Une récente étude, vient bousculer les scénarios d'évolutions de l'Amazonie dans les années à venir.
©Aleson Padilha/Pexels
Climat

Contre les prédictions alarmistes, une partie de l’Amazonie montre des signes inattendus de résilience

Article réservé aux abonnés

Depuis plusieurs décennies, climatologues, scientifiques et chercheurs alertent sur des scénarios catastrophiques concernant l’avenir de la plus grande forêt tropicale du monde. Mais une étude récente, largement relayée par la communauté scientifique, vient bousculer ces prédictions alarmistes. ID vous explique.

Voilà plusieurs années que l’opinion publique est sensibilisée à la disparition progressive de l’Amazonie, un scénario particulièrement inquiétant pour l’équilibre climatique de la planète. Souvent décrite comme le "poumon vert" de la Terre, la forêt amazonienne semblait condamnée à un déclin irréversible. Pourtant, une étude scientifique internationale récemment publiée apporte une perspective inattendue : certaines zones de l’Amazonie seraient en train d’évoluer de manière positive sur le plan environnemental.

Une centaine de chercheurs pour l’occasion    

Depuis le début des années 1970, de nombreux scientifiques se sont mobilisés pour étudier l’évolution de la forêt amazonienne. Au total, près d’une centaine de chercheurs ont participé à ces travaux de longue haleine, visant à mieux comprendre le fonctionnement du poumon de la planète.

Ce que nous observons, c’est une capacité d’adaptation que nous n’avions pas anticipée.

L’un des principaux objectifs de ces missions était de mesurer ce que les spécialistes appellent la "surface terrière", c’est-à-dire la surface occupée par le tronc des arbres au sol, un indicateur clé pour évaluer la biomasse et la santé de la forêt. Certaines parcelles ont été suivies de manière quasi continue pendant plusieurs décennies, offrant ainsi une précision exceptionnelle et une vision sans précédent de l’évolution de ces écosystèmes.

Une croissance spectaculaire des arbres

Le constat principal de l’étude est étonnant : dans plusieurs régions relativement préservées, les arbres ont commencé à grossir de manière significative. Cette croissance accélérée signifie que ces arbres absorbent davantage de dioxyde de carbone (CO₂), jouant ainsi un rôle crucial dans la régulation du climat mondial.

"Ce que nous observons, c’est une capacité d’adaptation que nous n’avions pas anticipée", explique Luis Sánchez, co-auteur de l’étude. "Certaines espèces semblent mieux résister aux changements climatiques que prévu, ce qui favorise leur développement." Les données récoltées montrent que cette croissance n’est pas un phénomène isolé. Elle concerne plusieurs zones réparties dans le bassin amazonien, notamment là où la pression humaine reste faible.

Des contrastes marqués selon les régions

L’étude précise que cette dynamique positive ne concerne pas l’ensemble de la forêt. Certaines zones, notamment au sud-est de l’Amazonie, continuent de subir une dégradation rapide en raison de la déforestation liée à l’agriculture industrielle, aux activités minières illégales et aux feux de forêt.

"Il y a une Amazonie qui résiste, et une autre qui s’effondre", résume la biologiste Marina Torres, non impliquée dans l’étude mais spécialiste de la région.

Une nouvelle lecture de l’Amazonie

Cette étude vient changer notre regard sur l’Amazonie. Elle n’est pas uniquement une victime impuissante du changement climatique. Elle pourrait aussi être un acteur de sa propre transformation, capable de s’adapter, de se régénérer, et même de contribuer activement à la stabilisation du climat global  à condition qu’on lui en laisse la possibilité.

Ainsi, le message des chercheurs est clair : protéger ce qui fonctionne encore, car cette dynamique positive ne pourra être maintenue que si des politiques de conservation ambitieuses sont mises en œuvre rapidement.