Greta Thunberg, activiste pour le climat.
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MOBILISATION CLIMAT

Greta Thunberg : itinéraire d'une militante qui a bousculé les dirigeants du monde entier

Elle a 16 ans et le Time Magazine la classe parmi les 25 adolescents les plus influents du monde. Comment la Suédoise Greta Thunberg est-elle devenue en quelques mois une icône mondiale de la lutte contre le réchauffement climatique ? Une chose est certaine, la jeune militante est loin d'avoir froid aux yeux. 

Sur son compte Twitter où elle compte plus de 2 200 000 abonnés, Greta Thunberg se décrit très sobrement : "A very happy young girl looking forward to a bright and wonderful future". La jeune militante, qui souffre d'un syndrome d'Asperger et arbore régulièrement sa pancarte "Skolstrejk för klimatet" ("Grève étudiante pour le climat"), s'est rapidement fait remarquer dans son pays. Dans un long portrait, le journal Le Monde rappelle que Greta Thunberg a commencé sa grève scolaire seule, "assise devant le Parlement suédois" en août 2018, "au terme de l'été le plus chaud jamais enregistré en Suède". La militante avait alors décidé de faire grève le vendredi jusqu'aux élections du 9 septembre 2018, pour interpeller les différents candidats. 

La jeune activiste, Greta Thunberg, a protesté seule avec sa pancarte devant le Parlement suédois pour la "grève scolaire pour le climat".
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Depuis, Greta Thunberg n'est plus seule : 

Premier acte fort qui a contribué à faire connaître l'adolescente à travers le monde, une vidéo postée sur son compte Twitter en septembre dernier, dans laquelle elle lance un appel mondial - adressé notamment aux jeunes -, à faire la grève scolaire tous les vendredis pour le climat. "Chaque vendredi, l’on va s’asseoir devant le Parlement suédois, jusqu’à ce que la Suède respecte les engagements de l’Accord de Paris. Nous sommons tout le monde de faire la même chose, où que vous soyez (…). Pourquoi devrions-nous étudier pour un futur qui n'existera bientôt plus ?". Son mouvement "Fridays for Future" inspire depuis les jeunes du monde entier. En Belgique, en l'espace de sept semaines, jusqu'à 35 000 personnes sont recensées dans tout le pays les journées de mobilisation les plus importantes. En France, la mobilisation des jeunes, qui a débuté timidement le 15 février dernier, prend peu à peu de l'ampleur. Aux Pays-Bas, en Australie, au Royaume-Uni, et évidemment en Suède, les jeunes se lèvent tout particulièrement pour le climat. 

Autre temps fort pour Greta Thunberg ces derniers mois, sa prise de parole remarquée à la COP24 à Katowice en Pologne, le 4 décembre 2018. "Nos dirigeants se comportent comme des enfants, alors nous n'avons pas le choix que d'endosser les responsabilités qu'ils auraient dû prendre il y a bien longtemps", déclare-t-elle alors. "Aucune politique ne peut changer cela pour l'instant. Aucune politique ne laisse le pétrole dans le sol. Nous ne pouvons sauver le monde en respectant les règles actuelles, car les règles doivent changer", ajoute-t-elle. Son discours a fait le tour du monde.

La militante s'exprime également lors du Forum Économique Mondial à Davos, en Suisse, du 22 au 25 janvier derniers. Pour se rendre sur place, l'adolescente fait 32 heures de train. "J’ai arrêté de prendre l’avion par conviction, parce que je ne veux pas dire une chose et agir autrement (…) J’estime qu’il est insensé que des personnes qui discutent notamment ici du dérèglement du climat, arrivent en jet privé", indique-t-elle à Brut

La militante appelle alors à une grève mondiale en faveur du climat, le 15 mars dernier.  Près d’une centaine de milliers de jeunes du monde entier, dont plus de 189 000 dans 226 villes de France, font le choix de ne pas se rendre à l’école pour dénoncer l’inaction des politiques et des adultes en règle générale face à l’urgence climatique dans le monde. À elle seule, la mobilisation parisienne rassemble environ 30 000 participants. Cette mobilisation prend différentes formes : marches, actions non violentes, ramassages de déchets… Les jeunes mobilisés n’hésitent pas à pointer du doigt le gouvernement et les multinationales. Lors de cette grève mondiale, Greta Thunberg est dans les rues de Paris avec les jeunes.

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Par la suite, la militante enchaîne les visites dans différents pays : le 28 mars, elle se rend pour la troisième fois à Berlin afin de soutenir les jeunes Allemands dans leur combat pour réclamer une politique climatique plus ambitieuse. Le 19 avril, elle continue son tour du monde et se rend à Rome en Italie. Elle est alors moquée par l’ancien ministre de l’Intérieur Matteo Salvani mais avait reçu deux jours plus tôt le soutien du Pape François qu’elle avait rencontré au Vatican. Presque un mois plus tard, l’adolescente de 16 ans s’exprime devant le Parlement Britannique et reproche aux parlementaires leur "incompréhension" de la crise climatique.

Des discours critiqués 

Au milieu de l’été, la jeune activiste prononce un discours devant l’Assemblée Nationale et appelle ses auditeurs, dont le monde politique, à "prendre la pleine mesure de la crise climatique, à écouter et respecter ce qu'indique la communauté scientifique, à ne pas fabriquer des faits, et à passer des déclarations aux actes". 

À la fin de l’été, Greta met les voiles, au sens propre, en direction des États-Unis. Lors du sommet de l’ONU, l’adolescente prend la parole devant les soixante chefs d’Etats présents. Voici la vidéo de ce discours très fort, qui a valu à la jeune femme de nombreuses critiques, reprise par Le Monde :

Avec seize jeunes activistes, elle intente dans la foulée une action juridique contre cinq pays dont la France. Pour enclencher cette procédure, tous s’appuient sur la Convention de l’ONU des droits de l’enfant. Pour que leur action soit juridiquement recevable, les jeunes activistes doivent viser des pays ayant signé et ratifié un protocole additionnel. Parmi tous les pays, seuls 45 ont signé et ratifié ce protocole depuis 2011. On y retrouve la France, la Turquie, le Brésil, l’Allemagne et l’Argentine, soit les cinq pays attaqués par Greta Thunberg.