Agir pour l’environnement rapporte plus qu’on ne le pense. Selon une étude récente du Centre euro-méditerranéen pour le changement climatique (CMCC), cela bénéficierait à la fois à la santé et à l’économie. C’est le premier rapport à quantifier précisément ces deux avantages, en matière de qualité de l’air et de limitation du dépassement temporaire des températures.
"Ce travail montre, d’une manière exhaustive et robuste, qu’il vaut la peine de poursuivre la stabilisation de la température à court terme", déclare Lara Aleluia Reis, scientifique du CMCC. "Non seulement cela réduit les risques climatiques, mais cela apporte également des avantages significatifs pour la santé en améliorant la qualité de l’air."
Pour obtenir ces données, les chercheurs ont utilisé un modèle source-récepteur mondial de la pollution atmosphérique. Il leur a permis d’estimer les impacts des parcours nets zéro sur la qualité de l’air, la santé et les coûts économiques en prenant compte des incertitudes liées aux variations régionales.
Pour rappel, la politique zéro émission nette a été mentionnée pour la première fois lors de l’accord de Paris en 2015. L'un de ses objectifs majeur était de ne pas dépasser une hausse de 1,5 °C par rapport aux niveaux de l’aire préindustrielle.
Poursuivre des politiques climatiques nettes zéro et éviter le dépassement temporaire du 1,5°C pourrait éviter 207 000 morts prématurées et économiser 2 269 milliards de dollars USD en dommages économiques d’ici 2030.
Les plus gros émetteurs en sont les grands bénéficiaires
Ces bénéfices seraient particulièrement visibles dans les régions les plus peuplées et émettrices de gaz à effet de serre. L’Inde et la Chine, qui regroupent à elles deux environ 36 % de la population mondiale, figurent parmi les principaux contributeurs aux émissions. Dans ces territoires densément peuplés, une politique écologique pourrait rapidement améliorer la santé publique et stimuler l’économie.
"Poursuivre des politiques climatiques nettes zéro et éviter le dépassement temporaire du 1,5°C pourrait éviter 207 000 morts prématurées et économiser 2 269 milliards de dollars USD en dommages économiques d’ici 2030" affirme le comité scientifique dans un article publié le 17 octobre sur ScienceAdvances.
La théorie peut-elle entrer en pratique ?
Pour rappel, l’Inde et la Chine font partie des BRICS+, un groupe de pays à forte activité industrielle comprenant également le Brésil, la Russie ou l’Afrique du Sud, entre autres. Malgré leur signature de l’accord de Paris, ces pays n’ont pas intégré la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans leurs programmes immédiats, et peu d’initiatives laissent espérer un changement dans un futur proche.
Toutefois, si l’étude du CMCC se veut encourageante, d’autres travaux dressent un constat bien plus pessimiste. D’après un rapport publié en 2025 dans Earth System Science Data par d’anciens chercheurs français du GIEC, atteindre l’objectif de 1,5 °C serait désormais hors de portée, en raison de l’inertie des gouvernements. Avec sept des neuf limites planétaires déjà franchies, le réchauffement global apparaît difficilement réversible. Selon ces chercheurs toutefois, l’objectif de contenir la hausse des températures sous les 2 °C reste encore atteignable, à condition d’engager des actions climatiques rapides et coordonnées.