Des annonces étaient attendues mercredi sur la "planification écologique" qui vise à accélérer la baisse des émissions de gaz à effet de serre de la France d'ici à 2030. La communication gouvernementale a été reportée sine die en raison des émeutes qui ont secoué le pays depuis le 27 juin.
La France doit réduire ses émissions de 55 % en 2030 par rapport au niveau de 1990, conformément aux engagements européens, ce qui implique de les abaisser deux fois plus vite qu'aujourd'hui.
L'agriculture représente plus de 18% des émissions nationales, majoritairement du fait du méthane éructé par les ruminants, mais aussi de l'azote dégagé par les engrais, du carburant consommé par les tracteurs ou du chauffage au gaz des serres.
Le scénario sur la table prévoit une diminution de ces émissions de 16 % d'ici à 2030.
"Il n'y a pas de temps à perdre", 2030 "c'est demain", a déclaré lors d'une conférence de presse Arnaud Rousseau, le président du syndicat majoritaire FNSEA.
De la "pédagogie" plutôt que de la "contrainte"
Ce dernier préside aussi le Caf, instance réunissant la FNSEA, ses alliés Jeunes agriculteurs, les Chambres d'agriculture (où FNSEA/JA sont majoritaires) et la CNMCCA qui défend les intérêts des coopératives, de la protection sociale, des banques et assureurs agricoles (MSA, Groupama, Crédit Agricole...) - organisations toutes présidées par des agriculteurs.
"L'effort à consentir va être rapide, important et violent au sens où il doit y avoir un électrochoc si on veut réussir" cette décarbonation, a-t-il souligné.
Sans chiffrer d'enveloppe, il a plaidé pour la mise en oeuvre de "moyens massifs", publics et privés. Le Caf demande aussi de la "pédagogie" plutôt que de la contrainte.
Ne pas entamer la "souveraineté alimentaire"
Le Secrétariat général à la planification écologique, placé sous l'autorité de la Première ministre, a identifié plusieurs leviers pour réduire les émissions agricoles : la baisse de la consommation d'engrais azotés minéraux, la conversion de champs de grandes cultures (blé, maïs, colza...) au bio ou encore l'affranchissement à l'égard du soja importé, mis en cause dans la déforestation. Le gouvernement ne prévoit pas d'accélérer la baisse du cheptel bovin, déjà engagée.
Les acteurs agricoles n'ont pas cité de ligne rouge, mais prévenu que les mesures ne devraient pas entamer la "souveraineté alimentaire" de la France et son potentiel de production.
"Si on fait de la décroissance, on importera des produits qui ont un impact souvent bien plus fort" sur le climat, a mis en garde le président des Chambres d'agriculture, Sébastien Windsor.
Il faudrait même "intensifier la production", c'est-à-dire que chaque hectare produise davantage et pas seulement pour nourrir les hommes et le bétail, a-t-il avancé. Car la France a besoin de plus de ressources issues des champs ou des forêts pour "remplacer les produits issus du pétrole" afin de se déplacer, se loger ou se chauffer (agrocarburants, biomatériaux...).
Avec AFP.
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