Laboratoire de l'association étudiante Igem Aix-Marseille.
© Ian Garner/Igem Aix-Marseille
Environnement

Sécheresse : des étudiants marseillais planchent sur des solutions

Une association d'étudiants, Igem Aix-Marseille, conçoit depuis des mois des billes d'alginate pour améliorer la rétention d'eau des sols. Ils présenteront leur projet en novembre au Igem Grand Jamboree, une compétition internationale universitaire de biologie synthétique. 

Depuis des mois, une association de neuf étudiants en biologie de l'université d'Aix-Marseille imagine des billes d'alginate pour renforcer la rétention d'eau des sols. Le 3 novembre, ils défendront leur projet au Igem Grand Jamboree, à Paris, face à des équipes universitaires venues du monde entier, du Mexique au Japon. 

Un engagement pour le climat au coeur de leurs travaux

Témoins de la sécheresse qui touche le département des Bouches-du-Rhône, ils se sont saisis de la thématique pour l'Igem, une compétition étudiante dédiée à la biologie synthétique, créée en 2003 par le prestigieux Institut de Technologies du Massachusetts (MIT). "La biologie synthétique  cherche à créer des modifications génétiques, des systèmes, des bactéries afin de trouver des solutions à un problème, un avantage", détaille Ian Garner, président de l'association Igem Aix-Marseille au laboratoire du campus Joseph Aiguier du CNRS.

Pour la compétition, ils imaginent des billes d'alginate, une bactérie, pour maintenir l'humidité dans les sols, à destinations des arboriculteurs et agriculteurs locaux, affectés par le stress hydrique et l'assèchement des nappes phréatiques. Au 18 août 2023, 28 communes des Bouches-du-Rhône étaient placées en crise sécheresse, dont les villes de Marseille et Aix-en-Provence. "On voulait un sujet qui nous concerne nous, notre région. On a vu que le projet était scientifiquement réalisable, pas qu'il fallait envoyer quelque chose dans l'espace, qu'on pouvait échanger directement avec les agriculteurs pour connaître les problématiques qu'ils rencontrent", poursuit Ian Garner. 

En 2022, 335 mm de précipitations étaient tombés sur Marseille-Marignane, contre une moyenne annuelle normale de 535 mm. "Notre équipe essaie de répondre à des enjeux les plus locaux possibles". L'an dernier, l'association s'intéressait à la pollution plastique dans la Méditerranée qu'ils observent depuis leur université de Luminy, au coeur du massif des Calanques. 

Des billes d'alginate pour améliorer la rétention d'eau des sols 

"On a découvert une molécule, l'alignate, déjà utilisée dans l'agroalimentaire pour son action gélifiante", explique Fanny Bonil, cheffe de projet en laboratoire et chargée des collaborations, "mais ce qui nous intéresse, c'est sa capacité à maintenir l'humidité". L'association cherche à créer en continu la molécule d'alginate, sans OGM, présente naturellement dans les bactéries des sols qui la produisent en réaction à un stress. "Notre but, c'est de faire surproduire l'alginate par la bactérie, la p.putida. Or, on ne va pas s'amuser à provoquer un stress à chaque fois".

Bien conscients que "l'alginate n'est pas une solution, mais une couverture de sécurité", rappelle Fanny Bonil, Igem-Marseille travaille en ce moment en laboratoire sur la technique pour l'intégrer dans les sols, grâce à des billes de calcium d'alginate, qui sont "complètement biodégradables, et pourront être réutilisées par les autres micro-organismes du sol".

"Ce n'est pas qu'un projet scientifique, c'est aussi un projet social"

Depuis janvier 2023, l'équipe de neuf étudiants planchent sur des recherches scientifiques, des tests en laboratoires, parallèlement à leurs études. "Au début, c'était un peu compliqué, entre les périodes d'examen, certains qui travaillent. En ce moment, pendant les vacances, on vient toutes les semaines et on s'impose des objectifs pour la semaine suivante", admet Ian Garner. 

Pour se faire connaître des entreprises et start-ups, et sensibiliser le public aux tensions de l'eau, Igem Aix-Marseille multiplie les événements. Après avoir participé au Delta Festival, en août à Marseille (Bouches-du-Rhône), les étudiants seront présents dans les congrès scientifiques du CNRS ou à la fête de la Science de Marseille mi-octobre.

"Ce n'est pas qu'un projet scientifique, c'est aussi un projet social", insiste Ian Garner. Car même si l'association ne ressort pas vainqueur de la compétition, elle espère être recrutée par des entrepreneurs pour mettre en application son initiative auprès des agriculteurs des Bouches-du-Rhône. 

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