Ces dernières années, un terme est devenu quasi incontournable dans le débat public, à tel point qu’il a fait son entrée dans le dictionnaire. Il s’agit du mot "surtourisme", caractérisé dans l'édition 2025 du Petit Robert, par "une présence touristique perçue comme excessive et nuisible", notamment sur l’environnement.
D’après l’Organisation mondiale du tourisme, 95 % des touristes mondiaux visiteraient moins de 5 % des terres émergées, et qu’en France, 80 % de l’activité touristique serait aujourd’hui concentrée sur 20 % du territoire.
Afin de limiter la saturation de certains sites, des initiatives voient le jour. En France, certains lieux touristiques ont par exemple instauré des quotas, comme l’île de Porquerolles qui limite depuis 2021 le nombre de visiteurs à 6 000 durant l’été. En Italie, Venise a, quant à elle, fait le choix d’une taxe. Depuis 2023, les visiteurs à la journée doivent débourser cinq euros pour découvrir la "Sérénissime".
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Un outil "d’aide à la décision"
Certains professionnels du secteur emboîtent également le pas. Spécialisé dans le tourisme durable, l’agence Evaneos a par exemple décidé d’arrêter de commercialiser des circuits à Mykonos et Santorin, en Grèce, en été. Cette mesure drastique a été "prise en concertation avec les agences locales et sur la base du premier index du surtourisme qui classe ces destinations comme particulièrement à risque", fait savoir l’agence.
Dévoilé le 10 septembre dernier, cet index est présenté comme un "outil d’aide à la décision pour les acteurs du tourisme". "Nous l’avons construit à partir de données issues d’un échantillon de 70 destinations touristiques parmi les 100 principales dans le monde en termes d’affluence, de réception de touristes", précise Laurent de Chorivit, co-CEO d’Evaneos. Chaque destination est notée de 1 à 5 selon leur degré d’exposition au surtourisme, qui est mesuré à partir de quatre critères : la densité de touristes par habitant et au km2, la saisonnalité, et la maturité en matière de durabilité.
Proposer des solutions
Ainsi, on retrouve Chypre, Bali, la Grèce ou encore Malte parmi les destinations "à risque". L’index met également en lumière les destinations "à surveiller", avec en tête la Tunisie, les Emirats-arabes-unis et le Costa Rica, mais aussi celles encore préservées du surtourisme, à l’image du Japon, de la Pologne, la Suède et la Norvège.
Si cette première version permet de mieux identifier les zones géographiques où les flux touristiques sont les plus élevés, elle reste perfectible, selon l’agence Evaneos. "L’indice actuel est calculé au niveau national alors que le surtourisme devrait également être appréhendé à un niveau plus local", admet-elle.
Autre limite : la méthodologie de calcul qui peut "sous-estimer ou surestimer le surtourisme dans les pays avec des points d’intérêt très spécifiques".
Pour l’agence Evaneos, la prochaine étape consiste donc à décliner l’indice à un niveau "plus granulaire". "Nous voulons également proposer des solutions à destination de l'ensemble des acteurs du secteur mais aussi des pouvoirs publics des régions qui accueillent les touristes", complète Laurent de Chorivit. Parmi celles déjà promues par l’agence : la mise en avant de destinations moins populaires, d’activités "slow travel", comme les randonnées, le vélo ou les voyages en train, ou encore la création d’itinéraires hors saison.
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