Déchets, transports des festivaliers et des artistes...l’empreinte carbone des événements musicaux peut vite grimper. Selon le think tank The Shift Project, "un festival en France, qui accueillerait 280 000 personnes sur quatre jours chaque année, en périphérie, à l’instar des Vieilles Charrues, émet potentiellement 14 000 tonnes équivalent en CO2e. Cela fait environ 50 kg de CO2e par festivalier." Pour limiter leur impact sur l’environnement, certains festivals mettent en place des actions écologiques, à l’image de We Love Green, qui a eu lieu du 2 au 4 juin au bois de Vincennes, à Paris. Vaisselle réutilisable, menus 100 % végétariens, parking à vélos...ID a passé au crible les différents engagements écoresponsables du festival.
En tant que visiteur, difficile de passer à côté. Aux quatre coins du site, des panneaux affichent les ambitions écologiques de l’événement. "A We Love Green, les éléments de scénographie sont en grande partie issus de la récupération de matériaux, les nôtres ou ceux des autres", peut-on lire sur l’un d’eux. Plus loin, des petites mains s’activent pour trier les déchets des festivaliers dans "un centre de tri". “Ici, nos super-héros du tri passent toutes les poubelles au peigne fin pour les dispatcher dans nos 14 flux de déchets”, apprend-on.
"Un laboratoire d’expérimentations"
Bien plus qu’un événement musical, We Love Green se définit comme "un laboratoire d’expérimentations et de développement de solutions, innovations et méthodologies de travail écoresponsables pour le secteur événementiel et le spectacle vivant”. Depuis son lancement en 2011, le festival s’est montré précurseur sur plusieurs sujets, à commencer par l'énergie. L’éclairage et la sono sont alimentés par un mix énergétique : ferme solaire sur site, biocarburants et réseau électrique local. Depuis 2022, le festival expérimente la pile à combustible et un nouveau générateur à hydrogène vert.
Signataire de la charte Drastic On Plastic, We Love Green applique également la politique zéro plastique à usage unique. Côté boissons, des gourdes sont distribuées à l’entrée avec une incitation à les rendre à la sortie. Des robinets d’eau gratuite sont également disposés sur le site. Côté food, certains stands proposent des bols et assiettes réutilisables consignés.
Soucieux d’innover chaque année, les organisateurs ont proposé, pour cette douzième édition, une restauration végétarienne. Au menu : kebab de pleurotes, tempura de légumes, yassa végé...Avec cette formule, le festival espère "diviser par quatre les émissions de CO2 liées à la restauration”. Dans son rapport "Décarbonons la culture !", The Shift Project estime que le passage à une alimentation bio, locale et végétarienne permettrait à un festival de réduire de 15 % son empreinte carbone.
"Le plus petit des grands festivals"
Si We Love Green fait des efforts pour réduire son empreinte, des défis restent à relever. Cette année, 100 000 spectateurs se sont pressés au bois de Vincennes. Un chiffre qui a été multiplié par huit en douze ans. Cette augmentation n'est pas sans conséquence. Selon The Shift Project, "plus les jauges grandissent, plus les spectateurs viennent de loin […] plus les émissions de CO2 croissent de façon importante. Cette croissance des jauges apparaît donc comme le principal vecteur de croissance incontrôlée des émissions de CO2″.
Interrogée sur cette question des jauges, Marie Sabot, directrice du festival, se défend : "On est le plus petit des grands festivals. Nous avons fait le choix de programmer moins d'artistes internationaux pour cette édition. Une scène musicale a été retirée. Résultat, nous avons moins de festivaliers que d'habitude. Dans les années à venir, la fréquentation va au pire se stabiliser, au mieux descendre."
Pour limiter les émissions, le festival assure par ailleurs travailler sur la mutualisation des transports des prestataires et encourager les festivaliers à venir en transports en commun ou à vélo.
Autre point noir : l'impact sur la biodiversité d'un tel événement. En amont du festival, plusieurs associations écologiques ont dénoncé les nuisances générées par ce type de manifestations sur la faune et la flore. "Nous avons interdit les effets pyrotechniques et les détonations. Aucun démontage n'a lieu la nuit", égraine Marie Sabot.
De timides mesures selon la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) qui réclame tout bonnement de reporter la date des concerts pour que celle-ci ne coïncide plus avec la période de reproduction des oiseaux. Une requête difficile à mettre en place selon la directrice du festival. "Je n'ai pas de pouvoir décisionnel sur ce type de sujets", explique-t-elle, avant d'ajouter : "Nous avons toutefois mandaté une étude 'quatre saisons' pour étudier la faune et la flore du bois de Vincennes. Les résultats seront communiqués l'année prochaine." Affaire à suivre...
Vous avez apprécié cette information ? Abonnez-vous à notre newsletter en cliquant ici !
Pour aller plus loin et agir à votre échelle, découvrez notre guide Idées Pratiques #12 : "Ecologie : gagner plus, dépenser moins”.
Au sommaire : enjeux, analyses, entretien décryptages... 68 pages pour associer économies avec écologie !
Cliquez ici pour découvrir et commander votre guide Idées Pratiques.
#TousActeurs