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Dès son discours d’investiture, le président Lula affirmait être "prêt à reprendre son rôle de leader dans la lutte contre la crise climatique". Une annonce qu’il semble appliquer à la lettre puisque le système de surveillance de la déforestation PRODES, de l’Institut national de recherche spatiale (INPE), a annoncé, le 9 novembre, une baisse de 22,3% du rythme de déforestation en Amazonie. Avec 9 001 kilomètres carrés de forêt primitive détruits entre août 2022 et juillet 2023, ce chiffre constitue le meilleur enregistré par l'INPE au cours des cinq dernières années.
Préservation de l’environnement : une priorité politique de Lula
Après avoir gouverné le Brésil de 2003 à 2011, Lula a été élu pour un troisième mandat présidentiel le 30 octobre 2022. Depuis, le président ne cesse de se placer en défenseur de l’environnement, en particulier de l’Amazonie. De quoi prendre le contre-pied de son prédécesseur d’extrême-droite, Jair Bolsonaro, qui a de nombreuses fois encouragé les activités minières et l’agriculture en Amazonie. Sous sa présidence, la déforestation était en moyenne 75 % plus élevée annuellement que lors de la décennie précédente.
Les actions du nouveau gouvernement semblent effectivement aller dans le sens de la préservation du "poumon du globe". Lula a par exemple signé plusieurs décrets contre la déforestation, ainsi que des décrets reconnaissant l'existence de six nouvelles réserves pour les peuples autochtones brésiliens, garants de la protection des ressources et des terres, dont deux en Amazonie. À l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement, le président a également dévoilé son nouveau plan de lutte contre le déboisement de l'Amazonie, avec en ligne de mire le déforestation illégale qu'il promet d'éradiquer d'ici 2030.
Une réduction qui a permis d’éviter l’émission de 133 millions de tonnes de CO2
La réduction du déboisement entre août 2022 et juillet 2023 a permis d’éviter l’émission de 133 millions de tonnes de CO2, a annoncé le gouvernement brésilien, soit 7,5 % du total émis par le pays. Un constat encourageant qui est le résultat de la politique menée par la ministre de l’Environnement, Marina Silva, déjà en poste sous les deux premiers mandats de Lula. Elle avait alors engagé une politique énergique de préservation de la forêt amazonienne, parvenant à des niveaux de déforestation historiquement bas, avant de démissionner en 2008, face à la résistance croissante des grands intérêts économiques et financiers à sa politique. Une démission perçue comme "une critique implicite à la bienveillance de Lula pour ces intérêts", analysait alors l’économiste Thomas Coutrot.
Un constat à relativiser
Si ces constats sont prometteurs, il convient de les relativiser et de les mettre en perspective avec d'autres données. "On est encore très loin du 'déboisement zéro' ou même des niveaux historiquement bas obtenus il y a dix ans", a défendu François-Michel Le Tourneau, économiste et spécialiste de l’Amazonie brésilienne, interrogée par Le Monde. Son propos fait écho à la présidence de Dilma Rousseff, au début des années 2010. En 2012, la déforestation annuelle avait été limitée à 4 500 km2. Dans un article publié dans la revue scientifique échogéo, l’économiste rappelait également au début de l’année que "la déforestation reste essentiellement un phénomène cumulatif, ce qui veut dire que l’Amazonie continue à être une peau de chagrin, diminuant au fur et à mesure que les dirigeants des pays qui se partagent le massif forestier veulent voir accomplis leurs rêves de développement".
Finalement, si les efforts du gouvernement pour la préservation de l’Amazonie sont louables, ils ne doivent pas masquer les pressions exercées sur d'autres espaces naturels au Brésil. En particulier, la savane du Cerrado est la proie de l’agro-industrie qui la déforeste massivement. "Le taux de conversion du sol dans le Cerrado est le plus important jamais enregistré", alertait François-Michel Le Tourneau sur France Info en août dernier.
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