Contrairement aux idées reçues, supprimer ses mails peut avoir plus d'impact que de les stocker.
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Société

Pourquoi un mail pollue-t-il ?

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Depuis son invention il y a maintenant cinquante-deux ans, l’e-mail a bouleversé nos modes de communication à tel point qu’il est devenu difficile de s’en passer. Cette dépendance n’est toutefois pas sans conséquence sur l’environnement, comme nous l’explique Frédéric Bordage, fondateur du collectif Green IT et co-initiateur de NegaOctet, un référentiel d’évaluation et de réduction des impacts environnementaux des services numériques.  

333 milliards. C’est le nombre de mails (hors spams) envoyés chaque jour dans le monde en 2022, selon le cabinet d’analyse Radicati Group. Ce chiffre devrait dépasser 392 milliards en 2026. Inventé en 1971 par l’ingénieur américain Raymond Tomlinson, l’e-mail a rapidement envahi nos vies personnelles mais surtout professionnelles. Selon une récente étude menée par l’Observatoire de l’infobésité et de la collaboration numérique (OICN), un salarié reçoit en moyenne 144 mails par semaine. De quoi donner le vertige, d’autant plus lorsque l’on sait qu’un courriel a un coût écologique important. Quel est-il concrètement ? Eléments de réponse avec Frédéric Bordage, fondateur du collectif Green IT et du consortium NegaOctet, qui a notamment menée une étude pour l’ADEME.  

Quelle est l’empreinte carbone d’un mail ? 

Cela dépend des usages : la taille du mail, le nombre de destinataires, l’ajout de pièces jointes ou non...A titre d’exemple, si j’envoie un mail sans pièces attachées à un destinataire unique depuis un smartphone, je vais émettre 3,5 g eq CO2, soit environ 23,8 mètres en voitures.

On parle beaucoup des émissions de gaz à effet de serre mais ce n’est pas le plus important. A l’échelle du numérique en France, cela représente 11 % des impacts du numérique."

Envoyer un mail a aussi des conséquences en termes de potentiel d’épuisement des ressources abiotiques (52 %) et de radiations ionisantes ayant un impact sanitaire sur la faune et la flore, dont les êtres humains (28 %). Pour réaliser ces calculs, nous nous sommes appuyés sur les recommandations des scientifiques indépendants de la Commission européenne. Nous avons également pris en compte l’analyse du cycle de vie : fabrication, distribution, utilisation et fin de vie.  

Que se passe-t-il entre le moment où l’on écrit un mail et sa réception ? 

Pour pouvoir lire un mail, vous passez du temps sur un ordinateur pour l’écrire. Il y a donc des impacts liés à la fabrication du matériel, à l’alimentation en électricité...Ensuite quand vous cliquez sur "envoyer", ce mail est distribué sur les serveurs de Microsoft, de Google ou bien de votre entreprise. Ce serveur va alors dialoguer avec celui de votre fournisseur d’accès à Internet, chargé de vous alerter quand vous avez un nouveau courriel. Une fois téléchargé, votre courrier électronique va être stocké sur votre disque dur mais aussi sur ceux des mails provider. Toutes ces étapes consomment beaucoup d’énergie. 

Qu’est-ce qui consomme le plus ? 

Les deux sources d’impact les plus importantes vont être le temps d’écriture du mail et celui du transport.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le stockage pèse dans une moindre mesure dans la balance."

Si j’envoie un mail à cinq personnes, ce qui va coûter, ça va être principalement le temps de lecture, ensuite le temps d’écriture (selon la taille du mail), le transport et enfin le stockage. L'idée, largement véhiculée dans les médias, de supprimer ses mails a donc peu d’intérêt. Cela peut même être contre-productif puisque l’on va passer du temps derrière son ordinateur pour les effacer manuellement. 

Comment diminuer son impact ? 

Le premier réflexe à adopter est d’éviter d’envoyer des mails. Pour réduire la voilure, on peut par exemple se fixer plusieurs moments dans la journée où l’on s’autorise à consulter ses courriels pendant une demi-heure. Le reste du temps, il faudrait s’interdire d’en lire et d’en écrire. Ce changement d’habitude va nous obliger à synthétiser nos propos, à être plus rapide et efficace dans le traitement. Au lieu de traiter au fil de l’eau des dizaines voire des centaines de mails tous les jours, on redevient le maître de cet outil. Le deuxième geste clé est de diminuer voire éviter l’envoi de pièces jointes qui ont un lourd impact. 

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