Pour "sauver" les propositions de la Convention citoyenne pour le climat, une pétition a été adressée au président de la République, Emmanuel Macron. Lancée par Cyril Dion le 16 novembre dernier, elle se rapproche de l’objectif des 500 000 signatures afin de forcer la main de l’exécutif pour "tenir parole" et "soumettre sans filtre" les propositions de la Convention citoyenne au référendum. Rencontre avec le réalisateur et l’écrivain Cyril Dion pour évoquer son activisme sur les questions écologiques.
L'idée du colibri au départ c'est : chacun peut faire sa part. Est-ce que selon vous, cette philosophie continue d'être valable ? Car nous demandons aux citoyens de faire des efforts, mais il faut que des structures suivent le mouvement aussi...
Oui, ce n'est pas suffisant et je pense qu'il faut arrêter d'opposer les deux. Chacun d'entre nous participe à orienter la société, dans la façon dont nous achetons, dans la façon de voter ou la façon de nous comporter. Tout cela est évidemment constitutif du monde tel qu'il est. L'inverse est vrai aussi, c'est-à-dire que la société oriente nos comportements, par exemple la question du recyclage a été orientée par les fabricants de plastique eux-mêmes qui se sont dits : "finalement, cela nous coûte cher de gérer nos emballages", comme Coca-Cola avec la charge des bouteilles en verre et leur entretien. Donc avoir des contenants jetables est plus facile pour ces entreprises qui laissent le consommateur se débrouiller avec ces emballages.
Puis je parlerais d'un un aller-retour, c'est un besoin de transformer les structures, les lois, les architectures dans lesquelles nous vivons pour pouvoir modifier les comportements de chacun. Nous avons aussi besoin qu'un certain nombre de personnes changent leurs comportements pour que cela impulse le mouvement.
Même si c'est important de faire tout ce que nous pouvons au quotidien, la priorité est de se mobiliser pour que les règles changent en votant."
Philosophiquement et en pratique, cela va être un challenge de faire des efforts pour la transition !
Absolument : c'est pour cela que je me bats actuellement pour transformer les règles, les lois, les architectures et que cela facilite la vie de tout le monde. Si demain il est interdit d'avoir un véhicule diesel, nous n'aurons pas à nous poser la question de savoir si notre vie sera plus compliquée parce qu'on nous demande de ne pas utiliser une voiture diesel.
C'est la même chose pour tous les autres sujets et je crois que nous sommes à ce stade d'une certaine manière, même si c'est important de faire tout ce que nous pouvons au quotidien : la priorité est de se mobiliser pour que les règles changent en votant. Par exemple, j'ai lancé récemment une pétition pour soutenir la Convention citoyenne pour le climat pour avoir une grande loi climat l'année prochaine et nous savons que le gouvernement est en train de la préparer. Il faut que cette loi soit la plus ambitieuse possible, mais elle ne le sera que si nous sommes des millions à exercer une pression en disant que c'est ça que nous voulons.
La question est de savoir ce qui nous donne l'impulsion ou l'obligation de faire ces petits gestes."
Si nous sommes des millions à changer de comportement, nous pouvons inverser et impulser des choses et nous avons l'exemple des gestes barrières contre la Covid-19. Est-ce qu'il n'y aurait pas là un essai à confirmer pour montrer que nous en sommes capables ?
Bien sûr que nous en sommes capables, et si tout le monde en faisait un petit peu cela transformerait le monde. La question est de savoir ce qui nous donne l'impulsion ou l'obligation de faire ces petits gestes. Pendant la période actuelle, il y a des gestes que nous sommes obligés de faire : porter le masque et être chez nous, cela rejoint la mise en place des grandes lois pour changer les règles communes afin de se mettre en sécurité.
Et puis il y a ces gestes que nous avons fait par solidarité parce que nous étions conscients que nous pouvions à la fois attraper le virus et le transmettre. Nous étions dans une situation de survie, c'est un déclencheur assez fort chez les humains. En même temps, cette solidarité donne la sensation de sauver d'autres personnes et c'est une qualité d'altruisme que possédons tous.
Mais ce type de gestes, nous devons les faire de manière plus forte pour le changement climatique parce que nous ne sommes pas encore dans cette situation catastrophique et il ne vaudrait mieux pas attendre que nous y soyons pour le faire !
Nous voyons que la plupart du temps il y a des mécanismes de solidarité pour sauver notre espèce et pour nous entraider."
Nous avons appris rapidement et nous nous sommes tous mobiliser, c'est peut-être une lueur d'espoir ?
Mais il y a plein de circonstances historiques qui ont montré cela. Que ce soit pendant des guerres ou pendant des épisodes vraiment tragiques, nous voyons que la plupart du temps il y a des mécanismes de solidarité pour sauver notre espèce et pour nous entraider, donc évidemment que cela se passera, mais j'aimerais que cela se passe avant que la catastrophe n'arrive et avant que certains phénomènes ne soient irréversibles.
Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Pour écouter la chronique Social Lab :
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