Selon le rapport Global E-waste monitor des Nations Unies, 1,362 millions de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) ont été produits dans l’Hexagone en 2019, soit 21 kg par personne, bien au-delà de la moyenne mondiale, à 7,3 kilos par personne. Cet écart comparé aux autres pays peut s'expliquer par les prix des réparations comparés aux neufs, jugés peu incitatifs par les Français.
D'après l’Ademe, 54% des Français choisissent de remplacer un produit tombé en panne plutôt que de le réparer. Plus de la moitié des Français perçoivent les prix de la réparation comme plus élevé que celui du neuf. YouGov, dans un sondage pour l’enseigne de réparation mobile Save en décembre 2022, révèle que 8 Français sur 10 se disent prêts à réparer leur smartphone si une aide financière leur est apportée, et que 29% d’entre eux ont renoncé à la réparation, trouvant les coûts trop élevés. Pour inciter les Français à faire réparer leurs appareils électroniques, le gouvernement a mis en place le bonus réparation, le 15 décembre 2022.
Une aide de 10 à 45 euros
Prévue par la loi AGEC, la mesure permet de diminuer la facture de la réparation de 10 à 45 euros, à condition qu’elle soit effectuée chez un professionnel labellisé QualiRépar. 410 millions d’euros de bonus doivent être alloués entre 2022 et 2027, financés par "l’éco-contribution", incluse dans le prix d’achat d’un appareil neuf.
Quatre mois après son lancement, Ecosystem, l’un des éco-organismes en charge de la filière DEEE, dresse le bilan. Depuis le début de l’année 2023, il compte 21 000 réparations, soit 500 000 € de prise en charge par l’enveloppe gouvernementale. Les lave-linges et lave-vaisselles sont les appareils les plus réparés avec le bonus. Un bilan "positif" pour l’éco-organisme, qui estime avoir évité l’émission de 1,25 millions de tonnes CO2e grâce à ses actions de réparation et de réemploi.
Inciter davantage à la réparation
Un bilan jugé au contraire "pas à la hauteur des attentes" selon le ministère de la Transition écologique. Dans un communiqué publié le 20 avril, son ministre Christophe Béchu et la secrétaire d’Etat chargé de l’écologie Bérangère Couillard rappellent que "62 millions d’euros restent disponibles cette année pour financer la réparation". Ils appellent de fait les acteurs de la réparation à se concerter pour faire évoluer le dispositif.
Dans la foulée, Bérangère Couillard annonce vouloir multiplier par deux le bonus, selon des propos rapportés par l’AFP. L’aide financière passerait de 10 à 20 euros pour les petits appareils et jusqu’à 90 euros pour les ordinateurs. Le bonus serait, toujours d’après la ministre, élargi à de nouvelles prestations comme l'échange de vitre cassée sur les téléphones. La secrétaire d’Etat espère que ces annonces inciteront les Français à privilégier la réparation.
Autre aspect critiqué du bonus, le manque de partenaires labellisés. Si leur nombre a triplé entre décembre et mars, passant de 500 à 1 220, et devrait encore doubler d’ici la fin de l’année selon les prévisions d’Ecosystem, l’objectif du ministère de 4000 sites de réparation ne sera pas atteint. Les enseignes de grande distribution ne proposent pour la plupart pas encore le bonus. Bérangère Couillard menace d’ "obliger par arrêté dès cet été" les récalcitrants, nommant la Fnac, Darty, ou Apple.
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