pourra être amenée à publier plus de 1 000 informations, selon l'organisme européen qui a conçu ces normes comptables, certaines sous forme écrite, d'autres chiffrées.

Chaque entreprise devra cependant évaluer elle-même quelles sont les informations "matérielles" à publier, c'est-à-dire quelles thématiques et problématiques la concernent en fonction de son activité.

Le groupe Heraeus, qui finalise actuellement cette analyse, estime à "environ 400 le nombre de points de donnés" à publier dans le rapport de durabilité d'une entreprise, dont les émissions de gaz à effets de serre, les sources d'énergie, le taux d'accidents avec arrêt de travail, ou encore la répartition entre sexes en particulier dans le management.

"Quand on saura quoi reporter, il y aura du travail pour identifier quels tuyaux construire" afin de faire remonter les informations avant de les compiler, explique Sylvain Lambert qui accompagne des entreprises dans leur adaptation aux nouvelles règles.

"Tsunami administratif"

Du côté des petites et moyennes entreprises, l'inquiétude est grande. En France, la Confédération des PME alerte depuis plusieurs mois sur le "tsunami administratif". Pour l'instant la CSRD ne s'applique qu'aux grandes entreprises européennes et le champ d'application sera peu à peu élargi jusqu'à inclure 42.500 entreprises, dont les PME, en 2026, selon la Commission européenne.

Qonto, une entreprise de taille intermédiaire qui fournit des services bancaires aux entreprises, a décidé de s'atteler à la CSRD dès aujourd'hui avec un an d'avance pour "anticiper", dit sa directrice juridique et affaires publiques Alexia Delahousse.

La tâche d'adaptation est grande mais se préparer à la CSRD ne va pas nécessiter "une duplication miroir" des équipes comptables et financières estime Sylvain Lambert, qui privilégie la formation des personnes concernées. De toute façon il y aura "une phase de transition, de mise à niveau" pour les entreprises les premières années, selon Alexia Delahousse.

Pour l'instant seule la France a publié le décret national qui transpose la directive européenne dans le droit français. Les autres Etats-membres ont jusqu'au 6 juillet 2024 pour le faire, précise la Commission européenne.

Avec AFP.

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