Les réseaux d'entraide nés pendant le confinement veulent prolonger ce "réveil citoyen", selon des témoignages recueillis par l'AFP.
©Anne-Christine Poujoulat/AFP
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De nombreux réseaux veulent prolonger l'entraide née du confinement

"Jardins partagés" en Ariège, "visières solidaires" dans le Haut-Rhin ou "paniers suspendus" à Rennes: les réseaux d'entraide nés pendant le confinement veulent prolonger ce "réveil citoyen", selon des témoignages recueillis par l'AFP.

"Bienveillance contagieuse citoyenne": c'est le nom du groupe lancé en mars au Havre par Flora Fiszlewicz et sa mère. L'idée : "apporter un peu de joie dans cette période compliquée" et rassembler les bonnes volontés pour "faire les courses ou à manger pour les personnes âgées", envoyer des dessins d'enfants dans des Ehpad ou proposer des défis sportifs en vidéo.

Quelque 640 réseaux de ce type sont recensés par le site covid-entraide.fr. L'une de ses initiatrices, l'essayiste et élue régionale en Auvergne-Rhône-Alpes (Rassemblement citoyen, écologiste et solidaire) Corinne Morel Darleux, le définit comme "un appel à faire et agir de manière immédiate par des actions d'entraide et d'auto-organisation".

Pour Delphine Druet, "institutrice, syndicaliste Solidaires, gilet jaune et membre d'un réseau d'entraide" dans les Deux-Sèvres, "il faut qu'on se prenne en main parce que l'Etat n'est plus opératoire".

"Les pouvoirs publics ont complètement disparu" au début de la crise, renchérit Léo Genebrier, animateur de la CGT chômeurs dans la région d'Aubenas (Ardèche), qui a participé au lancement d'une plateforme recensant localement les actions pour "une entraide par la base et pour la base".

Guillaume Vanier a lui aussi créé un site internet d'entraide sur la région Lorraine, qui a permis de récupérer du matériel pour des personnels soignants de Longwy (Meurthe-et-Moselle) ou de trouver un insufflateur pour l'hôpital de Bar-le-Duc (Meuse). Toujours dans le Grand Est, durement touché par le coronavirus, Eric Moser a utilisé son savoir-faire d'imprimeur 3D pour créer des visières plastiques. Au sein d'un groupe d'une soixantaine de "makers" du Haut-Rhin, les "Visières solidaires 68", il explique avoir simplement "répondu à un besoin".

"La magie s'opère"

"Confiné, je ne me voyais pas ne rien faire", confie Jean Guillotin, à l'origine d'un groupe "Solidarité entre voisins" sur Toulon et ses environs, qui compte aujourd'hui 1.200 membres. Parmi les initiatives: 200 couturières ont confectionné des masques.

"Les jeunes Landais" est un groupe né fin 2019 à Mont-de-Marsan pour proposer des activités communes aux jeunes. Avec la crise, les quelque 70 bénévoles se sont mobilisés pour faire les courses des aînés, explique son président, Claude Barri, 21 ans, qui veut faire désormais de l'association "un lieu de rassemblement intergénérationnel".

"La magie s'opère avec un réveil citoyen autour des solidarités", s'enthousiasme Sadia Alami, présidente bénévole de la Maison des citoyens de Rennes qui a importé de Naples l'idée des "paniers suspendus" consistant à installer dans des endroits fixes (bancs, places, porte des immeubles ou devant les maisons) des paniers contenant des produits d'hygiène et des vivres pour les personnes sans ressource.

A Amiens, dans le quartier populaire de Saint-Maurice, ceux qui le pouvaient ont imprimé des attestations de déplacement ou des devoirs pour les enfants, fait les courses ou promené les chiens des plus vulnérables, raconte Marine Feron pour qui "quelque chose se met en place" : un projet de "jardin partagé" est à l'étude.

En Ariège, les "jardins partagés" du village de Lorp-Sentaraille existent eux depuis 2016. Mais Martine Crespo, à l'origine de ce lieu où des particuliers viennent "retrouver une autonomie alimentaire" en cultivant des parcelles de 30 m2, a vu un afflux de demandes avec la crise sanitaire. Elle y voit "une prise de conscience de notre fragilité".

Cette fragilité, Karim Belboukhari l'a ressentie dans le quartier de Saint-Pantaléon à Autun (Saône-et-Loire) où il dirige l'association de développement local "Les ateliers nomades". Des actions de solidarité ont eu lieu là aussi mais, gros bémol, il s'inquiète que n'aient pas été assez pris en compte les dégâts que le confinement a pu causer sur la "santé mentale".

Ces initiatives ont pour la plupart "vocation à durer" pour "développer cette culture de l'entraide" et "penser un autre mode d'existence", explique Corinne Morel Darleux, qui a écrit un livre intitulé "Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce". Ces "réflexions sur l'effondrement" sont parues chez Libertalia en juin 2019.

Avec AFP.

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