Pour décarboner le transport maritime de passagers, des compagnies proposent désormais des liaisons à la voile.
© DR/Iliens
Environnement

Tourisme durable : Des voiliers pour remplacer les ferrys et décarboner les mers ?

Pour réduire l’empreinte carbone liée aux nombreux trajets réalisés en ferrys pendant la haute saison, la compagnie Iliens a décidé de proposer aux passagers des traversées en voilier entre Quiberon et Belle-Ile-en-mer, d’avril à septembre. Zoom sur une initiative qui a le vent en poupe.  

La compagnie Iliens a vu le jour sur les côtes bretonnes en 2020.
© DR/Iliens

En cette période estivale, les ferrys vont bon train dans les ports français. Afin de satisfaire les touristes en quête de dépaysement, les compagnies maritimes multiplient les allers-retours entre le continent et les îles qui longent l’Hexagone. De nombreux trajets qui sont loin d’être sans conséquence sur l’environnement. D’après l’Agence européenne de l’environnement, les ferrys émettent environ 60 g de CO2 par km et par passager, contre 160 g en avion. Si ce type de transport est moins polluant que l’aérien, il n’en demeure pas moins responsable d’importantes émissions de gaz à effet de serre et de particules fines voire ultra-fines – néfastes pour la santé humaine.  

Forte de ce constat, la compagnie Iliens a vu le jour sur les côtes bretonnes en 2020. Sa particularité ? Relier Quiberon-Belle-Ile-en-mer à la voile. "Chaque année, de nombreux ferrys partent de Quiberon pour rejoindre Belle-Ile. On s’est demandé pourquoi personne ne proposait un service de transport de passagers plus respectueux de l’environnement. Etant donné que nous n’avons pas trouvé la réponse, nous avons décidé de proposer une alternative", raconte Jonas Duvivier, l’un des associés de la compagnie, également marin-pêcheur. 

Des obstacles réglementaires à lever

La première étape a été de trouver le navire adéquat. Une tâche pas si aisée, comme le relate le co-fondateur. "Un navire de commerce qui fait du transport de passagers est régi par tout un tas de normes à respecter, notamment en termes de sécurité. Nous avons dû trouver un bateau qui puisse répondre à toutes ces contraintes réglementaires", explique-t-il. 

Après deux années de recherche, leur choix s’est porté sur un catamaran, capable d’accueillir 80 personnes. "Notre bateau a l’agrément "Navires à Passagers". C’est ce qui le rend très rare", confie Jonas Duvivier. 

Diminuer les émissions de gaz à effet de serre 

Afin d’assurer les manoeuvres au port et un maximum de traversées en cas d’absence totale de vent, le voilier est aussi équipé d’un moteur. "On l’allume uniquement 30 % du temps. Autrement, on utilise principalement la force vélique ce qui nous permet de diminuer considérablement les émissions de gaz à effet de serre par rapport à un ferry", précise le skippeur. La saison dernière, 47 tonnes de CO2 auraient pu être évitées, selon la compagnie.  

Les voyageurs qui souhaitent expérimenter cette alternative devront toutefois faire quelques compromis, notamment en termes de temps. Il faut compter 1h30 à l’aller contre 50 minutes en ferry. Un aller-simple pour un adulte pendant la haute saison coûtera ainsi 29 euros tandis que le même trajet en ferry reviendra à 19,90 euros.  

Une initiative amenée à se développer 

Un prix légèrement plus élevé qui trouve tout de même preneur chez une clientèle sensible à l’écologie et en quête de nouvelles expériences. Depuis le lancement de la compagnie en 2021, le nombre de clients ne cesse d’augmenter, passant de 18 000 en 2022 à 19 000 en 2023. Cette année, l’équipage espère dépasser les 20 000 passagers. De quoi faire de la concurrence aux ferrys, et inspirer d’autres territoires côtiers.  

Depuis 2021, la coopérative Sailcoop propose par exemple des traversées en voilier entre Saint-Raphaël (Var) et Calvi (Corse), d’avril à octobre. Elle vient aussi d'ouvrir une nouvelle ligne entre Concarneau (Finistère) et l’archipel des Glénan. 

Selon Jonas Duvivier, cette initiative est appelée à essaimer à l’heure de l’urgence écologique. "Ce n’est pas encore la réponse idéale. Mais dans le contexte actuel, le voilier ressemble à la moins pire des solutions", lance-t-il.