La teinte verte, symbole de vitalité des océans, s’estompe progressivement. Une étude menée par des chercheurs sur 22 ans retrace cette évolution, liée à la diminution de la chlorophylle, une molécule essentielle au fonctionnement de l’écosystème marin.
Ce qui se passe sous l’océan
La chlorophylle donne aux océans leur teinte verte et est essentielle à la photosynthèse du phytoplancton, qui constitue la base de la chaîne alimentaire marine.
Ce dernier reflète la santé de la biodiversité marine. Alors que les chercheurs pensaient d’abord que l’abondance de phytoplancton influençait la couleur des océans, c’est en réalité sa diminution qui a progressivement fait disparaître le vert des mers.
Entre 2001 et 2023, la concentration de phytoplancton a diminué d’environ 0,35 microgramme par mètre cube chaque année. Selon l’étude publiée le 17 octobre, cette baisse représente en moyenne 0,088 % par an, avec des variations selon la proximité des côtes et la température de l’eau. Cette chute drastique s’explique par l’acidification des océans qui a franchi la limite fixée par un groupe international de scientifiques en 2009.
La situation à la surface
Elle s’explique aussi par le réchauffement des couches océaniques supérieures. Les nutriments, dont dépend le phytoplancton, se déplacent verticalement en partant des profondeurs qui sont plus froides. Seul problème : ils n’arrivent plus à monter jusqu’au à la surface à cause des températures trop élevées, un processus connu sous le nom de stratification.
Les scientifiques à l’origine de ces analyses attribuent l'augmentation de température au changement climatique. Michael Mann, co-auteur de l’étude sortie sur ScienceAdvances affirme que la perte du vert océanique est une "menace supplémentaire pour l'humanité". Pour lui et son groupe de chercheurs, l'utilisation des combustibles fossiles et l’activité humaine sont responsables du dérèglement de la faune et la flore marine.
Le trafic marin a en effet de graves conséquences sur l’écosystème, sur le court terme et le long terme. En décembre dernier par exemple, deux tankers se sont échoués dans le détroit de Kertch, près de la Crimée. Leur cargaison de 9 000 tonnes de fioul s’est déversée à proximité des côtes russes sur 35 kilomètres, causant une marée noire.
Trouver des solutions
Lors de la 3ème Conférence des Nations unies sur l’Océan à Nice en juin dernier, plusieurs engagements ont été pris pour protéger les fonds marins. La Commission européenne a notamment annoncé un investissement de 1 milliard d’euros pour soutenir la conservation des océans, la science et la pêche durable. Une coalition de 37 pays dirigée par le Panama et le Canada a lancé la High Ambition Coalition for a Quiet Ocean, pour lutter contre la pollution sonore sous-marine.
Ces initiatives s’inscrivent dans un calendrier plus large d’actions mondiales pour l’océan et le climat, dont la prochaine étape sera la COP30 au Brésil. Des solutions sont attendues, la préoccupation majeure étant la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de limiter le réchauffement à 1,5 °C.