Cet État proche géographiquement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a décidé il y a six mois de mettre en vente des droits de séjour.
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Climat

Pour financer sa lutte contre le changement climatique, l'île de Nauru vend des passeports

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Menacée par la montée des eaux, l’île de Nauru cherche des fonds pour financer le déplacement massif de sa population. Pour ça, elle a décidé de vendre des passeports.

C’est l’histoire d’une petite île du Pacifique qui tente de sauver sa peau. L’île de Nauru, avec ses 21 km² de superficie, est l’un des plus petits pays du monde. Cependant, depuis plusieurs années, son existence est menacée par la montée des eaux. Son gouvernement espère donc aujourd’hui récolter suffisamment d’argent pour financer sa lutte contre le dérèglement climatique. 

Pour ce faire, il a opté pour l’originalité. En effet, cet État proche géographiquement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a décidé il y a six mois de mettre en vente des droits de séjour, aussi appelés "passeports dorés". Moyennant 105 000 dollars américains, soit environ 90 000 euros, n’importe qui peut acheter la nationalité nauruane. 

Avec cet argent, le gouvernement nauruan espère pouvoir financer le déplacement de toute sa population provoqué par la montée des eaux, conséquence directe du changement climatique. En tout, 60 millions de dollars australiens (33,6 millions d’euros) sont nécessaires pour permettre aux 12 000 habitants de s’installer sur les points les plus hauts de l’île. 

Une pauvreté renforcée par les aléas climatiques

Afin de comprendre ce qui les a menés à prendre une mesure aussi drastique, il faut remonter dans le passé de cette péninsule. Colonisée à plusieurs reprises, l’île prend son indépendance en 1968. C’est d’ailleurs pendant les années 1960 qu’elle s’enrichit en exportant une ressource propre à son territoire, le phosphate, très utilisé dans la fabrication d’engrais

Dans les années 1990, les mines sont épuisées. Ajouté à cela une mauvaise gestion des finances publiques et une dégradation du niveau de santé publique, le pays est devenu un des États les plus pauvres du monde. 

Des chercheurs de l’université de Tohoku estiment que 80 % du territoire est désormais inhabitable à cause de l’extraction minière. Pour faire face à la crise financière, l’île accueille les demandeurs d’asile de l’Australie en échange de fonds. 

Mais cela ne suffit plus. Le gouvernement a donc lancé le Programme de citoyenneté pour la résilience climatique (ECRCP). Pour le moment, six passeports ont été approuvés selon des chiffres communiqués par Edward Clark, directeur du programme, à l’AFP. Le gouvernement souhaite en vendre 66 pendant la première année et espère récolter un total de 43 millions de dollars, soit 20 % des recettes totales du gouvernement.

Toutefois, le site spécialisé dans la mobilité internationale IMI, constate que “ce programme exclut les citoyens ou résidents d’Iran, de Corée du Nord, de Birmanie, de Russie et de Biélorussie. Ceux d’Afghanistan, du Yémen ou du Soudan peuvent déposer leur dossier s’ils ont vécu en dehors de ces pays pendant dix ans et n’y ont pas gardé de liens économiques.” Cette décision fait suite à un incident survenu en 2003, lorsqu’un membre d’Al-Qaida s’était vu accorder la nationalité nauruan avant d’être arrêté en Asie.

Selon des données gouvernementales, l’élévation du niveau de la mer évoluerait dans cette région 1,5 fois plus vite que la moyenne mondiale. L’île fait également face à une forte érosion de son littoral. Les autorités locales pensent que 90 % de la population nauruane devra à terme être déplacée.