Les employés et les volontaires redonnent une seconde vie aux objets collectés.
Amaury Cornu / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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Les ressourceries sont résistantes face à la crise sanitaire du Covid-19

Ce sont des endroits "où l'on peut redresser la tête et se faire plaisir": les ressourceries, qui redonnent une vie aux objets usagés, remplissent aussi une mission sociale que la crise économique liée au Covid-19 met en lumière.

Un après-midi en semaine dans le XIe arrondissement de Paris. Une trentaine de personnes attendent sous la pluie l'ouverture de la Petite Rockette. Cette ressourcerie dont les sous-sols débordent de vêtements, meubles et bibelots a été fondée en 2014 par les membres d'un ancien squat du quartier, qui ont conservé son esprit militant. 

Chaque jour, une tonne et demie de livres, jouets et appareils en tout genre est collectée à la Petite Rockette, l'une des 150 ressourceries labellisées en France. Ces structures, qui ont essaimé depuis une vingtaine d'années, organisent leur semaine nationale du 5 au 11 octobre.

"Je viens quasiment tous les jours: c'est presque une drogue!", s'amuse Fabienne Corbière, 55 ans, gardienne d'une école voisine. Dans son panier, elle a glissé quelques livres et cadeaux pour enfants: "On peut se faire plaisir pour pas cher, et ça me permet d'échanger avec les gens de mon quartier".

Revalorisation des objets 

Les objets donnés passent entre les mains des réparateurs, qui leur redonnent une jeunesse sur les grandes tables en bois des ateliers, puis sont revendus à bas prix dans la boutique solidaire, distribués à des associations, ou recyclés en dernier recours. Didier, magicien "pas très riche" de 62 ans, était venu chercher des ustensiles de cuisine, avant de tomber sur un porte-monnaie en cuir de marque à un euro. "J'ai fait une affaire!", se réjouit-il.

"Ce ne sont pas des brocantes", précise Karina Perez, qui a fondé la ressourcerie des Batignolles, dans le XVIIe arrondissement. "Ce sont des endroits qui redonnent du pouvoir d'achat à ceux qui ont peu de moyens". À la sortie du confinement, nombre de ressourceries ont été débordées par l'afflux d'objets, accumulant d'énormes stocks à écouler. Les protocoles de décontamination des dons, placés en isolement pendant 72H, ont dû être rapidement abandonnés.

Certains samedis, la ressourcerie des Batignolles collecte encore plus de 4 tonnes d'objets - quatre fois plus qu'en temps normal. "La prise de conscience écologique s'est encore amplifiée avec la crise sanitaire", estime Karina Perez.

Une aide à l'insertion professionnelle 

Loin d'être des centres de tri des déchets, les ressourceries redonnent aussi une chance à des personnes éloignées de l'emploi. Grâce à des subventions d'État, elles suivent des parcours d'insertion professionnelle, et se mêlent à des salariés plus intégrés en quête d'un travail qui apporterait du sens à leur vie.

"Je bossais dans la pub, et j'étais bénévole à la Petite Rockette le soir : j'ai côtoyé des gens qui crevaient de faim. Au bout d'un moment, l'écart devenait trop grand", raconte Yann, casquette sur la tête, qui a rejoint la ressourcerie à plein temps. Il confie n'avoir jamais "donné ou vendu autant de manuels scolaires et de dictionnaires" de seconde main que cette année. Dans le sillage de l'épidémie, les files d'attente se sont allongées, avec "beaucoup de jeunes, d'intermittents", constate Karina Perez.

Impactées par la crise sanitaire !

Fragilisées elles aussi par deux mois de fermeture lors du confinement, les ressourceries ont en partie surmonté la crise grâce aux aides des collectivités territoriales et des fonds départementaux d'insertion, revoyant à la baisse des pertes initialement estimées à 50 millions d'euros. Elles pourront aussi bénéficier d'un fonds d'urgence de 10 millions de l'Agence de la transition écologique (Ademe), et de 21 millions d'euros issus du plan de relance, précise Martin Bobel, coordinateur du Réseau francilien du réemploi.

Les ressourceries n'ont cessé de se transformer au gré des besoins. "C'est comme une boîte à outils : on s'adapte aux demandes des habitants", résume Dimitri Callens, chargé d'administration à la Petite Rockette. "On a par exemple lancé des ateliers d'auto-réparation de vélos". De son côté, Karina Perez regrette toutefois que les pouvoirs publics ne valorisent pas davantage leur activité. "Nous remplissons des missions que personne ne veut remplir. Il faut que l'on reconnaisse notre utilité sociale, écologique", plaide-t-elle.

Avec AFP.

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