La relation des Français à la mort et aux obsèques a profondément changé au fil des décennies. La crémation, qui était perçue comme une pratique marginale – seuls 20 % des Français l’envisageaient pour leurs obsèques en 1979 – est désormais largement répandue, au point de devenir aujourd'hui le choix privilégié par la moitié de la population (50%).
Une évolution des mœurs qui s’explique par plusieurs facteurs. La crémation, qui nécessite moins d'entretien que l'inhumation (entretien, gestion, coûts, etc.) présente également un avantage écologique, étant moins polluante. Selon les estimations, cette pratique génère environ 10 % d'émissions polluantes en moins que l’inhumation.
Vers des pratiques funéraires plus écologiques
Ainsi, le secteur funéraire est lui aussi de plus en plus concerné par ces préoccupations environnementales. D’ailleurs, si la crémation a connu une nette progression, d’autres pratiques alternatives, plus écologiques, commencent à se faire une place dans le paysage funéraire. Parmi celles-ci, la promession, l’aquamation et la terramation suscitent l’intérêt, bien que, pour l’instant, ces rites funéraires ne soient pas encore légalisés en France.
Les familles se tournent vers nos monuments parce qu'ils sont plus chaleureux et vivants que le granit, souvent jugé trop froid et impersonnel.
En attendant que ces alternatives soient autorisées, certaines structures, comme Lodela, lancent déjà des projets alliant respect de l’environnement et préservation des traditions, en proposant des solutions pour rendre les cimetières plus végétalisés.
Quand le végétal s’invite dans les cimetières
L’histoire de Lodela débute en 2015, lorsqu’un couple endeuillé par la perte prématurée de leur enfant se tourne vers Frédéric Perment, designer paysagiste, avec une demande particulière : celle d’une "tombe vivante", naturelle et chaleureuse. Cette requête, touchante et singulière, inspire alors la création de l’entreprise, quelques années plus tard, en collaboration avec Jérôme Clergeau. Et l’ambition des deux hommes est claire : proposer aux familles une alternative plus humaine aux sépultures traditionnelles
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"Les familles se tournent vers nos monuments parce qu'ils sont plus chaleureux et vivants que le granit, souvent jugé trop froid et impersonnel. Dans un cadre où c’est principalement la pierre qui domine, elles cherchent un hommage plus naturel et apaisant. Et le végétal apporte justement cette douceur et cette vie."
Allier nature et matériaux durables
Lodela propose deux types de produits. Le premier est une sépulture constituée d’un bac en acier Corten, un matériau solide et recyclable, dans lequel sont placées des billes d’argile pour favoriser la rétention d’eau. Un feutre géotextile et un support de culture permettent d’y installer du sedum, une plante peu exigeante, résistante à la chaleur et à la sécheresse. Selon les saisons, le sedum présente un feuillage qui varie entre le vert et le rouge.
Le second produit est un columbarium, dont la base combine minéral et acier Corten, tout en intégrant une dimension végétale. Pour les portes, plusieurs options sont proposées, allant du Corten au grès cérame, en passant par des matériaux plus légers et translucides comme le PVC ou le plexiglas.
Un impact positif sur la biodiversité
Loin de se limiter à un aspect esthétique, Lodela met un accent particulier sur l’impact environnemental de ses produits. Jérôme Clergeau souligne : "Intégrer du végétal dans les cimetières permet d’apporter fraîcheur et esthétisme. Certes, une sépulture ne crée pas à elle seule une véritable zone verte, mais elle contribue à ramener du vivant. En fleurissant, ces plantes attirent les insectes pollinisateurs et favorisent la biodiversité au sein même de nos supports de culture."
Dans cette optique, l’entreprise entend bien contribuer de manière importante à la végétalisation des parcs et cimetières. "De plus en plus de mairies nous contactent pour la création de nouveaux cimetières ou l’aménagement d’espaces existants, dans l’objectif de les rendre plus verts. Elles souhaitent des lieux qui ressemblent davantage à des parcs, avec des arbres, des bancs et des espaces accessibles au public. Cela permet d’offrir aux habitants un lieu de recueillement vivant, moins sombre et froid, tout en étant bénéfique pour la ville."