L'agriculture est actuellement responsable de 22 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde
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Environnement

Concilier durabilité agricole et sécurité alimentaire, c'est possible selon la FAO et l’OCDE

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Dans leur rapport annuel sur l’agriculture, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) se veulent rassurantes. Selon leurs prévisions, il est possible de réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en améliorant l’alimentation partout dans le monde. 

Intitulé "Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO 2025‑2034", ce 21ᵉ rapport annuel publié mardi 15 juillet évalue l’avenir de l’agriculture dans le monde, notamment face aux défis environnementaux, politiques et économiques. D’ici 9 ans, les deux organisations estiment qu’il sera possible d’augmenter les capacités de production agricole tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. 

"Alors que la demande alimentaire mondiale continue de croître, le défi consiste à réduire l’impact environnemental de la production agricole tout en assurant la sécurité alimentaire", résument les deux organismes. 

Produire plus…

Aujourd’hui, l’agriculture et la sylviculture comptent pour environ 22 % des émissions de gaz à effet de serre émises par les activités humaines. De plus, "la consommation mondiale de produits agricoles, halieutiques et aquacoles devrait progresser de 13 %, à prix constants" d’ici 2034, indique le rapport. Ainsi, les coauteurs prévoient que "la production agricole, halieutique et aquacole mondiale devrait progresser de 14 % au cours de la prochaine décennie".

Ces augmentations sont attendues dans les "pays à faibles revenus" qui verront leur population s’accroître dans les dix prochaines années, ainsi que dans les "pays à revenus intermédiaires" qui profiteront d’une élévation du niveau de vie des habitants et de l’urbanisation.

Pour y parvenir, les pays en cours de développement devront notamment augmenter leur gain en productivité en se dotant de "technologies innovantes ou perfectionnées" et avoir "un recours plus intensif aux engrais, aux aliments pour animaux et à d’autres intrants". Mais pour certains pays, comme en Afrique subsaharienne ou en Asie du Sud, l’accès aux nouvelles technologies reste complexe. La FAO et l’OCDE recommandent une augmentation des surfaces cultivées et de la taille des troupeaux. Cela pourrait engendrer une hausse de 6 % des émissions de CO₂.

… mais polluer moins

Pour autant, les deux organisations estiment dans leur rapport que "les simulations de scénarios indiquent que l’élimination de la sous-alimentation à l’horizon 2034 peut aller de pair avec une baisse des émissions de GES de l’ordre de 7 %".

Ce double objectif socio-environnemental ne s’atteindra toutefois pas sans condition. La FAO et l’OCDE émettent quelques conseils à respecter simultanément. Les pays doivent alors "faire croître de 10 % la production agricole et améliorer de 15 % la productivité, en plus de généraliser l’utilisation de technologies de réduction des émissions disponibles à l’heure actuelle".

Les pays en développement bénéficieront d’une "alimentation plus variée et plus nutritive", que pourront s’offrir les habitants grâce à l’urbanisation et à la hausse des moyens financiers disponibles. Mais, "en dépit de progrès notables, de nombreux habitants de cette catégorie de pays continueront à avoir du mal à se nourrir correctement", rappelle le rapport. Cette situation sera encore plus marquée dans les pays les plus pauvres.

Dans leur conclusion, les auteurs précisent tout de même que ces études n’ont pas pris en compte les incertitudes de quelque nature que ce soit. "Ces incertitudes pourraient avoir une incidence sur les marchés agricoles mondiaux à moyen terme", affirment-ils. Ces derniers insistent tout de même sur "le lien entre croissance et émissions [qui] continuera à évoluer si l’on adopte des méthodes de production plus efficientes et si les habitudes d’utilisation des terres et des intrants se modifient".