Le centre de Paris respire. Depuis le 5 novembre dernier, une Zone à Trafic Limité (ZTL) a été mise en place sur un périmètre de 5,5 km² en plein cœur de la capitale. Une mesure déjà expérimentée dans d’autres grandes villes européennes comme Barcelone, Milan ou Rome, et qui était un engagement de campagne de la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo. Le but : restreindre le trafic à certains types d’usagers ou de véhicules pour rendre une partie de l’espace public aux piétons et aux mobilités douces, et réduire la pollution.
Concrètement, la ZLT recouvre tout le secteur de Paris Centre, soit les quatre premiers arrondissements parisiens, à l’exclusion des Grands Boulevards au nord, des îles de la Cité et de Saint-Louis, et des quais bas et hauts de la rive droite dans le sens ouest-est. Selon la mairie, cela représente près de 131 km de voie et environ 350 000 à 550 000 passages de véhicules par jour.
Limiter la circulation de transit
Désormais, la circulation dite "de transit" est interdite dans cette zone. Autrement dit, la circulation qui ne ferait que la traverser sans s’y arrêter. "La circulation qu’on veut éviter, dans un centre de Paris très ancien, très étroit, c’est la circulation […] qui emprunte le centre de Paris comme un raccourci", explique à l’AFP Ariel Weil, le maire de Paris Centre. "C’est d’abord un endroit où se rendre quand on a quelque chose à y faire, [comme] y travailler, [ou] évidemment y habiter. Tous ces usages continueront à être permis et seront même sans doute facilités".
En plus des résidents et des travailleurs, pourront également circuler en voiture dans la ZLT les personnes y effectuant des livraisons, se rendant dans un commerce, allant chez des amis ou au cinéma, ou effectuant une intervention ou un dépannage professionnel. Et des dérogations à l’interdiction de transit seront délivrées à certains véhicules motorisés comme les véhicules de transports en commun, les taxis et VTC, ou encore les véhicules transportant des personnes en situation de handicap. La mairie précise par ailleurs que les véhicules électriques et hybrides seront soumis aux mêmes restrictions que les véhicules thermiques. Les véhicules non motorisés, eux, pourront circuler librement.
"Plus agréable pour les piétons et pour les cyclistes"
Concernant les sanctions, la municipalité prévoit une phase de pédagogie durant les six premiers mois. Ensuite, des contrôles seront effectués et les contrevenants s’exposeront à une amende de 135 €.
Face à ce nouveau dispositif, certains commerçants expriment leur inquiétude. "Ça va être une catastrophe. Ma clientèle se compose essentiellement de touristes mais le midi, j’ai beaucoup de travailleurs qui s’arrêtent normalement en voiture", s’agace le responsable d’une boulangerie, interrogé par Le Figaro. Pourtant, une étude publiée par l’Apur, l’Atelier parisien d’urbanisme, en octobre dernier démontre que seuls 3 % des clients se rendant à Paris Centre le font en voiture. "Finalement avec moins de trafic de transit, cela va être plus agréable pour les piétons et pour les cyclistes qui vont venir plus souvent consommer dans cette zone", explique à Libération Mathieu Chassignet, ingénieur spécialiste des mobilités durables.
La mairie de Paris prévoit une baisse importante des nuisances sonores, ainsi que du volume de la circulation dans les artères les plus fréquentées qui devrait diminuer de 30 % avenue de l’Opéra et de 15 % boulevard de Sébastopol, selon son étude d’impact. Avec pour conséquence, selon le groupe d’opposition Changer Paris, de reporter la circulation sur d’autres axes, ce qui ne ferait que déplacer le problème.
Pour aller plus loin : "Ecologie : gagner plus, dépenser moins"
"Cela peut être compliqué pendant quelque temps", confirme à Libération, Lucile Ramackers, consultante en mobilité urbaine. "Mais ensuite, les gens s’habituent et il y a un système d’évaporation du trafic. […] Pour les cas de Barcelone et de Londres, où ce dispositif a été mis en place à certains endroits, on constate une baisse à la fois des nuisances sonores et des émissions". Un constat partagé par Mathieu Chassignet : "Il y a forcément une petite augmentation du trafic. Mais ce seront sur des boulevards qui peuvent l’absorber. Et il ne faut pas oublier que dans ce genre de situation, une partie du trafic disparaît car les gens vont finalement se mettre à utiliser d’autres modes de déplacement".