Même en ville, il est possible de se reconnecter à la nature.
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Education/Citoyenneté

La place de la nature dans nos sociétés diminue, selon une étude

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Selon des scientifiques britanniques, les relations entre humains et nature se sont détériorées depuis l’industrialisation des sociétés. Vocabulaire, culture, loisirs… la nature disparait peu à peu de nos vies. 

La nature s’éloigne de nos modes de vie. C’est le constat qu’a fait un groupe de scientifiques britanniques dans leur dernière étude. Ils estiment que la connexion des êtres humains à la nature a chuté de "50 % en dessous de son niveau d’il y a deux siècles". 

Les chercheurs ont analysé des données historiques variées comme l’avancée de l’urbanisation, la présence de faunes et de flores, la pratique des promenades ou encore les livres. C’est ainsi qu’ils ont établi que l’usage des termes associés au vivant a largement diminué entre 1800 et 2020. Selon leurs calculs, cette perte a atteint un pic en 1990 avec 60,6 % des mots de ce champ lexical jugés comme "disparus".

Cela comprend notamment la disparition de certains noms de plantes dans le vocabulaire courant, mais également une baisse de l'utilisation de certains mots avec les années comme "rivière" ou "mousse". 

La famille, le centre névralgique du rapport à la nature 

Miles Richardson, coordinateur de cette étude, explique que ce phénomène est le fruit d’une transformation générationnelle : "Si les enfants naissent avec une connexion initiale à la nature plus faible, du fait de la relation réduite de leurs parents (elle-même influencée par des environnements urbanisés), cet effet se propage et s’amplifie au fil des générations."

Selon leurs modèles de calcul, les chercheurs prévoient une "extinction de l’expérience" de la nature dans les prochaines décennies. Cette distance entre la nature et l’Homme s’étant déjà accentuée depuis 1800, les parents d’aujourd’hui "s’orientent peu" vers les milieux naturels. À terme, les enfants de demain pourraient être déconnectés de leur environnement. 

"La connexion à la nature est désormais reconnue comme l’une des causes profondes de la crise environnementale", soutient Miles Richardson. "Elle est également essentielle à notre santé mentale. Elle unit le bien-être des humains et celui de la nature. Un changement en profondeur est nécessaire si nous voulons transformer la relation de la société à la nature."

Une transformation possible

Un changement qui s’annonce toutefois titanesque. Ils ciblent en particulier les parents et les enfants pour inverser ce phénomène de la même manière qu’il s’est aggravé, par la transmission générationnelle. 

De plus, Miles Richardson rappelle que plusieurs initiatives menées par des associations n’ont eu des bénéfices qu’à court terme sur la santé mentale des citadins car trop individualisées. Cela a eu des conséquences positives, certes, mais encore loin de rattraper la rupture engagée depuis 220 ans. 

Cependant, l’étude reconnaît que cette déconnexion n’est pas un problème individuel. "C’est un phénomène systémique, profondément enraciné dans les évolutions démographiques et environnementales de long terme", résument les chercheurs. 

Dans un entretien donné au journal britannique The Guardian, Miles Richardson affirme que les villes devront être "10 fois plus vertes" pour renverser la tendance actuelle. 

Tout au long de l’étude, les scientifiques insistent : "Une transformation est possible." Ils appellent désormais à "prioriser l’engagement intergénérationnel à travers des programmes éducatifs, des initiatives communautaires et des expériences en pleine nature en famille, permettant aux parents et aux familles de renouer avec la nature".