Après 20 années de recherche ornithologique en Europe, les chercheurs de l’Université d’Helsinki ont dévoilé un rapport ce vendredi 5 décembre. Cette étude, publiée dans la revue Global Ecology and Biogeography, décrit une situation inquiétante pour les volatiles européens. De nombreuses espèces fuient le bas plateau pour s’installer en altitude.
Quatre grandes chaînes de montagnes en Europe sont étudiées : les Alpes, les Pyrénées, les montagnes scandinaves et les Highlands britanniques. 177 espèces ont été analysées et 63 % d’entre elles sont concernées par cette migration d’un demi-mètre par an depuis le début des années 2 000. Ce véritable exode est le résultat du réchauffement climatique, qui impose à ces oiseaux de devoir s’adapter.
Les Alpes et les montagnes scandinaves sont le théâtre d’un changement plus rapide. Certains oiseaux ont grimpé plusieurs dizaines de mètres en peu de temps, à l’image du traquet motteux qui monte de 33 mètres en moyenne tous les ans depuis 2 001. Du côté des Pyrénées et de la Grande-Bretagne, aucun déplacement significatif n'a été observé.
Les zones de montagne ne sont pas seulement des paysages majestueux, ce sont aussi des hotspots de biodiversité, abritant de nombreuses espèces très dépendantes de conditions climatiques précises.
Ces variations, d’une région à l’autre, s'expliquent par les différences de microclimats. Selon les scientifiques, les versants d’une montagne bénéficient d’une orientation différente, ce qui influence l’exposition à la lumière et à la fraîcheur. Dès lors, les microclimats changent considérablement sur de courtes distances. Les pentes orientées vers le nord reçoivent moins de lumière et sont plus fraîches que celles orientées vers le sud.
Une situation qui pourrait s’aggraver
La répartition de la faune et de la flore se retrouve chamboulée par le réchauffement climatique. Les oiseaux sont alors dans l’obligation de se déplacer pour se nourrir. "Les pentes ensoleillées attirent les oiseaux vers des altitudes plus élevées, parce que la végétation et les ressources alimentaires y montent aussi", explique Joséphine Couet, chercheuse du Musée d’Histoire Naturelle de Finlande. "Mais les oiseaux montent au même rythme sur les versants ombragés, ce qui montre que la hausse des températures affecte tout le paysage montagnard", continue-t-elle.
Les zones moins exposées au soleil servent de refuge pour les volatiles. Mais ces abris naturels ne compensent pas la machine destructrice qu’est le réchauffement climatique. Le déplacement de ces populations est un enjeu majeur pour le maintien des écosystèmes montagnards : "Les zones de montagne ne sont pas seulement des paysages majestueux, ce sont aussi des hotspots de biodiversité, abritant de nombreuses espèces très dépendantes de conditions climatiques précises".
Si cette étude peut nous alarmer sur la situation de certains volatiles européens, elle nous démontre que ce n’est que le début. Le changement climatique transforme les milieux naturels, mettant en danger l’équilibre fragile de la biodiversité.
