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Entreprises

Climat: 150 entreprises françaises font leur "convention citoyenne"

Inspirées par la Convention Citoyenne pour le Climat, 150 entreprises se sont réunies à Lille pour élaborer une série de propositions afin de réduire concrètement la pollution dans le secteur de l’économie.

Prendre la recette de la convention citoyenne pour le climat et l'appliquer aux entreprises: 150 dirigeants étaient rassemblés jeudi 21 et vendredi 22 octobre à Lille pour repenser leurs modèles économiques. Ils espèrent initier un mouvement vertueux dans les affaires.

Un défi de taille et des participants enthousiastes... mais déjà bousculés par les questions des intervenants: comment un constructeur de poids lourds peut-il être rentable avec moins de camions sur les routes ? Ou un fabricant d'électroménager tirer bénéfice de l'allongement de la durée de vie de ses produits ?

Rassemblés pour la seconde fois, après une session inaugurale en septembre, ces chefs d'entreprises de toutes tailles et tous secteurs, parmi lesquelles UPS, Heineken France ou Renault Trucks, partagent un point commun: tous semblent convaincus de la nécessité de transformer leur entreprise.

Les deux journées lilloises de cette Convention des entreprises pour le climat (CEC), sous la verrière d'Euratechnologies, ancienne usine textile réhabilitée il y a 12 ans pour accueillir un incubateur, visaient à renverser les "business models", la façon dont une entreprise génère des profits pour être viable.

Des discussions "sans tabou" sur les mesures à adopter

"Comment construire sans consommer d'espace et sans consommer de matériaux ?" s'interroge ainsi Emmanuel Morizot, directeur de l'innovation du groupe Briand. Cette entreprise de 1.600 salariés construit d'immenses bâtiments pour les grandes surfaces ou l'industrie partout en France.

Un activité consommatrice de béton, d'acier, mais surtout d'espace au sol, qu'elle artificialise. En terme d'impact, "on est des bons pollueurs", reconnait M. Morizot, convaincu que ce modèle "va dans le mur".

Dans son groupe de réflexion, avec 10 autres dirigeants, il liste librement, sans tabou, ses impacts négatifs pour mieux repenser son modèle: son entreprise pourrait demain rénover ou transformer du bâti existant, des friches, et concevoir des bâtiments modulaires ou démontables.

Règle du jeu des débats: "aller le plus loin possible, pousser le curseur au maximum", explique Eric Duverger, initiateur de la CEC, entièrement organisée par des bénévoles, et qui doit se poursuivre avec quatre nouvelles rencontres d'ici juin 2022.

Dans les discussions, les entreprises ne doivent plus émettre de carbone, faire une croix sur la ponction des ressources naturelles et avoir un impact positif sur l'environnement: en somme, aller "contre leur logique de maximisation des profits et leurs 'business models' linéaires (d'exploitation des ressources, ndlr), pour vraiment changer de paradigme", poursuit-il.

Les entreprises du CAC40 manquent à l'appel

Cet ancien directeur marketing chez Michelin y voit une logique économique : "Les matières premières et l'énergie vont couter de plus en plus cher. Ceux qui arrivent à faire de manière frugale vont être gagnants dans le monde de demain. Aujourd'hui, les prix ne représentent pas le coût de ce qu'on ponctionne sur la nature", souligne-t-il.

"C'est rude, car la simple amélioration de notre modèle ne suffira pas", témoigne un chef d'entreprise pendant un atelier. "On nous pousse à une forme de radicalité, mais c'est intéressant car on est des entrepreneurs", déclare un autre dirigeant.

Pour Eric Duverger, les entreprises restent "sur la réserve, alors qu'elles ont les hommes, les investissements. L'idée de la CEC, c'est de reprendre ce qui a fonctionné dans la convention citoyenne, le collectif", pour ensuite faire naître "des leaders d'opinion".

Convaincu, Emmanuel Morizot, du groupe Briand, est cependant inquiet de "la confrontation à la réalité, dans un marché guidé par des prix (et piégé par) ses modes d'appel d'offres, de contractualisation, qui ne laissent pas la place aux modèles alternatifs pour émerger". "La vraie question, c'est qu'est ce que Vinci, Bouygues vont faire demain ? C'est à eux d'infléchir", souligne-t-il.

Pourtant démarchés, les groupes du CAC40, "organisés pour communiquer sur tout ce qu'ils font de bien et donner l'impression de faire le maximum" sont, en dehors du Crédit Agricole, les grands absents de cette convention, selon Eric Duverger.

Avec AFP.

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