L'ancien rugbyman Julien Pierre a lancé le premier label vert pour les clubs et les évènements sportifs : Fair Play For Planet.
©THIERRY ZOCCOLAN / AFP
Education/Citoyenneté

Stop au plastique, aux produits phytosanitaires, aux détritus : un ex-rugbyman s'engage pour un sport plus "vert"

Afin de limiter l'impact du sport sur l'environnement, un ancien rugbyman français a développé un label écoresponsable.

ID s'est entretenu avec Julien Pierre, ancien rugbyman professionnel et fondateur de l'association Fair Play For Planet, qui a créé le premier label vert des clubs et événements sportifs ayant un engagement environnemental.

J'ai pu constater l'impact du sport sur l'environnement et son influence sur la santé."

Pourquoi créer un label vert destiné au monde du sport ?

J'ai cette fibre environnementale depuis très longtemps qui est familiale, et un engagement personnel, puisque j'ai créé la fondation La Passerelle Conservation, qui est ancrée sur l’environnement et dont je suis toujours président. En étant un sportif de haut niveau, j'ai pu constater l'impact du sport sur l'environnement, et son influence sur la santé. Nous voyons également le réchauffement climatique qui a des impacts sur les grandes compétitions internationales… Tout cela a mûri dans ma tête après un arrêt de carrière il y a deux ans et demi et une reprise d'études avec un mémoire qui portait sur la création d’un label vert dans le sport.

Le sport est-il un levier de sensibilisation ?

Le sport, les clubs de sport et les sportifs sont souvent très impliqués. Socialement, les clubs amateurs sont des acteurs sociétaux et sociaux de leur territoire. Comme les clubs professionnels qui sont généralement engagés auprès de diverses associations. Mais il est vrai que la partie environnementale est un sujet pour lequel les clubs et les sportifs n’osent pas trop s’engager, car il s’agit d’un sujet un petit peu complexe et très vaste. La problématique écoresponsable, l’engagement environnemental, arrive bien après que le club ait pensé à gagner le prochain match, bouclé son budget, recruté la future star…. Mais surtout, il y a un constat : quand on commence à se plonger dedans, par quoi on commence ? Quelles sont les premières actions que nous devons mener ? Ce n’est pas évident de se mettre en mouvement.

Avez-vous constaté sur le terrain des pratiques allant peut-être dans le sens contraire de ce que devrait être l’histoire maintenant, au vu de l’urgence face à laquelle nous sommes ?

Comme dans beaucoup de secteurs de la société. Bien entendu à la fin d'un match, lorsque nous voyons les stades remplis de détritus de bouteilles en plastique, de gobelets en plastique, de prospectus… C’est une image que nous n’avons pas envie de voir et que nous voyons parce qu’il y a la télé, parce que nous communiquons là-dessus. Mais nous pouvons aussi amener un message positif avec des actions concrètes sur le terrain au jour le jour et communiquer dessus, les mettre en valeur, aller plus loin et s’engager plus.

Comment un club de sport peut "vraiment" s’engager pour l'environnement ?

Aujourd’hui nous parlons de transition écologique, d’engagement pour l’environnement, de bilan carbone, ou encore de compensation... Ce sont des choses qui existent et qui sont très bien, car elles permettent de mesurer l'engagement et voir où nous en sommes. Mais cela ne veut pas dire qu’il s’agit d’une finalité. Avant de compenser un bilan carbone, il y a des actions concrètes à faire sur le terrain qui ne sont peut-être pas anodines. Nous pouvons penser que ce n'est pas de l'écoresponsabilité alors que si, c'est du développement durable. Il est question de poser la petite graine et de dire : "Voilà ce que nous pouvons faire !". Nous avons mis le doigt là mais nous pouvons aller plus loin. Aujourd'hui, nous avons supprimé le plastique à usage unique, demain nous allons enlever les produits phytosanitaires pour tondre les pelouses, aller de plus en plus loin et ainsi réduire notre empreinte carbone comme ça. En ayant réellement une vision écoresponsable/développement durable.

Quels sont les bénéfices pour les clubs et événements sportifs qui obtiennent votre label ?

Avant toute chose, au-delà du label, il s’agit d’un outil pour structurer cet engagement parce que les clubs n'ont pas forcément le temps. Ensuite, aujourd’hui quelle entreprise, marque ou acteur ne s’engage pas dans le développement durable ou ne veut pas dire : "je suis engagé, je fais des actions pour la protection de l'environnement" ? Le sport et les clubs de sport sont des vecteurs de communication exceptionnels. Compte tenu du nombre d'entreprises qui se "collent" à certains clubs pour y avoir leur image, il y aura forcément plus de partenaires demain lorsque ces clubs-là seront "verts". Les collectivités sont de plus en plus attentives aux engagements de ces clubs. Et si les clubs sont engagés dans une écoresponsabilité, cela est aussi un vecteur de communication pour la collectivité.

Il faut s'engager maintenant pour nos enfants !"

Par ailleurs, des études ont été faites il y a quelque temps en Angleterre sur les supporters et fans de foot, et il est ressorti que plus de 80 % d'entre eux souhaitaient que leur club s'engage autant sur les questions environnementales que sur les questions de racisme ou d'homophobie. Donc il s'agit d'une vraie demande de la société sur plusieurs leviers. Je pense que les clubs ont tout à gagner. Aussi, je pense qu'il faut s’engager et mettre en place des actions avant que cela ne devienne obligatoire. Et puis un petit peu plus philosophiquement, il faut s'engager maintenant pour nos enfants, c'est tout !

Le label va-t-il pousser ses détenteurs à aller plus loin ?

Nous avons travaillé avec l’Agence de la transition écologique pour identifier toutes les caractéristiques environnementales de notre référentiel. Une fois ce dernier transmis aux clubs et événements avec lesquels nous travaillons, nous envoyons un expert certifié qui vérifie l'exactitude des déclarations. Nous leur remettons ensuite un rapport avec notre évaluation et surtout des axes d'amélioration ainsi que des solutions. Tous les ans, nous proposons un suivi avec les clubs qui s’engagent avec nous afin de voir où ils en sont et quelles actions ont été mises en place. Le référentiel va bien entendu évoluer dans le temps, car de nouvelles technologies vont peut-être émerger et des solutions vont voir le jour. De ce fait, dans les années qui viennent, nous allons forcément attendre qu'il y ait plus d'engagement.

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Pour écouter la chronique Social Lab :

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