Les agrumes, aliments chimiquement traités sont à bannir du compost.
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Idées Pratiques

Que faire de ses biodéchets en ville ?

En appartement, entre manque de place et odeurs désagréables, le passage au compost et tri des biodéchets est encore difficile pour certains. Pourtant, des solutions existent et les initiatives locales se multiplient pour proposer une solution dans sa cuisine, sur son balcon ou dans son quartier. ID fait le point.

Au 1er janvier 2024, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) rendra obligatoire pour les ménages de disposer d'une solution pour trier à la source les déchets biodégradables. Les communes s'engagent à proposer des solutions aux habitants quelque soit le type de logement. Pour accompagner les collectivités qui sont en charge de la mise en oeuvre de ces mesures, l'Agence de la transition écologique (Ademe) prévoit une enveloppe de 100 millions d'euros.  

En 2021, seulement 6,3 % de la population était desservie en collecte séparée des biodéchets. L'objectif des 100 % paraît lointain et se complique dès lors qu'on ne dispose pas de jardin ou qu'on vit en appartement. Des initiatives se développent pour proposer des solutions, même dans les plus petits studios.

Les vermicomposteurs et le bokashi, les solutions pour composter sans balcon

S'apparentant à une poubelle à étages, les vermicomposteurs permettent de composter les matières brunes (cartons, rouleaux de papier toilette, boîte d'oeufs) et déchets alimentaires et d'obtenir ensuite un fertilisant naturel. Installé dans un endroit frais et ombragé de l'appartement, les vers remontent d'étages en étages, attirés par l'apport de déchets frais. Pensez toutefois à ajouter un tiers de matière brune déchirée et à la mélanger aux déchets alimentaires pour éviter les mauvaises odeurs et l'apparition de mouches ou moucherons.

Toutes les trois semaines, le jus de compost peut être récupéré. Dilué à dix volumes d'eau, le thé de compost est un engrais naturel pour l'arrosage des plantes. Au bout de trois mois, la terre issue de la décomposition de matière organique peut enfin être utilisée pour le rempotage des plantes. 

Contrairement aux vermicomposteurs, le bokashi ne demande aucun entretien. Pas besoin non plus d'équilibrer les déchets alimentaires par des matières brunes. Le principe du bokashi repose sur la fermentation anaérobie : la décomposition de déchets organiques sans besoin d'oxygène. Les restes de cuisine, les feuilles, le papier sont disposés dans un seau hermétique dans lequel on ajoute des "EM" ou micro-organismes efficaces.

Il suffit de saupoudrer les déchets organiques de bokashi (du son de blé ou de riz fermenté). Une fois le compost décomposé, il peut être utilisé comme engrais pour favoriser la pousse des plantes. La technique bokashi, en plus d'être adaptée aux petits espaces, peut être utilisée pour composter des restes de viande ou des produits laitiers. 

Gaël Nicolet/ID

Les bornes à compost s'imposent dans les grandes villes

En milieu urbain, le tri des biodéchets est rendu difficile par le manque d'accès à la terre qui permet d'apporter les lombrics chargés de décomposer la matière organique. Les bornes à compost sont idéales puisque, présentes un peu partout en ville, il suffit d'y apporter ses déchets alimentaires. Attention toutefois à ne pas y jeter de sacs en plastique, même biodégradables. Pour éviter les erreurs de tri, seul le papier kraft est autorisé. Les bornes sont ensuite collectées et entretenues plusieurs fois par semaine.

Lyon se montre exemplaire en la matière. En 2021, la ville expérimentait déjà dans le 7ème arrondissement les bornes à compost. À l'époque, elles avaient permis de collecter 8,5 tonnes de biodéchets par semaine. Aujourd'hui, elles se sont implantées un peu partout dans le centre-ville et dans six autres communes de la métropole. Depuis juin 2023, les bornes à compost sont désormais ouvertes aux commerçants et restaurateurs.

Dès septembre 2022, Strasbourg déployait aussi 700 bornes de collecte de biodéchets. La ville alsacienne prévoit de s'équiper de 1500 bornes au total pour permettre aux 290 000 habitants de disposer d'une solution de tri des déchets alimentaires dans les 250 mètres autour de leur logement.

Les composts partagés

Les collectivités et associations locales proposent également des composts partagés. De plus en plus répandus, les habitants sont à l'initiative de la création d'un site de compostage collectif. Dans la rue, dans un quartier, ou en bas de son immeuble, les habitants sont chargés de son bon entretien. Il demande trois bacs de compostage : un pour l'apport de matière sèche (broyats de branches et de feuilles), un pour les déchets organiques, un pour la décomposition de compost.

Soutenant les initiatives de compost partagé par des politiques publiques, les villes recensent sur Internet les sites existants. La participation des bénévoles est centrale pour la pérennité des composts partagés. La matière doit être brassée régulièrement et ils doivent ajouter des déchets organiques pour nourrir le compost. Le compost partagé est donc aussi l'occasion de créer un lien social avec ses voisins. 

En permettant un retour au sol de la matière organique, le compostage réduit de 30 % le poids de la poubelle des Français, selon UCF Que Choisir. 30 % de déchets qui ne seront pas incinérés. 

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