L’île aux Chiens
Dernier bijou du génial Wes Anderson - papa, entre autres, des acclamés The grand Budapest Hotel et Moonrise Kingdom - , L’île aux chiens n’est pas seulement l’un des films les plus visuellement inventifs, drôles et chargés politiquement sortis en salle cette année.
Mettant en scène une population de canins exilés par le gouvernement sur une "île poubelle", où sont stockés les détritus de la mégapole japonaise fictive Megasaki, ce long métrage réalisé en "stop-motion" adresse également la peinture d’une société futuriste n’ayant pas encore trouvé de solution efficace au traitement des déchets.
La critique environnementale a toujours été à l'avant-garde de notre processus de conception"Paul Harrod
Triste écho à notre contexte actuel - alors que des millions de tonnes de plastique atterrissent chaque année dans la mer et que les décharges géantes à ciel ouvert continuent à éclore aux quatre coins du globe -, dont ne se cachait pas en mars dernier l’un des chefs décorateurs du film. "L’île (…) représente la façon dont une société choisit de placer la crise des déchets hors de vue, et donc hors d’esprit", déclarait alors Paul Harrod, interrogé par le Hollywood Reporter. Pour concevoir les décors, la production s’est d’ailleurs inspirée de prises de vue bien réelles, issues notamment de la série de photographies Intolerable Beauty: Portraits of American Mass Consumption (2003 -2005) de l’artiste Chris Jordan, et dont certaines sont répertoriées sur le site Ressourcemagonline. Alors, dans la réalité comme dans la fiction, continuera-t-on à fermer les yeux ?
Woman at war
Halla est une militante prête à tout pour mettre à mal l'industrie de l'aluminium qui défigure son pays, l'Islande. Cette directrice de chorale qui donne l'impression de mener une vie bien tranquille à Reykjavík est en réalité une véritable guerrière. Qui pourrait se douter qu'Halla mène dans les Hautes Terres d'Islande - sublimes à observer dans ce film - des actes de vandalisme, et s'en prend même aux pylônes électriques qui approvisionnent l'usine d'aluminium locale de Rio Tinto quand ses pairs ont le dos tourné ? Cette très jolie fiction poétique et non dénuée d'humour du réalisateur islandais Benedikt Elringsson est sortie le 4 juillet dernier en France. Elle a reçu le prix SACD de la Semaine de la Critique à Cannes. Alerte spoiler : la nature, sous toutes ses formes, n'est pas prête de sombrer.
Après Demain
Cyril Dion revient cette année avec une suite au documentaire Demain en questionnant les retombées et l’émergence d’initiatives citoyennes pour préserver l’Homme et son environnement après le succès du film de 2015. Accompagné de la journaliste Laure Noualhat qui a travaillé pendant 15 ans sur les sujets liés à l’environnement chez Libération, le réalisateur va à la rencontre de plusieurs citoyens qui sont passés à l’acte au sein de leur communauté.
Cette nouvelle mise en lumière de projets collectifs est aussi l’occasion de revoir l’excellent Demain et se laisser emporter par le contagieux optimisme des protagonistes rencontrés par Cyril Dion et Mélanie Laurent, durant leur périple autour du monde. Jardins partagés de Détroit qui cherche à atteindre l’autonomie alimentaire, monnaie locale de la ville de Bristol, transports durables de la ville de Copenhague… Des solutions durables à des problématiques variées sont montrées et expliquées, le tout au rythme plaisant de la bande originale concoctée spécialement par Frederika Stahl. À voir et ou à revoir absolument pour finir l’année sur une note positive.