L’UE et la Chine sont sous surveillance climatique, avant le grand sommet sur le climat de la semaine prochaine à New York.
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Climat

Avant la COP30, pourquoi les objectifs climatiques de l'UE et de la Chine sont scrutés à la loupe

A moins de deux mois de la COP30, les nouveaux plans nationaux de dizaines de pays pour limiter le réchauffement climatique tardent à être annoncés. Les plus attendus restent ceux de l'Union européenne et de la Chine, puissances jugées pivots dans l'avenir de la diplomatie climatique.

Pékin est le plus grand pollueur mondial et de fortes réductions d'émissions auraient un impact majeur sur le réchauffement de la planète. L'UE, quant à elle, est sous pression pour démontrer qu'elle demeure une force mondiale en faveur de l'action climatique, après le retrait des États-Unis de Donald Trump.

Les objectifs climatiques pour 2035 des pays signataires de l'accord de Paris, aussi appelés Contributions déterminées au niveau national (NDC en anglais), étaient initialement attendus il y a plusieurs mois. Mais les incertitudes liées aux tensions géopolitiques et aux rivalités commerciales ont ralenti le processus.

Dans ce contexte, les ambitions affichées par la Chine et l'UE pourraient donc donner le la, alors que l'ONU espère une vague d'engagements lors du sommet spécial sur le climat à New York la semaine prochaine.

Voici ce que les experts en attendent :

La Chine 

La Chine est actuellement responsable d'environ 30 % des émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre, mais elle est également une superpuissance des énergies renouvelables.

"Quel que soit leur engagement (pour 2035), cela aura un impact très significatif" sur le changement climatique et sur la capacité du monde à atteindre l'objectif de l'accord de Paris de limiter le réchauffement sous les 2°C depuis l'ère préindustrielle, et idéalement à 1,5°C, estime auprès de l'AFP Sarah Heck, du Climate Action Tracker (CAT), un outil d'évaluation de référence du réchauffement climatique.

En 2021, la Chine avait annoncé son objectif de plafonner ses émissions de dioxyde de carbone (CO2) avant 2030 et d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2060.

Pour 2035, Pékin a déjà annoncé que son plan climat couvrirait pour la première fois tous les secteurs économiques et tous les gaz à effet de serre, comme le méthane par exemple.

Pour certains analystes comme Lauri Myllyvirta et Belinda Schaepe du Centre de recherche sur l'énergie et l'air pur, la Chine peut réduire ses émissions de CO2 d'au moins 30 % d'ici 2035 par rapport aux niveaux de 2023 – le niveau minimum requis pour respecter l'accord de Paris.

D'autres estiment que cette baisse devrait être beaucoup plus marquée pour espérer limiter le réchauffement à 1,5°C: pour le CAT, il faudrait qu'elle atteigne les 66 %.

L'organisme attend également de voir figurer dans les nouveaux engagements un relèvement des objectifs pour 2030, avec notamment des engagements sur les énergies renouvelables et une trajectoire claire pour sortir du charbon.

Les observateurs notent également que Pékin a aussi historiquement pour habitude d'avoir des résultats mieux-disants que ses promesses initialement faibles.

Ainsi les plans climatiques chinois prévoyaient à la base d'augmenter la capacité installée d'énergie éolienne et solaire à plus de 1.200 GW d'ici 2030, un objectif dépassé six ans plus tôt, en 2024.

L'UE

L'Union européenne ne représentait plus que 6 % des émissions mondiales en 2023, et le bloc des 27 pays a décarboné plus rapidement que de nombreux autres pays développés.

En mai, Bruxelles a déclaré être bien parti pour atteindre ses objectifs pour 2030 de réduire de 55 % ses émissions par rapport à 1990, prévoyant une baisse de 54 % d'ici la fin de la décennie.

Mais les désaccords entre les 27 ces derniers mois ont retardé la soumission à l'ONU de son plan pour 2035 et de son objectif climatique pour 2040.

Pour éviter d'arriver les mains vides à New York, l'UE a présenté jeudi une "déclaration d'intention" de compromis visant à réduire d'ici 2035 ses émissions de 66,25 % à 72,5 % par rapport à 1990.

Un niveau "bien en deçà" des besoins, ont jugé les militants du Réseau Action Climat.

Pour respecter la limite de 1,5°C, le CAT prévoit que l'UE devrait réduire ses émissions de tous les secteurs d'environ 68 % d'ici 2030 et de 78 % d'ici 2035.

Certains craignent que l'Europe ne vacille en tant que leader climatique: "Nous continuons à demander à nos partenaires de l'UE de redoubler d'efforts", a ainsi déclaré cette semaine à la presse Ilana Seid, présidente de l'Alliance des petits États insulaires (AOSIS).

Avec AFP.