Une récente découverte d'un crustacé en Arctique inquiète les scientifiques.
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Environnement

Arctique : la présence d’un crustacé non adapté au froid interroge les scientifiques

Appelée " balane", cette espèce de crustacé est couramment observée dans les eaux tempérées d’Europe et du Pacifique. Sa découverte récente en Arctique, un milieu normalement inhospitalier pour elle, soulève des inquiétudes. Un nouvel indice tangible du réchauffement climatique. On vous explique.

Ce petit crustacé, de son vrai nom Balanomorpha vraisemblablement transporté par la coque d’un navire, n’est normalement pas capable de survivre dans des eaux aussi froides. Selon les chercheurs, la balane évolue habituellement dans des températures tempérées sur les quais, les pontons, les coques de bateaux ou encore les baleines.

D’après une étude du British Antarctic Survey, l’espèce aurait probablement été introduite accidentellement en raison de l’augmentation du trafic maritime dans la région. Plus surprenant encore : non seulement le crustacé a survécu, mais il semble désormais s’adapter aux conditions extrêmes de l’Arctique, voire commencer à s’y développer, selon les scientifiques.

Un indicateur direct du changement climatique

Les pôles de la Terre se réchauffent plus rapidement que le reste de la planète. Selon les données scientifiques, l’Arctique et l’Antarctique se réchauffent à un rythme deux à quatre fois plus élevé que la moyenne mondiale. Cette transformation rapide ouvre la voie à des espèces jusque-là absentes de ces environnements extrêmes, menaçant les écosystèmes locaux.

La présence d’un crustacé comme la balane, incapable de vivre dans le froid il y a encore quelques décennies, illustre de manière très concrète l’impact du dérèglement climatique. Ce phénomène n’est pas isolé : des espèces de poissons, d’algues et de plancton non polaires commencent aussi à coloniser ces régions.

Par ailleurs, une récente étude américaine a révélé que l’Arctique émet désormais plus de CO₂ qu’il n’en absorbe, notamment à cause de la fonte du permafrost. Ce renversement de rôle en fait un nouveau moteur du changement climatique.

Quelles conséquences pour l’Arctique ?

L’arrivée de nouvelles espèces peut bouleverser l’équilibre fragile de l’Arctique. En s’implantant dans cet écosystème, la balane pourrait concurrencer les espèces locales pour les ressources, voire introduire de nouvelles maladies. D’autant que l’écosystème arctique est très lent à se régénérer.

Cette découverte souligne aussi un autre danger : la multiplication des routes maritimes dans le Grand Nord, favorisée par la fonte des glaces, augmente les risques de dissémination d’espèces invasives. Plus les eaux se réchauffent, plus les organismes venus de régions tempérées peuvent s’y installer.

Un avertissement à ne pas ignorer

La présence de la balane en Arctique n’est pas seulement une anecdote biologique. C’est un signal d’alerte clair, montrant que les frontières naturelles entre les écosystèmes s’effondrent sous l’effet du réchauffement climatique. Et que ce qui était hier impossible devient aujourd’hui réalité.

Face à ce constat, les scientifiques appellent à une surveillance accrue des espèces marines dans les zones polaires et à un meilleur encadrement du trafic maritime pour éviter de nouvelles introductions accidentelles.