Le label DD&RS est propre à l’enseignement supérieur et à la recherche.
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Education/Citoyenneté

Engagements sociaux et environnementaux : l’École polytechnique labellisée DD&RS

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Valoriser les démarches de développement durable et de responsabilité sociétale des établissements d’enseignement supérieur et de recherche français, voici la vocation du label DD&RS. L’École polytechnique vient tout juste d’être labellisée. 

L’École polytechnique a annoncé en ce mois de janvier l’obtention du label DD&RS (Développement Durable et Responsabilité Sociétale), “résultat d’années d’engagements sociaux et environnementaux”. Celui-ci est valable quatre ans. ID précise dans cet article les particularités de ce label. 

Rappelons que ce dispositif de labellisation couvre les 17 objectifs de développement durable définis au niveau international. Dans un communiqué, l’École polytechnique explique que l’ensemble des sujets DD&RS sont couverts en son sein, structurés autour de l’égalité des chances et de son Plan Climat.

Parmi les actions menées dans le cadre de ce Plan Climat, la création d’un nouveau cours (voir plus bas), mais aussi du centre interdisciplinaire Energy for Climate (E4C), qui allie les forces des écoles de l’Institut Polytechnique de Paris et du CNRS. L’École polytechnique évoque également la baisse de 10 % des émissions du CO2 liées à la consommation énergétique sur son campus. 

ID s’est entretenu à ce sujet avec Anne-Sarah Socié, déléguée à la soutenabilité à l’École polytechnique. 

Quelle est la particularité de ce label ? 

Le gros avantage de ce label DD&RS, c’est qu’il est propre à l’enseignement supérieur et à la recherche. Il se décline en cinq volets : gouvernance, formation, recherche, environnement, politique sociale, mais l'ensemble des variables stratégiques qui sont dans ces volets posent des questions particulières au métier d'enseignement supérieur à la recherche. 

Il faut déposer au préalable une candidature ? 

Oui, on a fait une candidature. Nous avons déposé le dossier au mois de mai je crois, c'est assez volumineux. Nous avions plus de 400 pièces justificatives, parfois en doublon sur des variables.  

C’est un label qui a été créé par des pairs, par des référents en développement durable dans des établissements d’enseignement supérieur et de recherche. Une équipe d’auditeurs est désignée, il s’agit donc de pairs qui font d’abord une étude documentaire sur ce que nous avons fourni sur la plateforme. Puis une audition de 3h30. C’est quasiment un an de projet. 

Pourquoi est-ce important pour l’École polytechnique de s’inscrire dans une démarche de développement durable au sens large ? 

C'est très cohérent avec la mission de l’école, le bien commun. Et pour adresser les enjeux d’aujourd’hui. Nous essayons d’être au plus proche des enjeux sociaux, environnementaux, de l’IA, de la souveraineté... des gros questionnements du 21ème siècle, qui sont les enjeux prioritaires de l’école. Il y a donc à la fois nos racines et notre ancrage.  

Avec ces démarches d’audit, nous avons un regard externe sur ce qu’il faut rechallenger, comment nous pourrions nous améliorer... C’était aussi enrichissant pour ça."

Qu’est-ce qui fait selon vous que vous méritez aujourd’hui ce label ? 

C’est quelque chose qu’on a dans le viseur depuis plusieurs années, nous avons attendu d’être prêts. Il y a deux projets structurants à l'école. Il y en a un qui est très ancien, qui date d’une dizaine d’années, c’est l’action sur l'égalité des chances. Sur le volet sociétal, c'est vraiment une action différenciante pour nous parce que nous savons que sur ces questions de l'égalité, il n'y a pas que ce qui se passe dans nos murs. Pour un établissement comme le nôtre, il y a aussi comment on y accède.  

Anne-Sarah Socié, déléguée à la soutenabilité

L’autre projet relativement plus récent est le Plan climat (ndlr : il est construit autour de 10 objectifs réalisables à 5 ans, intégrant les questions de développement durable aux missions fondamentales de formation, de recherche, d’innovation et de fonctionnement du campus de l’École polytechnique). Nous l'avons publié en janvier 2022 et je n’aurais pas soutenu une candidature six mois après. Nous sommes à mi-chemin des cinq ans, nous commençons à avoir des réalisations concrètes sur tous les périmètres donc ça paraissait raisonnable de pouvoir valoriser les deux premières années du Plan climat mais aussi de prendre l'opportunité d'un petit recul. 

Avec ces démarches d’audit, nous avons un regard externe sur ce qu’il faut rechallenger, comment nous pourrions nous améliorer... C’était aussi enrichissant pour ça. 

Parmi les actions menées dans le cadre du Plan Climat, pouvez-vous me dire un mot sur le nouveau cours proposé par l’École depuis la rentrée de 2024, "Engineering Sustainability, s’ingénier pour durer" ? 

Dans le Plan climat, côté formation nous avons deux objectifs. L’un concerne le début de formation et le deuxième concerne la façon dont l’étudiant ressort de chez nous avec des compétences spécifiques dans sa discipline. Ce cours adresse la première étape, donc comment en entrée de formation nous avons le B.A.-BA des enjeux. Nous avons fait le choix de confier cela à Céline Guivarch, économiste au GIEC.  

Elle pilote ce cours avec une sorte de lettre de mission de proposer un cours pluridisciplinaire, à plusieurs voix. De faire un cours avec une équipe pédagogique de huit enseignants couvrant sept disciplines. Chacun a son contenu de base mais ils travaillent entre eux et se questionnent pour toutes les articulations. Pour montrer comment la limite d’une discipline va venir questionner l’autre. 

C’était l’occasion de vivre ce périmètre des transitions écologiques et sociétales dans un projet commun."

Vous sentez que vos élèves sont demandeurs sur ces thématiques ? 

Oui, je suis arrivée en 2019, à la période des marches pour le climat de la jeunesse. Il y a dans ces promotions-là une part de nos étudiants qui sont engagés et demandeurs. Même les moins engagés évitent de moins en moins ces questionnements. Ils se demandent quelle est leur place d’ingénieur dans cet enjeu-là. Il y a un questionnement sur : "À quoi je peux être utile ? Est-ce que je suis utile ?"  

C’est pour ça qu’il est important d’adresser cette question dès le départ et de les embarquer là-dessus. On essaie de leur expliquer ce qu’il y a encore à comprendre et à trouver. Ça ne veut pas dire que la science est la solution à tout, mais qu’ils ont en tant qu’ingénieurs un morceau à apporter dans un questionnement plus vaste. 

J’imagine que c’est une fierté pour l’École polytechnique d’avoir reçu ce label ? 

Oui, nous sommes contents, surtout que ça a mis un an à se faire. Ce qui était intéressant avec ce label, c’est le volet RSE. C’était l’occasion de vivre ce périmètre des transitions écologiques et sociétales dans un projet commun. Nous voulons continuer avec cela, une direction RSE va se monter.  

J’allais vous demander quels sont vos défis à venir, il y a donc cette nouvelle direction RSE ? 

Oui, je suis notamment sur la partie environnement, j’ai des collègues qui travaillent sur les aspects de diversité, de la qualité de vie de travail, de l’égalité des chances, et effectivement, la volonté de la directrice générale Laura Chaubard est de monter une direction qui puisse construire des transversalités. Et de voir aussi comment nous pouvons mieux nous articuler et nous nourrir aussi dans chacun des axes. 

Le label est valable quatre ans, ça veut dire qu’il faut sans cesse se challenger... 

Oui, nous devons même faire un rapport d’étape à deux ans ! 

Souhaitez-vous souligner un autre point ? 

Il ne faut pas oublier le volet recherche, parce qu’il a été a priori un point fort du dossier. Ça devient tellement une évidence qu’on oublie presque de le dire !