Un ouvrier a brisé avec une pelleteuse un bloc de terre argileuse, qui obstruait le nouveau chemin du fleuve, permettant ainsi à l'eau de s'écouler sous un pont vers la mer, a constaté un journaliste de l'AFP.
Une digue édifiée au XIXe siècle pour assécher les marais et les rendre cultivables, était jusqu'à présent traversée par une simple "buse", un conduit en béton qui ne permettait pas d'écouler tout le débit de la Saâne en cas de crue. Il empêchait aussi les poissons migrateurs de remonter le fleuve.
"C'est une vraie satisfaction de voir cette reconnexion unique en France, après plus de dix ans de concertations, de réflexions, d'accords politiques et de travaux", s'est réjoui Régis Leymarie, délégué adjoint Normandie au Conservatoire du littoral, qui coordonne le projet depuis 2012.
Le projet "Basse Saâne 2050" a pour but de prévenir les inondations et les submersions marines dans le contexte de changement climatique, mais aussi de restaurer la continuité écologique du fleuve afin de retrouver des écosystèmes en bonne santé.
Une "prise de conscience par les acteurs locaux"
Cela a nécessité le déménagement d'un camping situé à proximité. Il a aussi fallu creuser un nouveau lit au fleuve et construire une station d'épuration en amont pour gérer les eaux usées qui s'écoulaient dans la vallée.
Et enfin construire un pont pour la route qui enjambe le cours d'eau. "C'est la prise de conscience par les acteurs locaux en 2014 du dérèglement climatique, l'élévation du niveau de la mer, l'occurrence des tempêtes et inondations, qui a permis ce projet", a expliqué Régis Leymarie.
La vallée va à nouveau "remplir son rôle d'éponge", c'est à dire retenir les eaux à marée haute ou lors des crues sans danger pour les biens et les personnes tout en laissant se développer des zones humides à marée basse, s'est félicité Delphine Jacono, chargée de projet à l'agence de l'eau Seine-Normandie qui a financé 90% du projet.
Cet aller-retour à chaque marée entre eau douce et eau salée est "intéressant pour les poissons, pour la flore, pour les insectes, pour les oiseaux", a-t-elle souligné. La chargée de projet espère décliner ce modèle dans d'autres vallées normandes comme la Scie et l'Yères, et ailleurs en France.
Avec AFP.