Le ralentissement des courants marins pourrait bouleverser en profondeur le climat mondial.
© Kellie Churchman/Pexels
Climat

Le ralentissement des courants océaniques pourrait bouleverser le climat mondial

Le ralentissement des grands courants océaniques menace le climat mondial. Canicules, hivers rigoureux et perturbations agricoles pourraient bientôt devenir la norme. ID vous en dit plus.

Les courants océaniques jouent un rôle clé dans la régulation du climat en redistribuant la chaleur et le froid sur l’ensemble de la planète. Mais leur affaiblissement pourrait rompre cet équilibre fragile.

Pour suivre leur évolution, les scientifiques s’appuient sur un réseau de bouées et de capteurs déployés dans les océans. Ces instruments collectent des données permettant de mieux comprendre les dynamiques en cours et d’anticiper les impacts à venir.

Un signal inquiétant pour le climat mondial

Depuis plusieurs années, les scientifiques constatent un net ralentissement de plusieurs courants marins, en particulier de l’Atlantic Meridional Overturning Circulation (AMOC). Ce système océanique majeur, qui transporte des millions de mètres cubes d’eau entre l’Antarctique et l’Arctique, joue un rôle essentiel dans la régulation du climat mondial.

L’AMOC agit comme un immense tapis roulant, redistribuant la chaleur et stockant du carbone dans les profondeurs océaniques. Son affaiblissement pourrait avoir des conséquences climatiques importantes, alerte Julie Deshayes, professeure à l’Université Polytechnique. "Sans ce courant, nous pourrions connaître des canicules plus intenses en été et des hivers nettement plus rigoureux".

Un basculement imminent ?

Des études récentes s’intéressent à la possibilité d’un basculement de l’Atlantic Meridional Overturning Circulation (AMOC), un point critique aux conséquences majeures pour le climat mondial. Une publication parue dans la revue Environmental Research Letters s’appuie sur les simulations climatiques CMIP6, projetées jusqu’en 2500, pour évaluer l’évolution de ce courant. Selon le scénario d’émissions élevées SSP5-8.5, 70 % des simulations prévoient une stagnation de l’AMOC d’ici 2100. Un signe inquiétant d’un éventuel effondrement du système.

Mais le Dr Aixue Hu, co-auteur de l’étude, tempère ces projections : "Il reste difficile de déterminer avec précision quand ce point de bascule pourrait être atteint, en raison du manque d’observations directes et des divergences entre les modèles climatiques".

Un bouleversement du climat européen

Si l’AMOC venait à fortement ralentir, voire à s’arrêter, les conséquences sur le climat mondial et européen seraient majeures. La chaleur actuellement transportée par l’Atlantique Nord pourrait chuter de plus de 20 % par rapport à son niveau actuel. Un tel scénario aurait pour effet d’entraîner un refroidissement brutal de certaines régions d’Europe, avec des hivers comparables à ceux du Canada : chutes de neige massives et températures pouvant atteindre –20 °C pendant plusieurs jours consécutifs. 

Ces bouleversements climatiques ne seraient pas sans conséquences. Avec des étés plus chauds et des hivers nettement plus rigoureux, le secteur agricole européen serait profondément affecté. Les cycles de culture pourraient être perturbés, les rendements diminués et certaines régions deviendraient moins propices à l’agriculture traditionnelle.

Les scientifiques cherchent encore à comprendre les mécanismes derrière un effondrement aussi spectaculaire, un phénomène qui n’aurait pas été observé depuis au moins 1 600 ans. Face à ce risque, de plus en plus tangible, ils appellent à une mobilisation internationale urgente. Il est crucial, soulignent-ils, de limiter les émissions de gaz à effet de serre afin de ne pas aggraver les déséquilibres climatiques déjà en cours.