Les voies réservées au covoiturage débarquent à Paris. Hérités des Jeux olympiques et paralympiques, durant lesquels des voies réservées aux véhicules accrédités avaient été aménagées, ces nouveaux couloirs seront effectifs à partir du 3 mars dans la capitale.
3 axes sont concernés en Île-de-France : le boulevard périphérique, de Porte de Sèvres à Porte de Bercy en passant par le nord, ainsi que les autoroutes A13 et A1. La dernière partie du périphérique, le "Bouclage Sud", sera ajoutée au dispositif courant 2025. Son arrivée plus tardive dans le projet s’explique par l’absence de voie réservée lors des JO sur cette portion du périphérique.
En jaune : le "Bouclage Sud", effectif courant 2025
En rouge : l'A1 et l'A13, effectives dès le 3 mars
Lutter contre la pollution
Selon la ville de Paris, "la voiture individuelle représente à elle seule 15 % des émissions de gaz à effet de serre en France". Réserver des voies aux personnes pratiquant le covoiturage sur des axes régulièrement encombrés permettrait de "récompenser" les adeptes de cette pratique et donc de l’encourager.
On compte aujourd’hui en France 1,24 personne par véhicule, soit en moyenne 80 % des usagers qui pratiquent l’autosolisme, le fait d’avoir une utilisation exclusivement personnelle de son véhicule. Ce chiffre passe à 1,1 personne par véhicule si on ne considère que les trajets domicile-travail.
La ville de Paris rappelle que "le périphérique est l’espace le plus pollué de la capitale. Le nombre de particules ultrafines y est 2 à 2,5 fois supérieur aux taux observés sur les sites urbains de la capitale." Si les voies réservées au covoiturage portent leur fruit, c’est la qualité de vie de 550 000 riverains qui s’améliorerait.
Des dispositifs similaires dans d’autres villes françaises
Ces mesures ne sont toutefois pas innovantes. De nombreuses villes françaises ont déjà installé des initiatives similaires. Il s’agit de Lyon, Grenoble, Lille, Strasbourg, Rennes, Nantes, Aubagne, dans la métropole Aix-Marseille, et Bordeaux.
Ces villes ont eu l’occasion de tester les réglementations concrètes devant être mises en place pour le bon fonctionnement de la mesure. Un nouveau panneau a par exemple dû être créé pour reconnaître ces voies spécifiques et c’est le losange blanc sur fond bleu qui a été retenu.
Pour aller plus loin : “Slow Life : mode d’emploi pour ralentir”
Il arrive également que certaines voies réservées au covoiturage en France ne le soient pas à tous les horaires. À Paris, ces voies seront réservées au covoiturage uniquement lors des heures de pointe, entre 8h et 10h30 le matin et entre 16h et 20h le soir. Dans ces cas-là, l’activation des voies sera signalée par des panneaux lumineux, reprenant le même losange, allumé ou éteint selon l’heure.
Par ailleurs, le système de radar a été perfectionné dans des villes comme Strasbourg ou Lyon, précurseurs de ce dispositif. Dans ces villes, des radars ont d’abord été installés à but préventif, lors d’une phase dite "de pédagogie". Concrètement, cela signifie que les automobilistes qui ne respectaient pas les interdictions n’étaient pas verbalisés. Cette phase de pédagogie est aujourd’hui terminée à Strasbourg, Rennes, Lyon et Nantes mais a inspiré Paris, qui la mettra en place pendant un an.
IA et radars
Si les radars ne sont pas utilisés à Paris dans un premier temps, ils n’en sont pas moins sophistiqués. Les "radars de covoiturage" photographient la plaque d’immatriculation de la voiture et capturent des images 3D du véhicule à l’aide de plusieurs caméras. Ces images seront ensuite analysées par un logiciel d’intelligence artificielle afin de déterminer combien de passagers se trouvent à bord. Un agent de police vérifie ensuite les résultats de l’IA.
Enfin, des capteurs infrarouges, capables de détecter la chaleur humaine, viennent compléter ces radars. Ils permettent d’éviter les fraudes en utilisant un mannequin ou tout autre objet qui pourrait être confondu avec un second passager. Rappelons que toute voiture comptant au moins deux passagers, bébé compris, est considérée comme pratiquant du covoiturage.