Le ministère des Armées s'est engagé à protéger la biodiversité sur ses terrains militaires.
©FRANCOIS NASCIMBENI/AFP
Environnement

La biodiversité à l'agenda du ministère des Armées

En plus de l'impact sur la planète, le changement climatique implique des conséquences majeures en matière de défense nationale. En France, le ministère des Armées a dévoilé début septembre sa stratégie pour protéger la biodiversité, notamment sur ses terrains militaires. 

L’armée se met au vert, et pas uniquement pour les uniformes. Le 9 septembre à Marseille, la ministre des Armées Florence Parly présentait la stratégie militaire française pour le développement durable dans le cadre du Plan Climat européen. L’objectif ? Intégrer la protection de la biodiversité dans le cadre des missions des armées françaises pour relever le défi du changement climatique.

Si le lien entre environnement et stratégie militaire ne semble pas forcément évident, le rôle des armées est pourtant essentiel, notamment face aux catastrophes naturelles, fait remarquer la Grande Muette. "L’armée est déjà fortement mobilisée sur les phénomènes climatiques qui impactent les citoyens", explique Hervé Grandjean, porte-parole du ministère des Armées à ID. "Lors des ouragans de 2017 à Saint-Martin par exemple, ce sont les militaires qui ont été déployés pour acheminer les aides à la population". Après le passage de l'ouragan Maria à proximité de l'île, la Marine nationale avait dû amener plus de 1 000 tonnes de matériel essentiel, notamment en eau minérale.

Une biodiversité importante sur les terrains militaires

Dans ce contexte, les armées françaises se sont engagées dans un programme de préservation de la nature sur leurs terrains militaires. "L’armée est le premier propriétaire foncier de l’État", met en avant Hervé Grandjean. "Nous avons 275 000 hectares de terrain, qui contiennent beaucoup de biodiversité et d’espèces que nous souhaitons protéger". 

Le porte-parole nous explique que le ministère travaille ainsi avec cinq organismes civils spécialisés dans la protection de l'environnement, notamment la Ligue de Protection des Oiseaux pour répertorier les nids et intégrer leurs localisations lors des exercices aériens. "Nous avons par exemple des gypaètes barbus, une espèce de rapace en voie d’extinction, sur nos terrains. Ils sont extrêmement sensibles au bruit, notamment pour leur reproduction. Nous avons donc mis en place un plan de vol pour nos hélicoptères afin qu’ils ne s’approchent pas à moins de 1 000 mètres des nids".  

En plus de la protection de la biodiversité, le ministère prévoit également de mettre en place une politique "d’amélioration de la séquestration carbone" sur les terrains militaires. Pour cela, il a mis en place une convention avec la Fédération des Conservatoires des Espaces Naturels (FCEN) pour créer des "puits naturels de carbone, notamment avec les forêts, tourbières et zones humides".

En tout, le budget alloué à la protection de la biodiversité a été multiplié par 12 entre 2017 et 2022. "

Le changement climatique devient un enjeu de sécurité nationale

Pour mettre en oeuvre ce projet, l'armée a prévu d’y consacrer 3,6 millions d’euros par an dès 2022, soit un million de plus qu'en 2021. En tout, le budget alloué à la protection de la biodiversité a été multiplié par 12 entre 2017 et 2022. "Cela montre la volonté d’action du ministère sur la question environnementale", nous explique Hervé Grandjean.

Si le ministère s’investit dans la protection de la biodiversité, c’est en raison du défi que représente le changement climatique du point de vue de la sécurité, notamment sur les questions de raréfaction des ressources naturelles et des phénomènes climatiques de plus en plus extrêmes annoncés par le Giec : sécheresses, tempêtes…

Mais la question environnementale pose également des enjeux de sécurité actuels. L'opération Harpie contre l’orpaillage illégal en Guyane fait notamment partie des missions les plus importantes de l’armée française. "Cette opération vise à la fois à lutter contre l’orpaillage illégal et la dégradation de la biodiversité", explique le porte-parole du ministère.

L’orpaillage nécessite en effet des quantités importantes de mercure. En plus de se déverser dans les cours d’eau et de la rendre impropre à la consommation, le trafic d’or illégal sert de financement aux terroristes dans les zones où l’armée française est engagée. "Leur première source de revenus est liée à la criminalité environnementale", note Hervé Grandjean."Dans cette situation, la préservation de la biodiversité est étroitement liée à la nécessité de défense nationale".

Lundi 11 octobre, la COP15 sur la biodiversité s'ouvrira de manière virtuelle en Chine. Le texte qui sera présenté visera notamment à garantir à ce qu'au moins 30% des zones terrestres et maritimes soient consacrées à la biodiversité d'ici à 2050. Toutefois, les moyens et mesures à mettre en place pour y parvenir font encore l'objet de négociations tendues entre les pays participants.
 

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