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ÉDITO

Urgence climatique : la désobéissance civile s'organise

Ils décrochent le portrait d'Emmanuel Macron dans des mairies, sèchent les cours pour manifester devant le ministère de la Transition écologique, bloquent la Caisse des dépôts... Encore timidement mais sûrement, les jeunes Français se lèvent, sans violence, pour le climat.

Ils se font tous appeler "Camille". Un vingtaine d'étudiants ont bloqué vendredi 22 février la Caisse des dépôts à Paris, à laquelle ils reprochent les financements apportés à des entreprises investissant massivement dans les énergies fossiles. Le but de leur sit-in, dénué de toute violence : "demander la décroissance énergétique". Il s'agit ici de leur "Leçon n°2" au gouvernement - cf leur tribune publiée dans Reporterre.

Chaque semaine, "Les Camille de la grève de la jeunesse pour le climat" ont ainsi décidé de mener une action de désobéissance civile sur des thématiques différentes, déterminées durant des assemblées générales chaque début de semaine. Leur volonté : présenter au gouvernement une mesure "à mettre en œuvre immédiatement" afin d'empêcher "la continuation du désastre écologique".

Hors des cours, des leçons pour le climat

Ce 22 février, la "Leçon n°2" se poursuit à l'occasion d'une marche entamée à 13h depuis la place de l'Opéra, en présence de la jeune Suédoise Greta Thunberg. Cette dernière, devenue l'icône de la lutte contre le réchauffement climatique, a inspiré une mobilisation mondiale des jeunes pour la planète. Aux quatre coins du globe, des lycéens et des étudiants participent aux #FridaysForFuture - ou "Vendredis verts" en France : ils se mettent en "grèves scolaires" pour interpeller leur gouvernement. Si la mobilisation reste encore timide en France comparativement à des pays comme la Suède, la Belgique, ou encore l'Allemagne, il n'en demeure pas moins qu'elle s'installe peu à peu, prenant le relais des "Marches pour le climat". 

Pour rappel, la "Leçon n°1" de "la jeunesse pour le climat" française avait lieu le 15 février dernier à Paris : environ 500 lycéens et étudiants étaient rassemblés durant l'après-midi devant le ministère de la Transition écologique et solidaire afin de demander au gouvernement de "déclarer l'état d'urgence écologique et sociale". La troisième leçon aura lieu le vendredi suivant, et ainsi de suite. Ces "Vendredis verts" français ont été décidés à l'origine par 300 étudiants parisiens réunis sur le campus de Jussieu. Paris n'est la seule ville à se mobiliser : à la même date, des lycéens nantais se réunissaient également avec le collectif de la "Jeunesse nantaise pour le climat". 

Nous sommes non-violents, nous sommes non-masqués, nous assumons nos actes (...). L’urgence climatique prend le dessus sur le respect de la loi. - Félix, 22 ans

Mot d'ordre : pas de violence

En marge de ces grèves scolaires, des actions symboliques émergent dans L'Hexagone : jeudi 21 février, de jeunes militants décrochaient dans plusieurs mairies à Paris, Lyon et Biarritz, le portrait d'Emmanuel Macron. Félix, un activiste de 22 ans membre du collectif Action Climat Paris, participait à cette action dans la mairie du 5e arrondissement de Paris, confiant alors à ID : "Selon nous, ce vide symbolise la politique gouvernementale pour lutter contre l’urgence climatique". Ici également, la désobéissance civile se fait sans violence : "Nous sommes non-violents, nous sommes non-masqués, nous assumons nos actes et nous sommes prêts à accepter de possibles représailles, bien qu’elles soient illégitimes selon nous. Nous sommes prêts à contrevenir à la loi si nous considérons qu’il y a une injustice : l’urgence climatique prend le dessus sur le respect de la loi." La volonté de ne pas recourir à la violence est ainsi assumée chez ces jeunes militants : cette semaine, les collectifs Désobéissance Ecolo Paris et Action Climat Paris organisaient d'ailleurs à Paris une formation à l'action directe non violente. 

Tous ces "Vendredis verts" se suivront-ils et se ressembleront-ils, sans heurts, sans dérapages, mais avec une détermination sans faille de la part des jeunes ? Il s'agirait en tout cas d'un excellent point de départ pour construire une société plus respectueuse de la planète et de l'humanité. À suivre avec une mobilisation plus vaste encore des jeunes à l'échelle mondiale prévue le 15 mars prochain, à l'initiative encore une fois de Greta Thunberg. 

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