La Charmeuse de serpents d’Henri Rousseau, La symphonie pastorale de Pierre Bonnard, Les Glaçons de Claude Monnet...le musée d’Orsay se prépare à exposer 100 oeuvres emblématiques "qui racontent l’histoire du changement climatique". De mars à juillet, 49 d’entre elles seront également présentées dans une trentaine de musées régionaux, de Brest (Finistère) à Avignon (Vaucluse), en passant par Montargis (Loiret).
Une opération nationale initiée afin de sensibiliser les visiteurs aux enjeux environnementaux. "La bataille pour le climat est désormais culturelle. Si les chiffres peinent à mobiliser, l’art, la littérature et le cinéma peuvent susciter des émotions, façonner des récits pour transformer les consciences", estime l’institution dans son dossier de presse.
Quand le passé éclaire le présent
Issues de disciplines variées (sculpture, photographie, peinture, dessin d’architecture), les oeuvres sélectionnées couvrent la période allant de 1848 à 1914 - âge d’or de l’industrialisation.
Dans les paysages, on voit apparaître des locomotives à vapeur et des cheminées d’usines. Les artistes du XIXème siècle saisissent cette modernité et témoignent ainsi des bouleversements en cours”, précise Servane Dargnies-de Vitry, conservatrice Arts décoratifs au musée d’Orsay.
L’industrialisation marque aussi le début de l’Anthropocène, "une nouvelle ère géologique définie par l’impact déterminant des activités humaines sur la planète" par les experts du climat.
En montrant l’artificialisation des terres avec l’expansion des villes ou encore la mécanisation de l’agriculture, les collections du musée d’Orsay racontent ce basculement.
"Les oeuvres d’art sont aussi en danger"
"Certaines œuvres sont extrêmement précises dans leur description de phénomènes naturels. C’est notamment le cas du Grand Pic noir, de Gallen-Kallela dans laquelle l’artiste dépeint un arbre en descente de cime : la sève n’arrive plus à atteindre le haut à cause de la sécheresse", note Servane Dargnies-de Vitry.
A travers cette opération, le musée d’Orsay souhaite contribuer à l'éveil des consciences mais aussi montrer plus ouvertement son engagement en faveur du climat.
D’autant plus dans un contexte où les musées, et plus particulièrement les tableaux, sont la cible de certains militants écologistes. "En tant qu’institution patrimoniale, nous avons la responsabilité de protéger les œuvres donc on ne peut pas être d’accord avec les méthodes des activistes, mais nous comprenons néanmoins leur discours", développe la conservatrice, avant d’ajouter : "dans un climat déréglé, les œuvres d’art sont aussi en danger. On l’a vu récemment avec les incendies à Los Angeles où des collections ont brûlé. Les inondations, l’augmentation des températures ont également des effets néfastes sur les œuvres."