Pour cela, elle s’appuie sur un réseau engagé de partenaires et d’associations de soutien, notamment en France, et sur une vision commune d’un monde plus juste où chacun a la possibilité de se développer.
Mais cette action ne peut se faire sans le soutien des investisseurs. "Investir dans Oikocredit, c’est améliorer la qualité de vie des personnes à faible revenu, à partir de 200 €. Chaque euro est consacré à l’accès aux services financiers, à l’éducation, au logement, à l’assainissement, au soutien aux petites entreprises, à l’adaptation climatique et à la transition énergétique", souligne Mirjam ’t Lam, dirigeante de la coopérative.
Une vision née dans les Églises
L’histoire d’Oikocredit commence en 1968, lors du Conseil œcuménique des Églises à Uppsala. Face à la guerre du Vietnam et à l’apartheid, de jeunes chrétiens interpellent leurs aînés : l’heure n’est plus seulement aux prêches, mais à l’action concrète. Pourquoi les fonds d’Église sont-ils investis dans des banques qui soutiennent l’industrie de l’armement, alors qu’ils pourraient servir à financer des projets porteurs d’espoir ?
De cette indignation naît une vision qui deviendra réalité en 1975 avec la création d’Oikocredit. "Ils ont eu une vision : que les réserves financières des Églises servent à promouvoir la justice sociale et la paix dans le monde", rappelle Mirjam ’t Lam. Depuis, cette mission s’est élargie et a rallié bien au-delà des cercles religieux.
Un impact social mesurable et durable
Des débuts modestes – un logement pour un hôpital en Inde, un soutien à une coopérative en Équateur – Oikocredit est passée à une action mondiale. En 2024, elle travaille avec plus de 500 organisations partenaires dans 52 pays, totalise plus de 48 000 investisseurs et a déjà investi plus d’un milliard d’euros dans des projets à fort impact social.
Pour évaluer cet impact, Oikocredit se base sur des données tangibles. "Nous croyons fermement que notre impact est à la fois positif, mesurable et surtout durable", affirme sa CEO. Selon une enquête menée en 2024 auprès de 48 000 clients des partenaires d’Oikocredit :
-81 % des répondants ont déclaré que les partenaires d’Oikocredit avaient un impact positif sur leur bien-être au cours des 12 derniers mois ;
-32 % ont exprimé une inquiétude accrue concernant leur avenir, soulignant la nécessité de renforcer les stratégies de résilience financière ;
-61 % des répondants ont déclaré avoir épargné au cours des 12 derniers mois.
Ces retours permettent à la coopérative d’ajuster en continu ses interventions.
Des leviers d’avenir
Dans un monde confronté aux effets du dérèglement climatique, Oikocredit met l’accent sur des projets qui allient développement humain et durabilité : agriculture respectueuse de l’environnement, microcrédit, accès à l’énergie propre. Une stratégie essentielle alors que les populations les plus pauvres sont aussi les plus vulnérables face au changement climatique.
Ce que nous faisons est bien plus qu’un simple placement. Il s’agit de contribuer à un changement systémique, face à des défis comme les inégalités, le changement climatique ou la perte de biodiversité."
-Mirjam ’t Lam, dirigeante de la coopérative
Depuis 2014, la coopérative investit également dans les énergies renouvelables. "Aujourd'hui, l'Afrique ne représente que 2 % des investissements mondiaux dans les énergies propres, alors qu'elle abrite 20 % de la population mondiale et que sa demande énergétique croît rapidement", rappelle Mirjam ’t Lam, en citant l’AIE.
Pour Oikocredit, le défi est immense mais l’impact est concret : un panneau solaire peut permettre à un enfant d’étudier le soir, à un commerçant de préserver ses produits, ou à une femme de circuler plus en sécurité dans des rues éclairées.
Une finance au service de la dignité
Oikocredit incarne une autre manière de faire de la finance. Une finance qui ne cherche pas à maximiser les profits, mais à maximiser l’impact. Le rendement annuel visé par la coopérative est modeste (0 à 2 %), mais le sens de l’investissement est profond.
"Ce que nous faisons est bien plus qu’un simple placement. Il s’agit de contribuer à un changement systémique, face à des défis comme les inégalités, le changement climatique ou la perte de biodiversité", explique Mirjam ’t Lam. Et de rappeler : "Nous visons à co-créer des solutions innovantes et durables, et à prouver que le changement significatif est possible lorsque nous priorisons les personnes et les communautés."
En 2025, Oikocredit a lancé une nouvelle identité de marque et un site Web modernisé pour mieux toucher une génération en quête de sens. "Nous voulons offrir une plateforme claire, engageante et inspirante. Trop souvent, on nous dit : 'Ce que vous faites est formidable, mais pourquoi ne vous a-t-on pas connus plus tôt ?'".
Ce repositionnement vise à inviter davantage de jeunes à rejoindre cette aventure humaine et solidaire.
Une finance engagée face à l’avenir
Oikocredit évolue dans un monde incertain. Elle adapte sa stratégie en permanence à travers une planification par scénarios, tout en renforçant sa structure de gouvernance pour une meilleure exécution.
Avec un ticket d’entrée à partir de 200 euros, chacun peut devenir acteur de cette transformation. Car comme le rappelle Oikocredit, "que l’on ait 200 ou 200 000 euros à investir, il revient à chacun de décider que son argent soit utile".