Depuis quelques mois, les pêcheurs français et d’outre-Manche font face à une invasion massive de poulpes. En cause : le réchauffement climatique.
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Biodiversité

Climat : pourquoi observe-t-on une invasion de poulpes sur les côtes bretonnes et anglaises ?

Depuis quelques mois, les pêcheurs français et d’outre-Manche font face à une invasion massive de poulpes. En cause : le réchauffement climatique. Cette prolifération inquiète les professionnels de la mer, qui y voient une menace sérieuse pour l’équilibre de la biodiversité marine.

Filets débordants, cales remplies et espèces habituelles délaissées, c’est ce que les pêcheurs français et anglais rapportent depuis le mois de mars. Pour faire face à cette invasion, de nombreux pêcheurs doivent modifier leurs pratiques, tout en restant dans l’incertitude quant à la durée de cette situation dans les mois et les années à venir.

Des indicateurs du dérèglement climatique

Selon les premières analyses menées par des océanographes, cette invasion est directement liée à la hausse des températures dans la Manche. Les eaux, plus chaudes que la normale, créent un environnement favorable au développement des céphalopodes. "Le poulpe est une espèce opportuniste, très sensible aux variations climatiques", explique un biologiste marin du CNRS. "Il prolifère rapidement là où les conditions deviennent favorables, ce qui semble être le cas actuellement dans le nord de la France et au sud du Royaume-Uni."

Cependant, cette situation n’est pas inédite. Des phénomènes similaires ont été observés en Méditerranée ou sur certaines côtes atlantiques, signe que le changement climatique modifie profondément la répartition des espèces marines.

Une biodiversité déséquilibrée

Si certains y voient une nouvelle opportunité économique, d’autres tirent la sonnette d’alarme. Car cette surabondance de poulpes n’est pas sans conséquence. Prédateurs voraces, ils s’attaquent aux crabes, coquillages et autres espèces marines, perturbant les chaînes alimentaires locales. "On assiste à un déséquilibre écologique. Les espèces habituelles sont déstabilisées, certaines pourraient même disparaître localement si le phénomène perdure", alerte un chercheur de l’IFREMER.

Une présence qui s’intensifie depuis 2021

Les premières apparitions massives de poulpes sur les côtes bretonnes remontent à 2021, selon une étude publiée dans OpenEdition Journal. Mais depuis mars 2025, la situation s’est nettement aggravée. La hausse continue des températures et le rythme soutenu de reproduction de l’espèce transforment désormais les littoraux du nord de la France et du sud de l’Angleterre en véritables zones refuges pour ces céphalopodes.

Face à cette évolution rapide, les pêcheurs hésitent : doivent-ils adapter leurs pratiques à cette nouvelle réalité, ou espérer un retour à la normale dans les mois à venir ? De leur côté, les scientifiques plaident pour une surveillance accrue et des recherches approfondies, afin de mieux comprendre les causes et les conséquences de cette prolifération.