Il va falloir lever le pied. Dès le 1er octobre, certaines portions du périphérique parisien seront limitées à 50 km/h, avant une généralisation de la mesure à partir du 10 octobre. Une mesure qui n’est pas nouvelle : Anne Hidalgo, maire socialiste de Paris, a rappelé au micro de RTL qu’elle travaillait sur le sujet depuis 2018. L’objectif affiché est triple : réduire la pollution de l’air, réduire les nuisances sonores pour les riverains et améliorer la sécurité routière. "C’est une mesure de santé publique pour les 500 000 personnes qui vivent aux abords du périphérique" a affirmé Anne Hidalgo dans un entretien accordé à Ouest-France.
Une baisse de la pollution atmosphérique difficilement quantifiable
En pratique, l’impact sur la pollution atmosphérique est difficile à mesurer. L’Ademe, l’agence de la transition écologique, s’est penchée sur le sujet en 2014 et a constaté que les émissions de particules polluantes des véhicules étaient importantes quand leur vitesse était haute, mais aussi quand elle était basse. "Au-dessus de 70 km/h, les réductions de vitesse ont un effet plutôt positif […]. En dessous de 70 km/h, cet effet est plutôt négatif", indique l’agence. Pour Karine Léger, directrice d’AirParif, entre 30 et 70 km/h, les changements de vitesse n’ont pas d’impact significatif sur la qualité de l’air.
L’impact de la réduction de la vitesse sur la pollution dépend en réalité de plusieurs facteurs, comme l’âge du véhicule ou la fluidité du trafic. Plus le trafic est fluide, plus la conduite est souple et donc moins le véhicule pollue. Pour l’Ademe, la baisse de la vitesse autorisée peut impacter positivement la fluidité du trafic en incitant par exemple les usagers à se reporter vers d’autres modes de mobilité, comme les transports en commun ou la pratique du covoiturage.
Une réduction du bruit et une amélioration de la sécurité routière
Concernant la pollution sonore, selon Bruitparif, l’observatoire du bruit en Ile-de-France, la limitation de la vitesse permettrait une réduction du bruit de 2 à 3 décibels pendant la nuit. Pendant la journée, l’impact serait plus limité : 0,5 à 1 décibel seulement. Pour Fanny Mietlicki, la directrice de l’observatoire, interrogée par France 3, "la réduction du bruit dépendra de la fluidité du trafic. Nous vérifierons régulièrement le volume sonore grâce à nos stations de surveillances".
Mais c’est pour la sécurité routière que l’impact semble être le plus positif. Selon le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), un choc à 70 km/h est deux fois plus violent qu’à 50 km/h. Et, en 2015, un an après l’abaissement de la vitesse maximum du périphérique à 70 km/h, la mairie de Paris faisait valoir un nombre d’accidents en baisse de 13,2%.
La région Ile-de-France opposée au projet
Bien que les effets de la mesure soient globalement positifs, elle ne pas l’unanimité, et notamment à droite. Comme l’indique l’Express, la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse regrette qu’aucune étude d’impact n’ait été réalisée. Même constat pour Valérie Montandon, conseillère Les Républicains de Paris et conseillère régionale Ile-de-France. "Prendre une décision aussi structurante sans évaluation préalable, je ne suis pas d’accord", s’agace-t-elle auprès de Ouest-France. La région a d’ailleurs voté une motion mercredi 11 septembre appelant Anne Hidalgo a renoncer à son projet.
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Le nouveau ministre délégué chargé des transports, François Durauvray, regrette, dans un communiqué commun avec la Ville de Paris "cette décision qui affectera des millions de Franciliens" mais il respecte "l’autonomie des collectivités locales, [et] prend acte de cette décision qui revient juridiquement uniquement à la maire de Paris". Et le communiqué conclut que "le ministre et la maire sont tombés d’accord sur la mise en place d’un suivi de la mesure associant le ministère des transports, la Ville de Paris et la région Ile-de France, avec un bilan complet dans un an".