L’agriculture des pays du Sud global fait déjà partie des activités humaines les plus affectées par le changement climatique. Les régions de l’Asie du Sud et de l’Afrique subsaharienne sont les plus touchées par les phénomènes extrêmes qu’il provoque, obligeant les populations locales à s’adapter.
La résilience face au manque d’eau est l’un des enjeux centraux de cette adaptation. Nombreuses sont les régions du monde où la sécheresse est déjà un problème sérieux sur des périodes de plus en plus longues. Un phénomène qui ne devrait pas aller en s’arrangeant.
Adapter les cultures
Cinquième céréale la plus cultivée au monde, le sorgho est originaire du Sud-Est du Sahara et fait partie des cultures privilégiées face à la sécheresse. Son système racinaire profond lui permet d’avoir des besoins en eau et en intrants très limités, ainsi que de favoriser la régénération des sols. Elle peut ainsi continuer de pousser malgré des températures excédant 30°C, trop élevées pour des céréales comme le maïs ou le blé.
Principalement cultivé en Afrique, où se trouve la moitié de sa production, le sorgho s’étend petit à petit sur l’ensemble du globe. En France, c’est dans le Sud-Ouest que l’on peut croiser cette céréale granuleuse. Elle est produite avant tout pour nourrir le bétail, à la place du maïs, très demandeur en eau.
L’adoption en Europe de cette nouvelle culture permet aussi le développement de transfert de connaissances entre pays du Nord et du Sud, dans le cadre de la recherche sur cette plante. Il faudra toutefois beaucoup d’efforts pour espérer la voir remplacer le maïs, moins adapté aux périodes de stress hydrique mais soutenu par des décennies d’investissements massifs.
L'évolution des techniques d’irrigation des cultures est également un axe majeur de l’adaptation de l’agriculture face au manque d’eau. La plus populaire est l’irrigation goutte à goutte. Ce système consiste à verser l’eau en très petite quantité directement à la racine de la plante. Il permet d’éviter toutes les pertes par évaporation, ruissellement ou percolation.
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Cette technique est très utilisée pour faire pousser des fruits et des légumes dans les régions désertiques d’Afrique subsaharienne, comme la pointe de l’Afrique. Couplées à des serres pour retenir la fraîcheur et protéger les cultures des insectes, ces installations permettent aussi à des populations qui ont perdu leurs troupeaux à cause des conditions climatiques extrêmes de se réorienter.
L’agriculture intégrée, un modèle plus performant
Les solutions sont aussi à aller chercher du côté de l’organisation de l’agriculture. En Asie du Sud-Est, les inondations et les insectes ravageurs viennent s’ajouter aux épisodes de sécheresse. Pour pallier cela, les producteurs locaux se tournent vers des modèles d’agriculture intégrée, qui consiste à gérer les différentes activités agricoles comme un tout et non pas comme des activités séparées.
L’agriculture intégrée se met concrètement en place par la pratique de la rotation de culture longue et diversifiée, la réutilisation du compost et des déjections animales et le côtoiement des animaux et des plantations. Elle permet d’accroitre sa production et ses revenus, tout en participant à la régénération des sols, les rendant plus fertiles et plus résistants à l’érosion.
Au Cambodge, des agriculteurs élèvent ainsi des poissons ou du bétail à même la rizière. Cette technique nécessite toutefois une bonne organisation et fonctionne essentiellement dans de petites exploitations, majoritaires dans cette région d’Asie.