À Marseille, l’association Sauvage a mis en circulation une "monnaie sauvage", qui récompense les initiatives écologiques et soutient les commerces locaux engagés.
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Cette association rémunère le ramassage des déchets en "monnaie sauvage"

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À Marseille, l’association Sauvage a mis en circulation une "monnaie sauvage", qui récompense les initiatives écologiques et soutient les commerces locaux engagés. Explications.

Depuis plusieurs décennies, la Méditerranée est submergée par la pollution plastique. Chaque année, ce sont près de 229 000 tonnes de déchets plastiques qui finissent dans ses eaux, menaçant gravement sa biodiversité. 

Mais ce qui dérive au large finit souvent par échouer sur les plages, et c’est là qu’intervient Sauvage, une association marseillaise dédiée à la protection de l’environnement. Sauvage récupère les plastiques ramassés par d’autres associations pour les transformer en objets uniques : tableaux, trophées, bijoux…

La naissance de la "monnaie sauvage" 

Cependant, pour aller plus loin dans son engagement, l'association a décidé d'innover. En plus de ses créations artistiques, Sauvage a lancé une monnaie unique, fabriquée à partir des déchets récupérés : la "monnaie sauvage". 

L’objectif était donc de créer une monnaie à partir du plastique ramassé dans la nature, et de permettre aux gens qui s'engagent dans cette démarche de l'utiliser chez des commerces partenaires.

Une initiative qui, selon Adrien Piquera, chargé de développement chez Sauvage, a pris forme naturellement. "Au départ, on s'est dit que si les déchets qu'on ramassait dans la nature avaient de la valeur, il fallait que les personnes qui nous les apportaient puissent en bénéficier. Par exemple, si quelqu'un ramenait deux kilos de plastique dur ramassé dans la nature, il pouvait recevoir entre 15 et 30 euros de réduction dans notre boutique", explique-t-il.

"Et petit à petit, est venue l'idée de créer une 'monnaie de transition', car les gens ne sont pas forcément intéressés par les produits que nous fabriquons. L’objectif était donc de créer une monnaie à partir du plastique ramassé dans la nature, et de permettre aux gens qui s'engagent dans cette démarche de l'utiliser chez des commerces partenaires."

Une monnaie locale et engagée

Sauvage a alors noué des partenariats avec une quinzaine de commerces engagés à Marseille. Ces partenaires, soucieux de l'environnement, acceptent la "monnaie sauvage" en échange de certains de leurs produits. Par exemple, les utilisateurs peuvent se procurer du fromage local, du miel bio, ou encore obtenir des réductions dans des friperies et des restaurants.

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"Notre objectif, à travers cette monnaie, c'est de récompenser l'engagement des gens pour l'environnement, tout en promouvant une consommation plus durable", précise Adrien Piquera. L’initiative séduit, car elle valorise à la fois l’action écologique des citoyens et une économie locale, sans générer de nouveaux déchets.

Des défis écologiques 

Pour obtenir de la "monnaie sauvage", plusieurs options s’offrent aux citoyens. Ils peuvent participer à des ramassages de déchets ou s'engager dans des défis écologiques organisés par des associations locales, telles que Zero Waste Marseille ou le CPIE de La Ciotat. Lorsqu’un consommateur utilise cette monnaie dans un commerce, une tirelire spécifique lui permet de choisir une association bénéficiaire parmi trois options. Pour chaque pièce dépensée, Sauvage reverse 5 euros à l'association choisie.

À ce jour, environ 900 pièces de la "monnaie sauvage" circulent à Marseille. Les associations qui organisent les ramassages jouent un rôle clé dans ce dispositif, agissant comme de véritables bureaux de change. "On leur donne des pièces qu'elles distribuent aux participants, et quand elles n'en ont plus, elles nous le font savoir", précise l'association.

Un modèle économique innovant 

Plus largement, Sauvage souhaite, à travers cette monnaie, remettre en question le modèle économique traditionnel basé sur l'exploitation des ressources naturelles. "Nous voulons montrer que de nouveaux modèles économiques sont possibles. On n'est pas obligés de suivre une vision extractiviste de l'économie", affirme-t-il.