Des chercheurs ont imaginé un système de chauffage solaire "moléculaire".
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Pour stocker l’énergie solaire, des chercheurs misent sur la chimie moléculaire

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Des chimistes du CNRS et de l’ENS Paris-Saclay ont expérimenté un système de stockage et de restitution d’énergie solaire à partir de l'utilisation de molécules photochromes. Une illustration des innovations qui émergent aujourd’hui pour développer l’énergie solaire – l'un des leviers de la décarbonation. Eclairage. 

Chauffer les bâtiments de demain grâce à la chimie moléculaire, c’est le pari d'une équipe de scientifiques du CNRS et de l’ENS Paris-Saclay. Le 25 septembre dernier, ils ont présenté leurs travaux dans une étude publiée dans la revue Chemical Science

Les chercheurs y expliquent avoir découvert un mécanisme qui permet aux molécules photochromes – capables de stocker l’énergie solaire, de transformer celle-ci sous forme thermique. 

"Grâce à l’ajout d’une très faible quantité d’acide, les chimistes sont ainsi parvenus à contrôler de manière efficace ce processus réversible de restitution de chaleur. Ces molécules, très résistantes à la lumière, forment une famille de commutateurs photosensibles originale pour stocker l’énergie solaire sous forme chimique et pour la transformer 'à la demande' en énergie thermique", détaille le CNRS dans un article publié le 25 septembre sur son site.  

De plus en plus d’investissements vers le solaire 

De quoi ouvrir la voie pour l’élaboration de systèmes de stockage d’énergie renouvelable plus respectueux de l’environnement. Les scientifiques planchent notamment pour des applications destinées au chauffage des bâtiments d’ici dix à quinze ans. 

Ces dernières années, de nombreuses innovations ont vu le jour en matière d’énergie solaire, dans le thermique mais aussi le photovoltaïque - utilisé pour la production d’électricité décarbonée. 

En France, cette filière connait une croissance notable. La puissance installée s’élevait à 3,2 GW en 2023 contre 2,7 GW en 2022, d’après les derniers chiffres du ministère de l’Economie. 

D’ici 2030, le gouvernement compte atteindre 6 GW par an. Pour y parvenir, une série de mesures, visant à renforcer le déploiement des panneaux solaires sur le territoire ainsi que son industrialisation, a été dévoilée le 5 avril dernier. 

Parmi celles-ci : le soutien financier à 92 lauréats et 90 projets, "équivalant à 1,3 GW de nouvelles capacités photovoltaïques de puissance importante" mais aussi l’accélération de la mise à disposition de fonciers pour le déploiement du solaire. 

Vers "une transition hors des énergies fossiles" ?

La France ne fait pas figure d’exception. Aux quatre coins du monde, les investissements pour le solaire photovoltaïque ne cessent d’augmenter. Selon l’Agence internationale de l’Energie (AIE), les investissements mondiaux pourraient "atteindre 500 milliards d’euros en 2024", soit plus que toutes les autres sources d’énergie. 

Cela ne signifie toutefois pas que ceux consacrés aux énergies fossiles diminuent. Dans son rapport publié en juin dernier, l’AIE indique que les investissements dans le pétrole et le gaz pourraient même augmenter de 7 % cette année. 

Un mauvais signal pour "une transition hors des énergies fossiles” – l'un des vœux formulés par 200 pays lors la COP28, à Dubaï, en 2023.  

L’accord trouvé, le 24 novembre dernier, lors de la COP29, à Bakou, ne présage non plus rien de bon. Aucune mention explicite pour un abandon progressif n’apparait dans les principaux textes.