En France, le soja OGM est interdit à la consommation humaine.
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Quel est l'impact environnemental des alternatives végétales à la viande ?

La viande végétale est de plus en plus présente dans les supermarchés français. Pourtant, de nombreux doutes subsistent autour de sa fabrication et de son impact environnemental. Décryptage.

Pour 100 grammes de porc produits, 7,6 kilos de CO2 sont émis dans l’atmosphère. Pour la même quantité de pois, ce chiffre descend à 0,44 gramme. Ces données illustrent particulièrement les bienfaits qu'il peut y avoir à diminuer sa consommation de viande. D’autant qu’il existe diverses alternatives végétales, créées pour substituer à la viande sans pour autant perdre le plaisir gustatif lié à sa consommation. Ces "simili-carnés," des reproductions végétales de tranches de jambon, lardons, escalopes de poulet et autres, sont de plus en plus présents dans les supermarchés. Mais la fabrication de ces produits est-elle réellement moins polluante que la production de viande ?

En France : l’élevage responsable de 80 % des émissions de GES

"Ce qui pollue dans la production de viande, c’est la bioconversion, explique à ID Nicolas Schweitzer, cofondateur de La Vie, une marque spécialisée dans les alternatives végétales à la charcuterie. Pour faire un kilo de porc comestible, il faut donner 9,3 kilos d’aliments à l’animal." Un système qu'il juge "catastrophique pour l’environnement." Le Haut Conseil pour le Climat estime qu’en France, l’élevage est responsable de 80 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’agriculture française, si l’on prend en compte les émissions liées à la production de la nourriture pour les animaux

Cette nourriture peut d’ailleurs provenir de l’étranger et être importée en grande quantité. En 2018, la France a importé 700 000 tonnes de graines de soja, d’après des informations fournies par le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation à LCI. Et selon Terres Univia, 85 % de ce soja est génétiquement modifié (OGM). Les émissions de GES liées à son transport et la pollution des sols liée à sa production sont donc également à prendre en compte dans l’impact environnemental de la viande.

Il n’y a absolument aucun produit à base de soja importé d’Amérique latine dans les rayons de supermarchés français.

Si ces importations sont controversées, Nicolas Schweitzer rappelle qu’il n’y a "absolument aucun produit à base de soja importé d’Amérique latine dans les rayons de supermarchés français." Effectivement, le soja OGM est interdit à la consommation humaine en France. De son côté, La Vie garantit que le soja utilisé dans ses produits provient de l'Union européenne. Comme plus de 90 % de leurs ingrédients.

Pour aller plus loin : "L’écologie dans nos assiettes"

Tous ces éléments permettent à la charcuterie La Vie d’avoir un impact carbone drastiquement inférieur à celui de la charcuterie de porc. Pour le bacon végétal par exemple, "les émissions de GES sont divisées par quatre" en comparaison à celles du bacon classique, selon Nicolas Schweitzer. Pour continuer dans cette démarche éco-responsable, le groupe aimerait travailler avec des produits d'agriculture biologique et être labellisé. Mais pour cela, les prix des produits devront augmenter.

Démocratisation de la viande végétale : "une véritable transformation culturelle"

"Nos produits sont déjà très chers, alors si on passe en bio, je pense que personne ne pourra les acheter," déplore Nicolas Schweitzer. Étant dans une démarche de démocratisation des simili-carnés, La Vie préfère donc privilégier l’accessibilité de ses produits. Car si plus de la moitié des Français ont réduit leur consommation de viande ces dernières années, seuls 27 % d’entre eux ont déjà acheté de la "viande végétale," selon une étude menée par OpinionWay. En cause : les prix, mais aussi la méfiance quant au processus de fabrication des simili-carnés. Nicolas Schweitzer le constate, la démocratisation de la viande végétale est "une véritable transformation culturelle."

Nos alternatives ne sont pas de la viande cellulaire de laboratoire, mais de simples recettes de cuisine”

Pourtant, ces produits n’ont pas uniquement un impact positif sur la planète. Ils seraient également bons pour la santé. "Les alternatives La Vie ne sont pas de la viande cellulaire de laboratoire, mais de simples recettes de cuisine," assure Nicolas Schweitzer. Sur la liste d’ingrédients de ses produits, on retrouve : soja, huile de tournesol, sel, arômes naturels et colorants, qui ne sont autres que "de la peau de tomate ou de cassis," selon le cofondateur.

Ce dernier affirme que, fondamentalement, rien ne l’empêche "de fabriquer les produits La Vie dans [sa] cuisine." Leurs alternatives sont d’ailleurs "notées vert sur l’application Yuka," qui décrypte les compositions de produits alimentaires et cosmétiques. Et surtout, contrairement à la charcuterie animale et la viande rouge, aucune alternative végétale n’est classée cancérogène par l’OMS.