La coopérative carbone de Paris et de la Métropole du Grand Paris va mettre en relation des entreprises et des porteurs de projet à impact environnemental.
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Finance durable

Qu'est-ce que la coopérative carbone de Paris et de la Métropole du Grand Paris ?

Inaugurée le 10 septembre dernier, la coopérative carbone de Paris et de la Métropole du Grand Paris a pour objectif d’augmenter les financements privés de la transition écologique en mettant en relation des investisseurs et des porteurs de projets. Décryptage.

Un pas de plus vers la transition écologique. Après un premier report en raison des élections législatives anticipées, la coopérative carbone de Paris et de la Métropole du Grand Paris a été officiellement lancée le 10 septembre dernier, un an après sa création. Cette société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) est la deuxième du genre en France, après celle inaugurée en 2020 à La Rochelle. Le principe : financer la transition écologique grâce à des fonds privés. "C'est une solution qui doit permettre de démultiplier les financements privés […]. C'est aussi une corde de plus à notre arc pour arriver à la neutralité carbone en 2050 et compenser les 20 % d'émissions résiduelles incompressibles sur le territoire pour atteindre cet objectif", explique aux Echos Dan Lert, adjoint à la maire de Paris chargé de la transition écologique.

Les crédits carbone, une pratique controversée

La coopérative, présidée par l’enseignante-chercheuse en droit public et Conseillère de Paris Alice Timsit, servira d’intermédiaire entre des investisseurs et des projets locaux bénéficiant du label bas carbone. Ce label, mis en place depuis 2019, certifie qu’un projet contribue à l’évitement d’émissions de gaz à effet de serre (GES) ou à l’augmentation de la capture du carbone dans des puits naturels. Mais surtout, il permet aux entreprises qui investissent dans ces projets d’obtenir des crédits carbone.

Cette pratique controversée permet aux entreprises de compenser leurs émissions de gaz à effet de serre en investissant dans des projets visant, par exemple, à préserver ou augmenter les puits de carbone naturels. Rachel Rose Jackson, responsable au sein de l’ONG Corporate Accountability, déplore auprès de l’AFP que cette technique de compensation des émissions de GES soit faite "pour permettre une poursuite du greenwashing", autrement dit des pratiques faussement écologiques sur lesquelles une entreprise communique pour améliorer son image. La Mairie de Paris affirme cependant que le mécanisme de compensation carbone de la coopérative n’est pas "une façon pour les entreprises d’effacer l’impact de leurs émissions de CO2, mais plutôt […] une manière de contribuer positivement à des projets écologiques, en plus de leurs efforts pour réduire leurs propres émissions". Pour garantir l’éthique des financeurs, la coopérative s’est d’ailleurs dotée d’une charte des valeurs.

"Un rayon de 250 km autour de Paris"

Si la Ville de Paris et la Métropole du Grand Paris sont les promoteurs principaux du projet, la coopérative rassemble également 40 sociétaires de tous horizons. On y trouve des entreprises comme Eau de Paris, Pariseine ou le bailleur social Elogie-Siemp, des financiers comme la Banque des Territoires ou le Crédit Municipal de Paris, mais aussi des porteurs de projet comme Compost Urbain ou Corecyclage.

Les projets soutenus par la coopérative sont variés et peuvent concerner la rénovation énergétique des bâtiments, la plantation d’arbres ou encore l’agriculture durable. Et son périmètre ne se limite pas à la Métropole du Grand Paris, notamment pour les projets liés à l’agriculture. "En fonction de la typologie des projets, nous travaillons sur un rayon de 250 km autour de Paris. C’est un peu plus large que la seule Ile-de-France mais cela correspond à ce que nous considérons comme le périmètre d’approvisionnement en agriculture durable", explique au Journal du Grand Paris Eric Parent, directeur général de la coopérative. Ces projets liés à l’agriculture peuvent par exemple concerner la transition d’une exploitation vers le bio, ou la réduction des émissions de méthane d'un élevage bovin. Dans les zones densément urbanisées, les projets se concentrent principalement sur le bâtiment, et notamment l’emploi de matériaux biosourcés pouvant stocker du carbone.

Au-delà des projets labellisés bas carbone, la coopérative souhaite aussi s’engager sur des projets d’adaptation au changement climatique. Mais ces projets aux effets difficiles à évaluer peinent à trouver des fonds. D’où la mise en place d’un label, Urb’Adapt, initié par la Ville et la Métropole "pour les projets d’adaptation (végétalisation, agriculture urbaine, réemploi…)" a précisé Eric Parent lors de l’inauguration de la coopérative à l’Académie du climat.